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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Laisser la science montrer la voie

2 Mai 2025 Publié dans #OGM, #Inde

Laisser la science montrer la voie

 

V. Ravichandran, Réseau Mondial d'Agriculteurs*

 

 

 

 

Le soja est l'une des plus grandes réussites de l'agriculture mondiale – et je continuerais à le cultiver aujourd'hui, si seulement mon gouvernement me donnait accès à une technologie de base.

 

Aujourd'hui, en Inde, il m'est interdit d'utiliser un outil de protection des cultures que les agriculteurs d'autres pays considèrent comme acquis. À cause de cette restriction, j'ai dû abandonner le soja au milieu d'une révolution mondiale.

 

Mon expérience a valeur d'avertissement et met en évidence une menace majeure pour l'agriculture du XXIe siècle.

 

Un nouveau rapport de l'American Enterprise Institute, un groupe de réflexion basé à Washington, décrit la situation : « Des politiques gouvernementales malavisées pourraient sérieusement limiter la capacité des scientifiques, des entrepreneurs et des agriculteurs à maintenir et à accroître les niveaux actuels de productivité et de production agricoles. »

 

Pour moi, il ne s'agit pas d'une idée abstraite contenue dans un article rédigé au hasard par des universitaires. Il s'agit d'une leçon tirée de ma vie.

 

En 1961, lorsque j'avais trois ans, les agriculteurs du monde entier produisaient moins de 30 millions de tonnes de soja. Aujourd'hui, ce chiffre avoisine les 400 millions de tonnes, selon le rapport de l'AEI, qui cite des données de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO).

 

Cela représente un taux de croissance de près de 1.200 %.

 

D'autres grandes cultures ont connu leurs propres succès au cours de la même période de 60 ans. La production de maïs a augmenté de 460 %. Le manioc a augmenté de plus de 360 %. Le riz et le blé ont chacun progressé d'environ 260 %. Parmi les six principales cultures étudiées par MM. Barry K. Goodwin et Vincent H. Smith, seul le millet a connu une évolution minime, avec une augmentation d'environ 20 %.

 

Ces prouesses scientifiques et technologiques ont permis aux agriculteurs non seulement de faire face à l'explosion de la population humaine, mais aussi d'augmenter la consommation de calories. Alors que le nombre de personnes est passé d'environ 3 milliards au début des années 1960 à plus de 8 milliards aujourd'hui, le nombre de calories disponibles à partir des six principales cultures pour la consommation humaine et animale, ainsi que pour les biocarburants, a explosé, passant d'une moyenne de 2.350 par personne à 4.130 par personne aujourd'hui.

 

« Ces chiffres étonnants témoignent du rôle essentiel de la recherche, de l'innovation, de l'adoption, de l'adaptation et de l'esprit d'entreprise dans les institutions publiques et privées de recherche agricole », écrivent les auteurs du rapport de l'AEI.

 

Une grande partie de ce triomphe est aujourd'hui connue sous le nom de « Révolution Verte », qui a tiré parti des nouvelles technologies agricoles pour réduire la faim et la malnutrition à une époque où de nombreux prophètes de malheur prédisaient la catastrophe d'une soi-disant « bombe P ».

 

J'ai participé à la Révolution Verte. À mesure que mes rendements augmentaient, la pauvreté et la malnutrition en Inde diminuaient. Je l'ai vu de mes propres yeux.

 

Pourtant, quelque chose s'est produit lorsque la Révolution Verte s'est transformée en Révolution Génétique dans les années 1990 et au début de notre siècle. De nombreux pays en développement, dont le mien, ont rejeté toutes les promesses de la biotechnologie. Écoutant les militants politiques plutôt que les scientifiques, les fonctionnaires ont interdit aux agriculteurs d'utiliser la technologie des OGM, alors même que nos collègues (et concurrents) d'Amérique du Nord, d'Amérique du Sud et d'ailleurs adoptaient cette innovation et voyaient leur productivité grimper en flèche.

 

 

 

 

J'ai cultivé du riz toute ma vie d'agriculteur. Lorsque j'ai commencé en 1986, nous avions quelques variétés à haut rendement, dont certaines donnent encore de bons résultats aujourd'hui. Le riz hybride est devenu disponible en 1993. Nous avons également salué l'arrivée de variétés produites par sélection assistée par marqueurs moléculaires, comme le riz tolérant à la submersion qui m'aide à faire face aux inondations, à la sécheresse et à d'autres événements météorologiques imprévisibles.

 

C'est un progrès.

 

Le soja, en revanche, a été un combat. Je l'ai cultivé entre 1990 et 1995, mais j'ai dû abandonner car les ravageurs étaient trop nombreux. Les chenilles légionnaires et les foreurs de gousses dévastaient nos champs. La lutte contre ces parasites était trop coûteuse.

 

Pourtant, la science offrait une solution : la technologie des OGM qui permet au soja d'acquérir une résistance naturelle aux parasites. Nous avons vu les agriculteurs qui plantent des cultures génétiquement modifiées prospérer, mais ici, en Inde, nous n'avons pas le droit d'utiliser du soja génétiquement modifié. Les décideurs politiques ont pour la plupart interdit cette technologie. Plutôt que de participer à la Révolution Génétique, nous l'avons observée depuis les coulisses.

 

Je suis confronté à de nombreux défis dans mon exploitation. Après des années de croissance, la productivité a atteint un plateau. Les bénéfices ont commencé à diminuer en raison de l'augmentation du coût de la main-d'œuvre et de l'inadéquation du marché, où l'offre est souvent supérieure à la demande. Pire encore, les conditions climatiques sont passées de prévisibles à erratiques. Autrefois, je savais à quoi m'attendre avec les moussons cycliques. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à des pluies non saisonnières, à des chaleurs extrêmes et à l'arrivée de nouveaux parasites.

 

L'agriculture nécessite une adaptation, et j'ai fait de mon mieux pour évoluer avec le temps, mais ce serait plus facile et meilleur si les agriculteurs comme moi pouvaient avoir accès aux technologies les plus récentes. La science les offre, mais mon gouvernement les interdit.

 

Les auteurs du rapport de l'AEI préviennent que de mauvais choix pourraient conduire à une « atrophie » de l'agriculture.

 

Si nous ne résolvons pas ce problème en Inde et ailleurs, l'histoire de la réussite de l'agriculture au XXe siècle dégénérera en une nouvelle histoire d'opportunités manquées.

 

________________

 

V. Ravichandran, agriculteur, Tamil Nadu, Inde

 

Sur une ferme de 24 hectares, Ravi cultive du riz, de la canne à sucre, du cotonnier et des légumineuses. Pour utiliser l'eau judicieusement pendant les mois d'été, il utilise des arroseurs et un système de goutte à goutte. A ajouté la mécanisation pour faire face à la pénurie de main-d'œuvre ; 12 employés. Lauréat du prix Kleckner – 2013. Ravi est membre bénévole du conseil d'administration du Réseau Mondial d'Agriculteurs (Global Farmer Network).

 

Source : Let Science Lead the Way – Global Farmer Network

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T
Vous êtes victime de Greenpeace et de Vandana Shiva qui développent des arguments mensongers et suscitant la peur pour s'opposer aux OGM et NBT . Hélas les hommes politiques sont des lâches qui pour préserver leurs élections, legiferant comme ces ONG leur demandent.
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