La Russie n'a plus de pommes de terre : la crise va-t-elle mettre Poutine à genoux ?
Madeline Düwert/Land&Forst, dans AGRARHEUTE*
© Finn
Les pommes de terre sont devenues une denrée rare en Russie. Les prix des pommes de terre ont augmenté d'environ 166,5 pour cent dans le pays, par rapport à mai 2024.
La Russie n'a plus de pommes de terre. En plus de la pression économique, du manque de main-d'œuvre, des sanctions des autres pays et de l'inflation élevée, le pays se dirige désormais vers une situation d'urgence en matière d'approvisionnement. Une crise tangible pour le pays.
Dans une récente allocution télévisée, le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré après une discussion avec ses représentants économiques : « Il s'avère que nous n'avons pas assez de pommes de terre. »
Après une année 2023 particulièrement bonne pour les pommes de terre et donc des prix bas pour les tubercules, les agriculteurs russes ont fortement réduit la surface cultivée en pommes de terre. C'est pourquoi la stratégie de la Russie, qui consiste en même temps à limiter considérablement les importations de denrées alimentaires et les importations de plants de pommes de terre en provenance des pays occidentaux, touche désormais le pays de plein fouet : les denrées alimentaires de base sont rares, les prix des denrées alimentaires ont fortement augmenté.
C'est surtout le prix des pommes de terre qui a grimpé en flèche en Russie depuis le début de la guerre, comme pour aucun autre aliment. Après une mauvaise récolte due au gel et à la sécheresse, avec une baisse de rendement de 12 %, la hausse des prix des pommes de terre s'est élevée à 92 % l'année dernière.
L'économie russe s'en trouve encore plus affectée. Le produit intérieur brut n'a augmenté que de 1,4 % par rapport à l'année précédente, soit trois fois moins que fin 2024 [il faut sans doute lire : 2023] et quatre fois moins qu'il y a un an à la même date. Cela correspond environ à une perte de l'équivalent de 65 milliards d'euros.
Malgré cela, Poutine insiste sur le fait que l'économie russe ne connaît qu'un léger déficit annuel depuis le début de la guerre et entretient son armée avec des sommes importantes.
Poutine aurait entre-temps demandé de l'aide à la Biélorussie, son proche allié, mais la Biélorussie est elle aussi confrontée à des stocks vides. Tous les stocks du pays ont déjà été vendus à la Russie, a déclaré le président biélorusse, Alexandre Loukachenko.
Ces dernières années, la Biélorussie a également dû faire face à de mauvaises conditions météorologiques et a donc enregistré une forte baisse des rendements. Mais Loukachenko ne veut manifestement pas décevoir son ami d'État et a ordonné aux agriculteurs biélorusses de cultiver davantage de pommes de terre, sous serre si nécessaire.
La Biélorussie change donc également d'attitude vis-à-vis de l'Ouest : les pommes de terre et autres produits alimentaires de base peuvent à nouveau être importés, y compris de l'UE.
L'Union Européenne se prépare à son tour à augmenter les droits de douane sur les produits agricoles en provenance de Russie et de Biélorussie en juillet.
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* Source : Russland hat keine Kartoffeln mehr: Zwingt die Krise Putin in die Knie? | agrarheute.com