Blackout, guerre, pandémie : l'Allemagne dispose-t-elle de suffisamment de céréales en cas d'urgence ?

Blackout, guerre, pandémie : l'Allemagne dispose-t-elle de suffisamment de céréales en cas d'urgence ?

Anna-Maria Buchmann, AGRARHEUTE*

© stock.adobe.com/davidjancik

En cas de blackout ou d'autres situations de crise perturbant l'approvisionnement alimentaire, l'Allemagne dispose d'une réserve d'urgence.

Que ce soit en cas de guerre, de blackout ou de pandémie, l'Allemagne dispose d'une réserve alimentaire pour les situations d'urgence. Mais combien de temps ces réserves suffiront-elles à nourrir la population ?

Que se passe-t-il réellement en cas d'incident ? Supposons que notre approvisionnement alimentaire soit interrompu par une guerre, une catastrophe naturelle, une pandémie ou une panne d'électricité massive. Les importations sont perturbées et, dans le même temps, la production nationale est insuffisante. Les gens paniquent, les denrées alimentaires sont stockées. Les rayons sont vides. Que reste-t-il alors pour approvisionner la population en cas d'urgence ? Certains pays disposent de réserves d'urgence pour faire face à de telles situations. Celles-ci ne sont en aucun cas destinées à nourrir la population à long terme, mais à combler les pénuries critiques pendant une courte période. Jusqu'à ce que tout fonctionne à nouveau.

L'Allemagne dispose d'une telle réserve alimentaire, dont la gestion est confiée à l'Office Fédéral de l'Agriculture et de l'Alimentation (BLE) pour le compte du ministère fédéral de l'Agriculture. Mais elle n'est pas très importante par rapport à notre consommation annuelle. Combien de temps la réserve d'urgence allemande peut-elle durer ?

Pour les cas d'urgence : quelle quantité de céréales l'Allemagne a-t-elle stockée ?

La réserve d'urgence allemande se compose de la « réserve civile d'urgence » (ZNR), qui comprend du riz, des légumineuses et du lait condensé, et de la « réserve fédérale de céréales » (BuRe). Les autorités compétentes ne souhaitent pas divulguer la quantité exacte qu'elle contient. Pour des raisons de confidentialité, a déclaré la BLE à l'agence de presse AGRA Europe.

Une question écrite posée en mars 2022 par M. Stephan Protschka, porte-parole de l'AfD pour l'agriculture, à l'ancien gouvernement de coalition apporte un éclairage sur la question. Selon la réponse donnée à l'époque par le gouvernement fédéral, à la date du 31 décembre 2021, les quelque 300 entrepôts BuRe du pays stockaient 582.000 tonnes de blé tendre, 56.000 tonnes d'avoine et 67.000 tonnes de seigle. Cela représente un total de 705.000 tonnes de céréales. À titre de comparaison, 8,7 millions de tonnes de céréales sont utilisées chaque année à des fins alimentaires en Allemagne.

La réserve civile d'urgence permet de mobiliser environ 126.000 tonnes supplémentaires de riz et de légumineuses, réparties en 52.000 tonnes de riz à grains longs, 31.000 tonnes de riz à grains moyens, 24.000 tonnes de pois et 18.000 tonnes de lentilles. En outre, environ 5.000 tonnes de lait condensé étaient stockées chez les fabricants concernés.

Mais combien de temps cela permettra-t-il d'approvisionner la population allemande ? Un tel calcul est complexe et dépend de nombreux facteurs. Un calcul approximatif pourrait se présenter comme suit : selon Destatis, fin 2021, l'Allemagne comptait quelque 83,2 millions d'habitants. C'est à cette même période qu'étaient stockées les réserves susmentionnées.

Combien de temps les réserves d'urgence allemandes peuvent-elles durer ?

