Environnement : pour 45 députés, la censure, c'est l'information !
À propos d'une tribune publiée dans Ouest-France
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Ouest-France a publié une tribune endossée par 45 députés appelant à « protéger le droit à l’information » par – nous exagérons à peine – la censure. George Orwell a fait son entrée à l'Assemblée Nationale, majoritairement par des socialistes et des écologistes.
Le 6 septembre 2025, Ouest-France – ce journal largement subventionné (6,9 millions d'euros) qui s'est doté d'une « charte pour un journalisme au niveau de l’enjeu écologique » (notre analyse ici) – a ouvert ses colonnes au député socialiste Stéphane Delautrette et 44 co-signataires d'une tribune sous le titre : « TRIBUNE. Désinformation climatique : plus de 40 députés appellent à légiférer ».
En chapô :
« Dans une tribune publiée en exclusivité par Ouest-France, une quarantaine de députés appellent à "protéger le droit à l’information". "Face à la dégradation du débat public, le législateur doit prendre sa part pour préserver un socle de réalité commun", intiment ces élus dans une tribune soutenue par l’association QuotaClimat, qui milite pour mettre la crise écologique à l’agenda médiatique. »
L'essentiel est dit, mais – « pour protéger le droit à l'information »... – il convient de citer le texte exact de la conclusion de cette tribune sans doute plus que « soutenue » par QuotaClimat :
« Parce que la vigilance passive ne suffit plus pour protéger le droit à l’information, l’heure est venue pour le législateur d’agir, en :
- Incitant les médias à définir des standards partagés pour le traitement des enjeux environnementaux.
- Protégeant le droit à une information fiable, condition première d’un débat public éclairé et d’une démocratie résiliente.
- Dotant l’Arcom de compétences adaptées pour répondre de manière efficace et proportionnée à la désinformation climatique. »
Que c'est dit en termes délicats !
Ce n'est pas hardi de résumer ça par un seul mot : censure !
La liste des promoteurs de cette importante « évolution » civilisationnelle – certes nominalement limitée aux seules questions climatiques – mérite d'être reproduite (c'est nous qui la découpons et graissons) :
« Stéphane Delautrette, député de la Haute-Vienne (Socialistes). Cosignataires : Fatiha Keloua Hachi, députée de Seine-Saint-Denis, présidente de la commission des Affaires culturelles et de l’éducation (Socialistes) ; Fabrice Barusseau, député de Charente-Maritime ; Mickaël Bouloux, député d’Ille-et-Vilaine ; Pierrick Courbon, député de la Loire ; Alain David, député de la Gironde ; Fanny Dombre Coste, députée de l’Hérault ; Iñaki Echaniz, député des Pyrénées-Atlantiques ; Denis Fégné, député des Hautes-Pyrénées ; Pascale Got, députée de la Gironde ; Emmanuel Grégoire, député de Paris ; Ayda Hadizadeh, députée du Val-d’Oise ; Chantal Jourdan, députée de l’Orne ; Estelle Mercier, députée de Meurthe-et-Moselle ; Marc Pena, député des Bouches-du-Rhône ; Christine Pirès Beaune, députée du Puy-de-Dôme ; Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle ; Claudia Rouaux, députée d’Ille-et-Vilaine ; Sandrine Runel, députée du Rhône ; Isabelle Santiago, députée du Val-de-Marne ; Céline Thiébault-Martinez, députée de la Seine-et-Marne, [ce nom a sans doute sauté] député du Nord ; Arthur Delaporte, député du Calvados ; Paul Christophle, député de la Drôme ; Pierre Pribetich, député de la Côte-d’Or ; Joël Aviragnet, député de la Haute-Garonne ; Christophe Proença, député du Lot ; Océane Godard, députée de la Côte-d’Or ; Thierry Sother, député du Bas-Rhin ; Mélanie Thomin, députée du Finistère ; Philippe Naillet, député de la Réunion ;
Delphine Lingemann, députée du Puy-de-Dôme (Les Démocrates) ; Hubert Ott, député du Haut-Rhin ;
Édouard Bénard, député de Seine-Maritime (Gauche démocrate et républicaine) ;
Sandrine Le Feur, députée du Finistère, présidente de la commission du Développements durable et de l’aménagement du territoire (Ensemble pour la République) ; Denis Masséglia, député du Maine-et-Loire ; Guillaume Gouffier Valente, député du Val-de-Marne ;
Constance de Pelichy, députée du Loiret (Libertés, Outre-mer, Indépendants et Territoires) ;
Pouria Amirshahi, député de Paris (Écologiste et Social) ; Nicolas Bonnet, député du Puy-de-Dôme ; Marie Pochon, députée de la Drôme ; Jean-Claude Raux, député de Loire-Atlantique ; Éva Sas, députée de Paris ; Dominique Voynet, députée du Doubs ;
Anne-Cécile Violland, députée de Haute-Savoie (Horizons). »
Une tribune, donc, par 45 député.e.s qui auraient pu s'abstenir de cette manifestation de bien-pensance, étant investi.e.s du droit de dépasser la « vigilance passive » par le dépôt d'une proposition de loi...
Bien-pensance ? Nous ne sommes pas loin du Miniver, du ministère de la vérité de George Orwell !
En particulier avec une ARCOM qui devrait être dotée de « compétences adaptées pour répondre de manière efficace et proportionnée à la désinformation climatique » selon l'Honorable Delautrette et ses collègues – l'usage d'une formule de courtoisie britannique s'impose ici en hommage à George Orwell.
Cette tribune nous offre du reste des indications sur les dérives auxquelles l'Honorable Delautrette et ses collègues souscrivent.
Une analyse détaillée de la bouillie pour les chats nous mènerait trop loin (la loi de Brandolini...), mais voici deux exemples :
« […] Car la désinformation régnant autour de l’acétamipride n’est pas un cas isolé. Lors de la panne électrique en Espagne et au Portugal, en avril dernier, plusieurs chaînes d’information ont relayé sans preuve des accusations visant les énergies renouvelables. L’absence de contradiction journalistique a produit un effet de vérité illusoire, jetant le doute sur leur efficacité en termes de transition énergétique. »
Il aurait donc fallu garder le silence sur les hypothèses faites de bonne foi en Espagne sur la base d'éléments au minimum crédibles quant à l'origine du blackout... Il serait interdit de jeter le doute sur l'efficacité des ENR en termes de transition énergétique...
L'acétamipride ? Dans le traitement médiatique de la proposition de loi Duplomb, on aurait mis en doute les « études attestant de la toxicité du pesticide » et valorisé l’avis de l’EFSA au détriment de ceux de l’ANSES, de l’INSERM, de l’INRAE, de l’IFREMER ou encore de l’IBPES. Problème : ces derniers avis portent sur les pesticides en général, ou des pesticides autres que l'acétamipride.
Il y a aussi :
« […] nous ne pouvons accepter que la discussion publique se structure autour d’affirmations fausses, vérifiables et non contredites, telles que : "L’acétamipride est autorisé partout en Europe car elle n’a pas été jugée par les scientifiques européens comme dangereuse pour l’environnement et la santé humaine" (Annie Genevard sur TF1, 30 juin). »
Ah ! Où sont les affirmations fausses de Mme Annie Genevard ?
Mais c'est le début de cette citation qui doit nous interpeller :
« ...nous ne pouvons accepter... »
Au secours ! George Orwell revient !
Mais c'est peut-être aussi la trumpisation de la société française.
Le pire : cette inquiétante dérive ne semble pas émouvoir grand monde.
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