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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La paille de v-Fluence et M. Jay Byrne... et la poutre de M. Stéphane Foucart et le Monde : où est ta déontologie, le Monde ?

10 Mai 2025 Publié dans #Le Monde, #critique de l'information, #Bonus Eventus

La paille de v-Fluence et M. Jay Byrne... et la poutre de M. Stéphane Foucart et le Monde : où est ta déontologie, le Monde ?

 

 

 

Le Monde, sous la signature de M. Stéphane Foucart et de deux membres de Lighthouse Reports, a participé à une entreprise internationale de démolition de la petite entreprise de veille médiatique v-Fluence, spécialisée dans le domaine de l'agrofourniture chimique et biologique (produits phytosanitaires) et génétique (OGM et plus récemment NGT). Le point d'attaque : v-Fluence publiait des profils des acteurs de ce domaine, y compris – horresco referens – des opposants à ces intrants.

 

Pour ce faire, le Monde n'a pas hésité à publier des « mini-profils » – problématiques – de quatre utilisateurs des services de v-Fluence. L'un d'eux a réagi avec une demande de droit de réponse. Avec quel résultat ?

 

 

Rappels

 

En septembre 2024, le Monde, sous la signature de M. Stéphane Foucart et de deux membres de Lighthouse Reports, avait publié trois articles (ici, ici et ici, rien que ça...) pour informer ses lecteurs (comme il se doit... lorsque l'information en vaut la peine) et (surtout) contribuer à une tentative de mise à mort de la petite société états-unienne v-Fluence.

 

Celle-ci se consacre à la veille médiatique et politique dans deux domaines de l'agrofourniture : la protection des plantes (les produits phytosanitaires, essentiellement issus de la chimie de synthèse) et la génétique (les OGM – les variétés transgéniques – et plus récemment les NGT – les variétés issues de nouvelles techniques génomiques telles que CRISPR).

 

Comme nous l'avons rapporté dans des articles précédents, cette opération s'inscrit, pour ses commanditaires, dans un double objectif : étoffer le dossier judiciaire d'avocats prédateurs engagés dans une action contre Syngenta (v-Fluence aurait contribué à dissimuler les méfaits allégués du paraquat sur la santé, en particulier le lien avec la maladie de Parkinson) ; et éliminer un observateur trop bien informé des événements dans le domaine considéré, servant une clientèle industrielle, académique et autre.

 

L'attaque avait notamment porté sur le fait que v-Fluence avait produit – pour sa clientèle, payante ou invitée – des profils des acteurs du domaine considéré, y compris des opposants aux pesticides (de synthèse) et aux OGM.

 

 

M. Jay Byrne et son entreprise auraient caché des informations sur le lien entre le paraquat et la maladie de Parkinson. (Source)

 

 

Dans son volet 2, « Plongée dans la boîte noire de la propagande mondiale en faveur des pesticides », le Monde avait ainsi écrit :

 

« ...Bonus Eventus dispose d’un registre de plus de cinq cents fiches sur des personnalités critiques de l’agriculture intensive (scientifiques, militants écologistes, experts des Nations unies, journalistes, etc.) – fiches qui agrègent pour chacun d’eux des rumeurs malveillantes, des informations professionnelles ou privées, parfois intimes, généralement de nature à leur nuire ou à leur porter préjudice. »

 

 

(Source)

 

 

Avance rapide : le 12 février 2025, le Monde, toujours sous la plume de M. Stéphane Foucart et de deux membres de Lighthouse Reports, publiait une sorte de cri de victoire, « Mise en cause pour le fichage d’opposants aux OGM et aux pesticides, la société v-Fluence cesse ses activités de "profilage" ». L'information la plus importante était cependant que la petite société avait été mise en difficulté, ayant perdu une partie de sa clientèle industrielle soucieuse de ne pas être éclaboussée par un « scandale », en fait inexistant.

 

 

Le mauvais « profilage » et le bon « profilage »...

 

Nous l'avons relaté dans « La paille de v-Fluence et M. Jay Byrne... et la poutre de M. Stéphane Foucart et le Monde » : le « célèbre » quotidien a fustigé le « fichage » ou « profilage » de v-Fluence dans son premier volet du 27 septembre 2024, « Révélations sur le fichage à grande échelle de personnalités gênantes pour l’industrie agrochimique ».

 

Et puis... dans son deuxième volet... il s'est livré à un « fichage » ou « profilage » de quatre auteurs répertoriés par v-Fluence à sa portée.

 

Dans un bel exercice de fabrication du doute et d'insinuations. Et dans le cadre d'un journal accessible à tous plutôt que d'un service d'information destiné à une clientèle restreinte...

 

 

Mon billet est ici. (Source)

 

 

Je reproduis ici ce que M. Stéphane Foucart a écrit à mon sujet (à ce stade de l'article du Monde, on peut penser que Lighthouse Reports n'était plus impliqué).

