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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Glyphosate, cancers et procès aux USA : quelques chiffres effarants – et en France ?

10 Juin 2025 Publié dans #Glyphosate (Roundup), #Etats-Unis d'Amérique

Glyphosate, cancers et procès aux USA : quelques chiffres effarantset en France ?

 

 

(Source)

 

 

Alors que la saga des procès contre Bayer/Monsanto se poursuit aux États-Unis d'Amérique, j'ai interrogé Grok...

 

 

Une stratégie coordonnée pour un racket autorisé par le système judiciaire états-unien

 

Le 20 mars 2015, à l'issue de la réunion d'un groupe d'experts tenue du 3 au 10 mars, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une agence de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), annonçait qu'il avait classé le glyphosate comme « probablement cancérigène pour l'homme » (groupe 2A).

 

Ce classement a suscité de très nombreuses critiques et interrogations.

 

Peu de temps après, on a vu fleurir aux États-Unis d'Amérique des publicités de cabinets d'avocats spécialisés dans le droit de la responsabilité civile – dans notre terminologie à nous conforme aux faits, il s'agit d'avocats prédateurs. Par exemple :

 

« Les personnes qui ont été exposées à l'herbicide Roundup au travail ou à la maison et qui ont développé un cancer ou une autre maladie peuvent être en droit de déposer une demande d'indemnisation. »

 

Êtes-vous dans cette situation ? Déposez votre dossier auprès de l'avocat. C'est gratuit ! En cas de succès devant le tribunal, les dommages et intérêts sont partagés.

 

(Source)

 

Et, comme on l'a vu, les sommes allouées peuvent être considérables et relever du jackpot tant pour les plaignants que pour les avocats... à condition d'incriminer une entreprise aux poches profondes comme Monsanto (Bayer/Monsanto) plutôt que le fabricant d'un pulvérisateur à main ou à dos possiblement défectueux.

 

Dans la foulée, le 29 mars 2015, M. Christopher Portier, qui fut expert invité au groupe de travail (manifestement pas pour servir les cafés...), signa un contrat avec un de ces cabinets pour servir de témoin expert. Un contrat qui produisit des honoraires pour un montant à cinq zéros... D'autres membres du groupe d'expert ont aussi contribué à la campagne de litiges, directement (exemple) ou indirectement par des lettres à la Commission Européenne et articles ou du lobbying devant les instances européennes ou le Bundestag allemand.

 

 

(Source)

 

 

En cas de décision favorable au plaignant, les juges et les jurys ont tendance à fixer des montants de dommages et intérêts avec une inflation de zéros. Ce furent ainsi 289 millions de dollars pour M. Dewayne « Lee » Johnson – ou plutôt « dans le cas de », les avocats prenant leur part –, ramenés par la suite à 79 millions de dollars.

 

On ne s'étonnera donc pas si, selon un article récent,181.000 plaintes aient été déposées, et que Bayer/Monsanto ait déjà versé près de 10 milliards de dollars US en règlement de litiges et constitué une provision de 5,9 milliards de dollars pour les 67.000 autres cas encore en suspens. Bien sûr, cela ne s'arrêterait pas là. De nouveaux cas de lymphome non hodgkinien surviennent et, avec eux, de nouveaux cas potentiels.

 

 

(Source)

 

 

En savoir plus sur les lymphomes non hodgkiniens

 

Comment se présente la situation ? J'ai interrogé Grok et voici ce qu'il m'a répondu :

 

« Incidence et prévalence des lymphomes non hodgkiniens (LNH) aux États-Unis

 

Incidence :

 

L'incidence correspond au nombre de nouveaux cas diagnostiqués sur une période donnée. Selon les données récentes de l'American Cancer Society et du programme SEER (Surveillance, Epidemiology, and End Results) du National Cancer Institute :

 

  • En 2025, environ 80 350 nouveaux cas de lymphomes non hodgkiniens sont attendus aux États-Unis, dont environ 45 140 hommes et 35 210 femmes. Cela inclut les adultes et les enfants. (Lien)

 

  • Le LNH représente environ 4 % de tous les cancers diagnostiqués aux États-Unis, ce qui en fait l'un des cancers les plus courants. (Lien)

 

  • Le taux d'incidence ajusté selon l'âge (basé sur les données 2018-2022) est d'environ 18,7 cas pour 100 000 personnes par an (hommes et femmes confondus). (Lien)

 

  • Les taux d'incidence varient selon les groupes démographiques :

 

- Sexe : Les hommes ont un risque plus élevé (environ 1 homme sur 44 développera un LNH au cours de sa vie, contre 1 femme sur 54). (Lien)

