Un champignon parasite pourrait être la clé du salut du cotonnier
Contributeurs d'AGDAILY*
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Les premiers dégâts causés par le ver de l'épi du maïs [Helicoverpa zea] sont visibles sur la feuille d'un cotonnier (à gauche), et un échantillon de B. bassiana, un champignon parasite qui s'attaque aux insectes, est préparé pour l'étude. (Images : Hadi Farrokhzadeh, via Virginia Tech)
Dans The Last of Us, une série télévisée et de jeux vidéo, les survivants d'une pandémie fongique apocalyptique luttent pour survivre après l'effondrement de la société, en combattant les autres survivants et les humains sauvages qui ont été infectés par le cordyceps, un champignon qui altère l'esprit et transforme ceux qu'il infecte en zombies meurtriers.
Dans la réalité, un cordyceps infectant des insectes pourrait sauver les fermiers de Virginie d'une « apocalypse » d'un autre genre. M. Hadi Farrokhzadeh, chercheur invité au Southern Piedmont Agricultural Research and Extension Center (AREC) de Virginia Tech, mène de nouvelles recherches en utilisant un champignon de la famille des Cordycipitaceae pour contrôler les populations de vers de l'épi de maïs – l'un des ravageurs agricoles les plus dévastateurs au monde – dans les exploitations cotonnières.
Le cotonnier reste une culture commerciale importante pour le Commonwealth, mais les dégâts causés par les vers de l'épi de maïs coûtent une fortune aux agriculteurs. Deuxième ravageur le plus nuisible en Amérique du Nord, le ver de l'épi de maïs coûte aux agriculteurs américains plus de 250 millions de dollars chaque année, si l'on tient compte des dommages causés aux cultures et des coûts des insecticides.
« Ils se nourrissent des feuilles, des capsules et des fleurs de la plante, perturbant son processus de reproduction et entraînant une baisse des rendements et de la qualité de la fibre », explique M. Farrokhzadeh. « Les dommages qu'ils causent en s'alimentant affaiblissent la plante et peuvent entraîner d'autres infestations de ravageurs et des maladies. »
Les insecticides de synthèse sont couramment utilisés pour lutter contre les populations de vers de l'épi du maïs, mais les ravageurs peuvent devenir résistants au fil du temps. Selon M. Farrokhzadeh, il est essentiel d'explorer de nouvelles méthodes de gestion pour atténuer les dommages tout en limitant les effets négatifs des insecticides de synthèse sur les êtres humains et l'environnement.
Les recherches de M. Farrokhzadeh ont porté sur le potentiel de Beauveria bassiana – une forme de Cordyceps bassiana à reproduction asexuée – à coloniser les plantes de cotonnier et sur son efficacité en tant qu'insecticide biologique contre le ver de l'épi du maïs. M. Farrokhzadeh a choisi le champignon parce qu'il n'infecte que les insectes dans la vie réelle, et la souche spécifique B. bassiana-GHA parce qu'elle est endophyte, c'est-à-dire qu'elle peut vivre à l'intérieur des tissus végétaux sans causer de dommages et qu'elle a même montré qu'elle pouvait offrir une protection contre divers ravageurs.
M. Hadi Farrokhzadeh inspecte des plants de cotonnier dans une serre du Southern Piedmont Agricultural Research and Extension Center. (Image : Shirin Parizad, via Virginia Tech)
Financée par Cotton Incorporated, l'étude a consisté à appliquer B. bassiana sur les feuilles des cotonniers, puis à poser des larves de ver de l'épi du maïs sur chacune d'elles. M. Farrokhzadeh a ensuite mesuré le taux de survie des vers et la gravité des dommages causés par l'alimentation sur les plantes traitées avec le champignon. Ses résultats sont prometteurs.
« Contrairement aux études précédentes qui se concentraient sur le traitement des semences, mes recherches démontrent que l'application foliaire est une méthode viable pour introduire B. bassiana-GHA dans les plants de cotonnier, offrant ainsi une nouvelle stratégie de lutte biologique », a déclaré M. Farrokhzadeh.
Il a constaté que B. bassiana-GHA avait un taux de colonisation de 100 % sur les plants de cotonnier. En outre, ces mêmes plantes ont montré non seulement une réduction de la survie et des dommages causés par le ver de l'épi du maïs, mais aussi que les insectes avaient tendance à éviter complètement les plantes traitées.
Selon M. Farrokhzadeh, lorsque les plantes détectent la présence du champignon, elles déclenchent des mécanismes de défense qui dissuadent les insectes et réduisent les dommages causés à la plante.
« Le projet de Hadi démontre définitivement qu'un organisme pathogène pour des insectes peut coloniser les tissus du cotonnier, dissuadant et réduisant les dégâts causés par le ver de l'épi du maïs », a déclaré M. Arash Rashed, professeur d'entomologie et directeur du Southern Piedmont AREC.
Cependant, des preuves supplémentaires sont nécessaires pour démontrer l'efficacité du traitement dans le temps.
Les organismes non endophytes pathogènes pour insectes ont une activité résiduelle de courte durée, ce qui limite l'efficacité et la rentabilité de la lutte biologique. Les agents endophytes pathogènes pour des insectes comme B. bassiana-GHA peuvent fournir une protection à plus long terme sur une large gamme de ravageurs par rapport aux souches non endophytes.
M. Farrokhzadeh espère que ses recherches contribueront au développement de solutions de lutte antiparasitaire respectueuses de l'environnement.
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* Cet article a été rédigé par M. Alex Hood et Mme Suzanne M. Pruitt à Virginia Tech, l'une des deux écoles d'agriculture de l'État. Il a été publié à l'origine ici.
* Source : A parasitic fungus could be key to cotton's salvation | AGDAILY
Ma note : Voici un extrait de Wikipedia pour Helicoverpa zea :
« Helicoverpa zea est une espèce d'insectes lépidoptères de la famille des Noctuidae originaire d'Amérique du Nord. La chenille, ou "ver de l'épi du maïs", se nourrit des épis de maïs dans lesquels elle creuse des galeries, ce qui en fait l'un des ravageurs les plus destructeurs des cultures de maïs aux États-Unis. Cette espèce polyphage attaque également d'autres cultures, notamment celles de la tomate et du cotonnier, d'où son nom américain de Cotton bollworm, en français "ver de la capsule du cotonnier" ou plus précisément "ver de la capsule du cotonnier du Nouveau Monde" (pour le distinguer du "ver de la capsule du cotonnier de l'Ancien Monde" qui désigne une espèce proche parente, Helicoverpa armigera, plus connue sous le nom de noctuelle de la tomate. »