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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Invasion de souchets : pourquoi les agriculteurs devraient rapidement reconnaître cette mauvaise herbe

14 Juin 2025 Publié dans #Agronomie

Invasion de souchets : pourquoi les agriculteurs devraient rapidement reconnaître cette mauvaise herbe

 

Pascal Stalljohann, LWK Niedersachsen, dans AGRARHEUTE*

 

 

© Pascal Stalljohann

La herse rotative a fait un travail remarquable et a entraîné les souchets à la surface. D'innombrables nouvelles plantes de souchet y poussent.

 

 

Plusieurs centaines de tubercules par plante : une fois que la mauvaise herbe a envahi le champ, il est trop tard. Réponses aux principales questions.

 

 

On trouve le souchet sur de plus en plus de parcelles et il n'est pratiquement plus possible de le combattre : il se développe rapidement et provoque des pertes de rendement sensibles, surtout dans les cultures sarclées.

 

Même les zones non infestées sont menacées. Car une fois que le souchet est présent dans un champ, il est quasiment impossible de le maîtriser. Nous répondons aux questions les plus importantes sur cette mauvaise herbe.

 

 

Comment reconnaître le souchet ?

 

© Pascal Stalljohann

Les inflorescences avec leurs branches latérales et leurs épillets jaune-brun sont typiques.

 

Seule une reconnaissance précoce permet d'endiguer les mauvaises herbes. Le premier conseil à donner lorsqu'une herbe inconnue se trouve dans une zone : touchez-la ! Si elle est dure au toucher, anguleuse et ressemble à un roseau, il pourrait s'agir d'un souchet.

 

Le souchet appartient à la famille des cypéracées, ses feuilles ont une section transversale en forme de V et sa fleur est portée par une tige triangulaire. La plante mesure généralement entre 40 et 70 cm, mais peut atteindre jusqu'à 1 m de hauteur.

 

L'inflorescence a un aspect typique. Elle se compose de branches, jusqu'à dix, à l'extrémité desquelles se trouvent de nombreux épillets jaunâtres à brunâtres.

 

La plante est capable de se propager par trois voies différentes :

 

  1. Pour la multiplication végétative, elle forme à l'extrémité des rhizomes des nodules d'un diamètre de 10 à 15 mm, appelés par exemple amandes de terre.

  2. Elle produit également des plantes-filles sur des stolons souterrains.

  3. Le souchet se multiplie de manière générative par graines.

 

 

Quelles surfaces sont déjà envahies par le souchet ?

 

Dans les grandes cultures comme le maïs, les pommes de terre, les légumes, les betteraves sucrières, les oignons, les bulbes à fleurs et les pépinières, la plante pose des problèmes ayant des conséquences économiques. Le souchet entre en concurrence avec les cultures pour les nutriments, l'eau et la lumière.

 

En Basse-Saxe, environ 200.000 ha sont actuellement infestés. Une surface de 5 ha avec 100 m2 de souchets est considérée comme une surface infestée de 5 ha.

 

 

Quand le souchet germe-t-il ?

 

Au printemps, les premières plantes apparaissent à partir d'une température du sol de 8 à 10 °C. On les trouve le plus souvent sur les buttes de pommes de terre ou sur les surfaces de maïs fraîchement semées.

 

Quatre à six jours après le semis de la culture principale, on peut déjà voir de jeunes plants de souchet. Leur croissance est très rapide. Alors que la plantule de maïs est encore dans le sol, le souchet atteint déjà le stade de 2 feuilles.

 

 

Comment le souchet forme-t-il les tubercules ?

 

© Pascal Stalljohann

Une plante forme jusqu'à 700 tubercules à l'extrémité de ses pousses souterraines. Ces amandes donnent naissance à de nouvelles plantes. En raison de leur couleur, il est difficile de les distinguer des particules de terre.

 

La plante produit 60 à 70 pour cent de ses tubercules dans les 15 premiers centimètres du sol. Mais on en trouve aussi jusqu'à 30 cm, voire plus bas. Les tubercules en forme d'amande se forment par exemple dans les cultures de maïs à partir de juin/juillet environ.

 

En automne, à partir d'une durée de lumière du jour inférieure à 12 heures, la plante forme encore une fois des rhizomes. Ceux-ci poussent en profondeur pour générer d'autres souchets. Des plantes filles se développent déjà à partir de mai/juin.

 

 

Le souchet se propage-t-il aussi par graines ?

 

Le souchet se reproduit de manière générative sous forme de graines après la floraison. Cela se produit à partir d'août environ et peut se prolonger jusqu'en octobre, selon les conditions météorologiques et la température.

 

Les graines ne mesurent que 1 à 1,5 mm et ne germent qu'à des températures élevées, supérieures à 20 °C. La plantule est très petite, facile à confondre avec des herbes normales et peu résistante.

 

Le feuillage du souchet meurt déjà à des températures proches du point de congélation et se retrouve alors à la surface du sol sous forme de tapis d'herbe brune. Les rhizomes proches de la surface meurent également en hiver.

 

Les amandes, en revanche, peuvent rester dans le sol pendant plusieurs années et survivre à l'hiver, même à des températures négatives.

 

 

Combien de plantes-filles se forment-elles par plante ?

 

La plante produit jusqu'à 1.000 graines par inflorescence. Certes, la capacité de germination et la croissance à partir de graines sont considérées comme plutôt faibles. Mais en raison de la propagation rapide du souchet ces dernières années, la multiplication par les graines doit être réévaluée.