 

- Âge : Le risque augmente avec l'âge, plus de la moitié des patients ayant 65 ans ou plus au moment du diagnostic, bien que le LNH soit également l'un des cancers les plus fréquents chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. (Lien)

 

- Race/Ethnicité : Les populations blanches non hispaniques présentent les taux d'incidence les plus élevés (25,0 pour 100.000 chez les hommes blancs, 17,0 chez les femmes blanches), suivies des populations hispaniques, noires, asiatiques/îles du Pacifique et amérindiennes. (Lien)

 

  • Tendance temporelle : L'incidence du LNH a augmenté de 168 % depuis 1975, mais elle a légèrement diminué d'environ 1 % par an depuis 2015 et s'est stabilisée dans les années récentes, en partie grâce à de meilleures thérapies antirétrovirales pour le VIH, qui réduisent les cas liés à l'immunosuppression. (Lien, lien)

 

Prévalence :

 

La prévalence correspond au nombre total de personnes vivant avec un LNH à un moment donné, qu'elles soient en cours de traitement ou en rémission.

 

  • En 2022, on estimait qu'environ 835 496 personnes vivaient avec un lymphome non hodgkinien aux États-Unis. (Lien)

 

  • La prévalence est influencée par :

 

- Survie accrue : Grâce aux progrès thérapeutiques (comme le rituximab et les thérapies ciblées), la survie à 5 ans pour le LNH est d’environ 74 % (2015-2021), avec des variations selon le sous-type et le stade au diagnostic. Par exemple, le taux de survie à 5 ans pour un LNH de stade I est de 87,7 %. (Lien)

 

- Sous-types : Les LNH sont hétérogènes, avec plus de 40 sous-types. Les plus courants incluent le lymphome diffus à grandes cellules B (DLBCL, environ 28 %) et le lymphome folliculaire (FL, environ 13 %). Certains sous-types, comme le DLBCL, sont plus fréquents chez les personnes immunodéprimées (par exemple, VIH). (Lien, lien)

 

  • Facteurs de risque : La prévalence est plus élevée chez les personnes âgées, les hommes, et celles avec des facteurs de risque comme le VIH, l'infection par le virus Epstein-Barr (EBV), l'exposition à certains produits chimiques (pesticides, benzène), ou des maladies auto-immunes (syndrome de Sjögren, thyroïdite de Hashimoto). (Lien, lien)

 

Remarques supplémentaires :

 

  • Variation géographique et ethnique : Les populations blanches ont une incidence plus élevée pour la plupart des sous-types de LNH, mais certains sous-types, comme le lymphome à cellules T (mycosis fongoïde), sont plus fréquents chez les Afro-Américains. Les populations asiatiques présentent des taux plus faibles pour le lymphome folliculaire et la leucémie lymphoïde chronique/lymphome lymphocytaire à petites cellules (CLL/SLL). (Lien, lien)

 

  • Impact du VIH : Les personnes vivant avec le VIH ont un risque accru de LNH (jusqu'à 77 fois plus élevé pour certains sous-types comme le DLBCL ou le lymphome de Burkitt). Cependant, l'incidence des LNH liés au VIH a diminué depuis l'introduction des thérapies antirétrovirales hautement actives (HAART) en 1996. (Lien)

 

  • Projections futures : Bien que l'incidence ait légèrement diminué récemment, le fardeau global du LNH devrait augmenter en raison du vieillissement de la population et de l'augmentation des facteurs de risque comme l'obésité. (Lien, lien)

 

Sources :

 

  • American Cancer Society, 2025 Estimates (lien)

 

  • SEER Cancer Stat Facts: Non-Hodgkin Lymphoma (lien)

 

  • PMC: Epidemiology of Non-Hodgkin’s Lymphoma (lien)

 

  • ASH: Epidemiology of Non-Hodgkin Lymphoma (lien)

 

  • PMC: Trends Analysis of Non-Hodgkin Lymphoma, 1990–2019 (lien)

 

  • PMC: The Epidemic of Non-Hodgkin Lymphoma in the United States (lien)

 

Si vous souhaitez des détails sur un sous-type spécifique de LNH ou des données par état, n'hésitez pas à préciser ! »

 

 

Jouons avec les chiffres

 

Les 181.000 plaintes ne sont pas directement comparables aux « environ 835 496 personnes » (admirez la précision...) qui vivaient avec un LNH en 2022.

 

Le ratio est cependant de 22 %, et c'est énorme, sans doute un résultat exagéré qui ne reflète pas la situation réelle s'agissant des LNH imputables (selon les allégations) au glyphosate.

