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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Les prix des bovins sur le point de s'effondrer ? L'impact de l'accord avec le Mercosur sur les agriculteurs

11 Mai 2025 Publié dans #Mercosur, #Elevage

Les prix des bovins sur le point de s'effondrer ? L'impact de l'accord avec le Mercosur sur les agriculteurs

 

Anna-Maria Buchmann, AGRARHEUTE*

 

 

© stock.adobe.com/Kathleen

 

 

L'accord avec le Mercosur arrive. Des chercheurs ont calculé l'impact que cela aura sur le prix du bétail. Lisez ce que l'accord signifie pour l'agriculture.

 

 

L'accord de libre-échange entre l'UE et les pays du Mercosur arrive. M. Bernd Lange, président de la commission du commerce international du Parlement Européen, estime qu'en janvier ou février 2026, la majorité du Parlement donnera son accord.

 

L'Union Allemande des Agriculteurs (DBV) avait vivement critiqué l'accord par le passé. Elle le considère comme un « marchandage totalement inacceptable », selon une déclaration du secrétaire général de l'Union Bavaroise des Agriculteurs (BBV), Carl von Butler. Les préoccupations des agriculteurs concernent les conditions de concurrence sur le marché, le respect des exigences de qualité telles que les normes environnementales et de bien-être animal, mais aussi les prix à la production.

 

Le vendredi 28 février, M. Bernd Lange, M. Rupert Schlegelmilch, négociateur en chef de la Commission Européenne pour le traité avec le Mercosur, et la Dr agr. Bettina Rudloff, agronome à la Stiftung Wissenschaft und Politik, ont discuté des avantages et des inconvénients de l'accord avec le Mercosur pour l'agriculture.

 

 

Voici les conséquences de l'accord avec le Mercosur sur les prix des bovins

 

Le secteur agricole joue déjà un rôle important dans le commerce entre l'UE et le Mercosur, explique Mme Rudloff. Même sans l'accord, de nombreux produits agricoles sont déjà échangés. Les quantités supplémentaires devraient être faibles et, en outre, échelonnées dans le temps, dit-elle. Car le marché agricole ne sera pas complètement ouvert, mais seulement pour différents quotas. Pour la viande de bœuf, par exemple, cela représente 1,5 % de la consommation de l'UE, soit 99.000 tonnes. « Cela ne déstabilisera pas le marché », affirme M. Schlegelmilch. Pour aucun produit, le quota ne dépasse 5 %, on a donc « 95 % de marchés protégés ».

 

Les scientifiques ont également calculé l'impact de l'accord avec le Mercosur sur le prix à la production. Pour la viande de bœuf, l'effet possible sur les prix est d'environ 2 pour cent, dit Mme Rudloff. L'effet de l'accord dépendrait en outre des points sensibles de chaque pays. En France par exemple, ce serait le marché des bovins, en Pologne celui de la volaille. C'est aussi la raison pour laquelle ces deux pays (en plus de l'Autriche et de l'Italie) ne sont pas encore convaincus par les termes de l'accord.

 

 

En cas de baisse des prix : les agriculteurs recevront ces aides

 

Pour protéger les agriculteurs des effets négatifs de l'accord, il y a plus de clauses de protection que d'habitude, explique l'agronome. Il s'agit déjà des quotas eux-mêmes. En outre, il est possible de rétablir des droits de douane. En outre, il existe un fonds de compensation d'un milliard d'euros. C'est une assurance pour le cas où il y aurait vraiment des changements de prix, dit M. Schlegelmilch.

 

Comme le souligne Mme Rudloff, les mesures liées à la durabilité comme la DUE ou d'autres devoirs de diligence en matière de droits de l'homme ou de protection des travailleurs constituent de toute façon une sorte de restriction des ventes sur le marché de l'UE.

 

 

Ici, les agriculteurs profitent du libre-échange

 

Les agriculteurs profitent également du Mercosur, affirme M. Schlegelmilch. Car l'accord crée des marchés pour notre agriculture. L'UE est un exportateur net. L'année dernière, l'excédent du commerce extérieur de produits agricoles s'élevait à environ 70 milliards d'euros. Les produits étaient essentiellement destinés à d'autres pays avec lesquels nous avons des accords commerciaux. Grâce à l'accord, les produits européens comme le fromage ont désormais une nouvelle chance sur le marché de l'exportation, selon M. Schlegelmilch.

 

En même temps, on s'assure des matières premières. Car l'agriculture européenne a besoin d'intrants. Elle dépend par exemple des importations de soja et en importe chaque année 3 millions de tonnes. « Aucun agriculteur ne s'interroge sur les conditions de production, mais ils utilisent le soja bon marché comme fourrage protéique », explique M. Lange.

 

 

Inquiétude justifiée des agriculteurs – le problème n'est pas l'accord avec le Mercosur

 

M. Heinz Möddel, responsable du département de la politique agricole à la DBV, affirme que même une baisse de 2 % des prix à la production est un défi pour les agriculteurs étant donné la situation actuelle des revenus. Les agriculteurs apprécient certes le commerce agricole, mais ils deviennent des pions dans de nombreuses conditions de politique agricole et dans le commerce.

 

Mme Rudloff déclare à ce sujet : « De nombreuses préoccupations, y compris celles liées à la concurrence, peuvent être mieux traitées par d'autres mesures [que celles prévues dans l'accord] ». Il s'agit notamment de simplifications du point de vue de la bureaucratie, mais aussi d'une meilleure position concurrentielle des agriculteurs dans la chaîne de création de valeur. Les « très grands thèmes » sont en outre la PAC et le budget agricole, ainsi que l'avenir de l'Ukraine en tant que pays candidat à l'UE. « Si l'Ukraine adhère à l'UE, il y aura une pression dans le secteur agricole et si la politique agricole reste telle qu'elle est, ce sera difficile », a déclaré Mme Rudloff. M. Schlegelmilch lui emboîte le pas et souligne que les exportations doivent également profiter au premier de la chaîne de valeur. « C'est là que nous avons un très gros travail à faire en interne », conclut-il.

 

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Rédactrice junior cross-media.

 

Anna-Maria Buchmann travaille depuis mars 2024 comme jeune rédactrice dans les rubriques « Marché et prix », « Exploitation et gestion » et « Politique et société » au sein de la rédaction d'AGRARHEUTE. Auparavant, elle a étudié « l'agriculture écologique et la commercialisation » à l'École Supérieure de Développement Durable d'Eberswalde, où elle a obtenu un bachelor. Parallèlement à ses études, elle a soutenu la rédaction d'AGRARHEUTE à partir d'août 2021 en tant qu'assistante étudiante et a également fait partie de l'équipe de direction du blog étudiant de son département à l'université. Elle a acquis de l'expérience pratique dans l'agriculture dans le cadre d'une FÖJ (année de volontariat écologique) en France dans l'élevage laitier et la culture maraîchère ainsi que lors d'autres stages dans des exploitations agricoles en Allemagne.

 

Source : Rinderpreise vor dem Absturz? So wirkt sich Mercosur auf Landwirte aus | agrarheute.com

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