 

Il existe davantage de données sur la formation des tubercules. Des collègues suisses ont mis en pot des souchets et ont trouvé par la suite jusqu'à 700 tubercules par plante.

 

Les résultats d'essais menés par le Service Phytosanitaire de Hanovre de la Chambre d'Agriculture (LWK) de Basse-Saxe prouvent également la rapidité de la multiplication : un souchet en pot y a formé huit plantes-filles et huit tubercules en sept semaines.

 

En août 2024, de nouvelles inflorescences ont été observées sur une parcelle d'expérimentation après une nouvelle levée de souchets, sept semaines seulement après un semis de trèfle.

 

 

Comment lutter contre le souchet ?

 

Il faut absolument éviter la propagation et l'apport par la terre et les produits de récolte des surfaces infestées. Souvent, le souchet n'est pas reconnu après une première infestation la première année.

 

Le travail avec des outils tels que le cultivateur ou la herse rotative entraîne le souchet sur une distance allant jusqu'à 50 mètres dans le sens du travail.

 

L'hygiène des champs est donc un sujet très important. Les machines doivent être nettoyées sur la parcelle, de préférence avec un nettoyeur haute pression et beaucoup d'eau. La terre avec les petits nodules bruns à noirs doit rester sur la surface infestée.

 

L'utilisation en commun de machines et les travaux d'entrepreneurs pour le travail du sol et la récolte sont critiques. Les surfaces infestées doivent être travaillées ou récoltées en dernier, un nettoyage vraiment minutieux des machines est ensuite obligatoire.

 

Si vous avez trouvé une petite tache ou des plantes isolées sur votre parcelle, rien n'y fait : il faut creuser ! Chaque plante individuelle doit être déterrée à l'aide d'une bêche jusqu'à une profondeur de 30 cm et jetée avec la terre dans les déchets. Marquez l'endroit et contrôlez-le ultérieurement et l'année suivante.

 

 

Quels herbicides sont efficaces contre le souchet ?

 

© Pascal Stalljohann

Au toucher, on sent la section en V des feuilles et la tige triangulaire du souchet.

 

Une infestation à grande échelle ne peut être contrôlée que par des moyens chimiques ou mécaniques. Une lutte ou une suppression n'est possible que dans le maïs et partiellement dans les betteraves (betteraves Conviso).

 

Mais ce n'est que de la cosmétique. Actuellement, il n'existe pas d'herbicide qui soit transporté jusqu'au tubercule et qui contribue à la réduction.

 

Plusieurs essais confirment dans le maïs une stratégie avec trois dates de pulvérisation.

 

Le traitement en prélevée se compose par exemple de thiénocarbazone (Adengo, 0,33 l/ha) ou de terbuthylazine (Successor T, 2,5 l/ha), suivi d'une première application en cours de culture de mésotrione (1,0 l/ha, par exemple Callisto, Temsa, Simba ou autres) plus pyridate (Onyx, 0,75 l/ha). La deuxième application est à nouveau le thiencarbazone (Maister Power, 1,25 à 1,5 l/ha).

 

 

Existe-t-il des autorisations d'urgence contre le souchet ?

 

Le produit Permit avec la matière active halosulfuron a actuellement reçu une autorisation d'urgence jusqu'au 30 juillet 2025 dans le maïs avec l'indication souchet.

 

Mais même avec cet herbicide spécial, seul l'état actuel peut être maintenu sur la surface. Il ne conduit pas à une réduction durable ou à une lutte complète.

 

Dans les betteraves sucrières, un essai réalisé en 2024 a montré une bonne efficacité avec Conviso One. Ce produit ne peut toutefois être utilisé que dans les betteraves Convisor.

 

 

Comment la jachère mécanique agit-elle contre le souchet ?

 

Pour réduire mécaniquement l'infestation, le fraisage superficiel, le déchaumage ou le binage sont favorables. La coupe à plat sépare la partie aérienne des tubercules. Ne fraisez ou ne déchaumez pas à plus de 10 cm de profondeur. Pour le binage, il faut viser des profondeurs de 2 à 5 cm.

 

Une jachère maintenue mécaniquement sans végétation réduit également la quantité de souchets dans le sol. Elle doit toutefois durer deux à trois ans, sans quoi elle n'a aucun effet réducteur.

 

Les cultures céréalières, surtout les céréales d'hiver, ombragent suffisamment le sol ; la levée est réprimée. Il convient toutefois de surveiller attentivement les traces de passage. En raison du manque d'ombre, le souchet y lève de préférence.

 

Peu de temps après la récolte et un déchaumage, le souchet recommence à se développer. La culture intermédiaire et le respect de l'alternance des cultures sont d'autres moyens de supprimer le souchet.

 

 

Empêcher absolument l'introduction du souchet !

 

Dans le cas de surfaces fortement ou largement infestées, vous ne pourrez pas faire l'économie d'un changement d'assolement. L'assainissement de telles surfaces est un processus qui s'étendra sur plusieurs années.

 

Si vous n'avez pas encore de souchets sur vos terres, vous devez encore plus veiller à éviter son introduction. Car le souchet est venu pour rester !

 

________________

 

* Source : Seuche Erdmandelgras: Warum Landwirte das Ungras schnell erkennen sollten | agrarheute.com

 

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