Après avoir calculé les besoins énergétiques de la population pour une journée et la teneur énergétique totale de la réserve d'urgence, en supposant 5 % de pertes, on arrive à la conclusion que les réserves de l'époque auraient pu nourrir l'ensemble de la population allemande pendant 16 jours. Toutefois, cela suppose que les personnes ne soient exposées qu'à une faible activité physique ou qu'elles souffrent d'un déficit calorique et qu'elles se nourrissent exclusivement des réserves d'urgence. Avec un niveau d'activité moyen, les réserves auraient suffi pour un peu moins de 14 jours, et avec un niveau d'activité élevé, pour 12,4 jours.

Si seulement 50 % des besoins énergétiques devaient être couverts par la réserve d'urgence, celle-ci aurait donc duré environ 32 jours. Si 30 % de l'apport énergétique nécessaire à l'alimentation de la population provenait de la réserve, celle-ci aurait suffi pour 53,5 jours.

Et que se passe-t-il si la pénurie d'approvisionnement n'est que régionale ? Actuellement, la réserve de 2021 pourrait nourrir la ville de Berlin à elle seule pendant environ 343 jours. Cela représente presque une année entière, sans autres réserves.

Mais ce n'est que de la théorie. Dans la pratique, de nombreux facteurs entrent en jeu, de la question de la transformation à la manière dont les réserves doivent être distribuées à l'ensemble de la population en cas d'urgence. Sans oublier que chaque individu est tenu de constituer lui-même une certaine réserve de denrées alimentaires.

Denrées alimentaires pour les périodes de crise : la Norvège prévoit une importante réserve d'urgence

Mais l'Allemagne n'est pas le seul pays à s'être préparé aux crises. Récemment, la Norvège a également commencé à constituer une réserve nationale de crise. D'ici 2029, le pays prévoit de stocker environ 82.500 tonnes de blé panifiable. Selon les informations fournies par le ministère norvégien de l'Agriculture, cela correspond aux besoins trimestriels des boulangeries, de l'industrie et des ménages en Norvège.

À titre de comparaison, la Norvège disposerait alors d'une réserve de blé de 14,9 kg par habitant (situation en 2024), tandis que l'Allemagne avait stocké près de 7 kg de blé par habitant en 2021, soit environ la moitié. Mais elle dispose également d'autres céréales et légumineuses. Si l'on ajoute les autres céréales, cela représente près de 8,5 kg de céréales par habitant.

La constitution de la réserve nationale avait déjà commencé en Norvège à l'automne 2024. À la fin de l'année, les 15.000 premières tonnes de céréales avaient été stockées comme prévu. Jusqu'à ce que la quantité cible soit atteinte, 15.000 tonnes supplémentaires doivent désormais être stockées chaque année. Comme l'État nordique ne dispose pas lui-même de silos à céréales, les services de stockage sont achetés auprès de négociants en céréales et de moulins. Selon le ministère de l'Agriculture, la durée des contrats est de 25 ans. Dès que les plans du gouvernement ont été rendus publics, l'association des agriculteurs norvégiens a salué ces investissements comme « importants et judicieux ».

Dans le pays voisin, la Suède, l'association des agriculteurs (LRF) a profité de la récolte de céréales qui devrait être supérieure à la moyenne pour réitérer sa demande de constituer des réserves d'urgence nationales. L'association réclame cela depuis longtemps.

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* Rédactrice junior cross-media.

Anna-Maria Buchmann travaille depuis mars 2024 comme jeune rédactrice dans les rubriques « Marché et prix », « Exploitation et gestion » et « Politique et société » au sein de la rédaction d'AGRARHEUTE. Auparavant, elle a étudié « l'agriculture écologique et la commercialisation » à l'École Supérieure de Développement Durable d'Eberswalde, où elle a obtenu un bachelor. Parallèlement à ses études, elle a soutenu la rédaction d'AGRARHEUTE à partir d'août 2021 en tant qu'assistante étudiante et a également fait partie de l'équipe de direction du blog étudiant de son département à l'université. Elle a acquis de l'expérience pratique dans l'agriculture dans le cadre d'une FÖJ (année de volontariat écologique) en France dans l'élevage laitier et la culture maraîchère ainsi que lors d'autres stages dans des exploitations agricoles en Allemagne.

Source : Blackout, Krieg, Pandemie - Hat Deutschland genug Getreide für den Notfall? | agrarheute.com