 

Car il faudrait augmenter le dénominateur du nombre de personnes qui furent atteintes par le LNH et qui sont décédées. Pour le numérateur, il faudrait aussi tenir compte des personnes atteintes qui ne se sont pas associées à la curée.

 

Mais il faut aussi tenir compte de la différence entre les sexes – toujours à supposer pour les besoins de la démonstration que le glyphosate est effectivement à l'origine de lymphomes non hodgkiniens : les traitements herbicides sont en effet une activité plutôt masculine. La ratio calculé à partir des données ci-dessus sur les cas attendus en 2025 est de 56 % pour les hommes et 44 % pour les femmes.

 

Le comparateur de notre ratio ci-dessus serait alors de quelque 470.000 hommes et le ratio grimperait de 22 % à 39 %.

 

Encore une fois, ces chiffres ne reflètent pas la réalité, il manque des données importantes.

 

Affectons nos chiffres d'un facteur 0,2 (en d'autres termes, multiplions le nombre de personnes affectées par 5). Nos ratios deviennent 4,3 % par rapport à la population totale affectée et 7,7 % par rapport à la population masculine affectée.

 

Cela revient à considérer que quelque 4,2 millions de personnes auraient été touchées par le LNH au cours d'un nombre indéterminé d'années passées – mais que l'on peut chiffrer à une cinquantaine d'années si on se base sur le nombre de cas attendus en 2025, donc l'incidence ramenée à une population totale actuelle de 347 millions d'habitants.

 

Cette cinquantaine d'année correspondrait à la durée d'existence du glyphosate en tant qu'herbicide. Dans ce scénario, nous produisons cependant une sous-estimation car le glyphosate ne s'est répandu dans le grand public que bien plus tardivement.

 

 

Qui peut croire... ?

 

Qui peut croire que le glyphosate – classé cancérogène, mais seulement probable par le CIRC dans le cadre d'un exercice qui a été très largement critiqué – aurait été à l'origine, au bas mot, de quelque 4 % des LNH totaux ou 7 % des LNH masculins (les 0,7 % manquants pouvant représenter les LNH féminins) ?

 

Encore une fois, ces chiffres sont le fruit d'un raisonnement très audacieux, voire olé, olé. Mais ils permettent de se faire une idée.

 

Et cette idée est aussi que face à ce désastre du système judiciaire états-unien – un racket par voie judiciaire –, le CIRC, dont la responsabilité est écrasante dans cette affaire, se claquemure dans le refus de réviser un classement qu'il sait vicié.

 

 

Et en France ?

 

En France, les avocats ne sont pas autorisés à se payer sur les éventuels dommages et intérêts. Mais, comme le montre l'exemple des « pisseurs de glyphosate », il est possible de monter des opérations de plaintes massives et coordonnées au motif de la mise en danger de la vie d'autrui (et de tromperie aggravée). Dans ce cas, les médias, surtout régionaux, ont apporté un concours très complaisant.

 

Les participants devaient se faire prélever de l'urine matinale et payer une somme devant couvrir les frais de prélèvement (devant huissier) et d'analyse (par un laboratoire allemand... vétérinaire) et contribuer aux honoraires de l'avocat.

 

Cela n'a pas fait les grands titres, mais le parquet de Paris a classé les 5.400 plaintes sans suite en septembre 2023. Selon Reporterre :

 

« Le parquet parisien spécialisé dans le domaine de la santé a également rejeté la notion de mise en danger de la vie d’autrui, dans la mesure où "les plaignants ne risquent pas de mort immédiate ou une blessure de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente", selon un courrier adressé le 12 octobre aux participants de la Campagne glyphosate par les avocats de ce dossier. »

 

Une avocate, ancienne ministre chargée de l'environnement (il n'y en a pas 36...), a aussi monté une opération de plaintes contre l'État individuelles rassemblées dans un dispositif collectif :

 

« Public concerné

 

TOUS LES RIVERAINS de zones d’épandages situées à moins de 150 mètres de leur lieu d’habitation et notamment (mais pas uniquement) ceux souffrant des pathologies suivantes reconnues maladies professionnelles pour les professionnels des pesticides :

- Cancer de la prostate

- Lymphome malin non hodgkinien

- Maladie de Parkinson

Des lors qu’il y a un risque avéré pour la santé, tout riverain pourrait demander indemnisation, même s’il ne souffre d’aucune pathologie particulière. »

 

Eh oui ! Le préjudice d'angoisse...

 

Il nous semble que cette opération a du mal à prospérer, malgré la publicité qui lui avait été faite à l'époque de son lancement par des médias, encore une fois, complaisants.

 

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