 

Oh, pas par masochisme ! Ce serait plutôt le contraire, une forme d'insistance sur ce que le Monde peut diffuser dans le monde – urbi et orbi – dans un exercice qui peut relever d'intentions peu recommandables :

 

« Parmi ces contenus "crédit BE", de nombreux ont été publiés par des auteurs ou des médias français. Le plus prolifique est un agronome à la retraite, André Heitz, qui tient un blog sous le pseudonyme "Wackes Seppi" [N.B. : c'est "Seppi"]. Il est l’auteur de plusieurs centaines de billets colligés par Bonus Eventus [N.B. : c'est sans doute exagérément et involontairement flatteur]. Dans ses textes, "Seppi" s’en prend volontiers aux chercheurs travaillant sur les effets délétères des pesticides ou sur les conséquences indésirables de la transgenèse, ou aux journalistes qui relaient leurs résultats. Le ton y est vif: M. Heitz a été condamné en 2019 pour des faits d’injures publiques et de diffamation à l’encontre du journaliste Paul Moreira [N.B. : non, l'article incriminé, toujours en ligne, était sur le blog "Imposteurs" de feu Stéphane Adrover]. Interrogé, l’agronome blogueur dit ne pas être membre du réseau piloté par v-Fluence, et assure avoir été simplement "invité à [s]’inscrire sur une liste d’informations" [N.B. : il n'y a pas de "réseau"]. Il ajoute ne percevoir aucune rémunération de quiconque pour ses billets [N.B. : formulation fort trompeuse : il m'avait demandé – bien sûr connaissant d'avance la réponse – et je lui ai répondu]. »

 

« "Seppi" s’en prend volontiers […] aux journalistes... » ? Vous ne voudrez sans doute pas de nom...

 

Soulignons encore l'extraordinaire malveillance qui préside à : « "Seppi" s’en prend volontiers aux chercheurs [et] aux journalistes... » : non, « Seppi » s'en prend aux productions foireuses, voire à ce qui relève de l'escroquerie.

 

 

Le « curieux » traitement d'une demande de droit de réponse

 

Il n'y avait pas grand-chose de « croustillant » à dire de M. Philippe Stoop, directeur recherche & innovation chez ITK et membre de l'Académie d'Agriculture de France. Grand pourfendeur aussi de productions « scientifiques » et parfois « journalistiques » foireuses. Alors, il était devenu dans le Monde :

 

« consultant pour de grandes sociétés agro-industrielles, et… lui aussi inscrit sur Bonus Eventus. »

 

M. Philippe Stoop a demandé un droit de réponse :

 

« Dans son article intitulé "Plongée dans la boite noire de la propagande mondiale en faveur des pesticides", paru dans Le Monde le 28 septembre 2024, M. Stéphane Foucart me présente de façon erronée comme "consultant pour de grandes sociétés agro-industrielles", et laisse entendre que mes publications auraient incité la Société française du cancer à se désolidariser d'une tribune contre les pesticides publiée par Le Monde.

 

Je suis en réalité le directeur recherche & développement d'une société spécialisée dans les outils informatiques d'aide à la décision pour l'agriculture. Je n'exerce aucune activité de consulting, que ce soit à titre gratuit ou onéreux, ni dans ce poste ni en marge de cette activité salariée. Toutes mes publications sur les impacts sanitaires et environnementaux de l'agriculture, qu'elles soient rédigées à titre personnel ou en tant que membre de l'Académie d'agriculture de France, ont été rédigées à mon initiative, sans commande ni rémunération sous quelque forme que ce soit.

 

Je n'ai jamais contacté aucun membre de la Société française du cancer avant la publication de cet article, et je n'ai bien sûr aucun moyen de pression sur eux qui puisse les influencer. Ceux-ci sont d'ailleurs tous des cancérologues de haut niveau, qui n'ont besoin d'aucun consultant pour interpréter les données scientifiques sur l'impact des pesticides sur le cancer. S'il est réellement arrivé qu'ils aient cité mes articles pour justifier leur refus de se joindre à une tribune du Monde, c'est sans doute parce qu'ils considéraient que ces articles reflétaient mieux l'état des connaissances scientifiques que cette tribune ».

 

Qu'advint-il ?

 

Le Monde l'a publié au bas de la version électronique de l'article incriminé... mais pas (du moins à notre connaissance) dans son journal papier.

 

Que faut-il en conclure ?

 

Le Monde a jugé ce droit de réponse suffisamment sérieux pour donner suite à la demande dans ses archives électroniques – qui ne seront consultées qu'occasionnellement par des personnes intéressées spécifiquement par l'article incriminé – mais a refusé de le porter à la connaissance de l'ensemble du lectorat de son édition papier, dans laquelle l'article avait également été publié !

 

Nous croyons savoir qu'il y a pourtant eu une relance...

 

Mais il est possible que le responsable du dossier ait eu, à chaque fois, piscine...

 

 

Quelques compléments...

 

M. Philippe Stoop a aussi produit le 28 octobre 2024 un billet sur LinkedIn, « Une société savante de cancérologie sous l’influence d’un consultant de l’agrochimie ? ».

 

En voici un extrait :

 

« En effet, quelques lignes après m’avoir présenté comme "consultant pour de grandes sociétés agro-industrielles", Stéphane Foucart explique : "En avril [2024], par exemple, la Société française du cancer a, selon nos informations, renoncé à endosser une tribune soumise au Monde sur les liens entre pesticides et cancer, après que certains de ses membres ont fait circuler en interne des billets de MM. Heitz et Stoop comme éléments de relativisation des risques réels présentés par ces substances."

 

Le mauvais côté de cette histoire était le risque que mon employeur prenne ombrage de découvrir, dans un journal aussi sérieux que Le Monde, que j’exercerais en douce des activités de consulting en marge de mon travail salarié. J’espère avoir réussi à le rassurer sur le fait que c’est absolument faux.

 

Reste le côté positif : si l’informateur de Stéphane Foucart sur la SFC a dit vrai, cela voudrait dire que (conjointement à André HEITZ, que je salue au passage), j’aurais eu une influence significative sur une société savante dont je n’ai jamais rencontré aucun membre, probablement grâce à quelques articles parus sur le site European Scientist[i].

 

Mais même ce bon côté peut avoir une face sombre. Cette anecdote est flatteuse si on l’interprète comme la preuve que mes articles (comme ceux d’André Heitz) ont été jugés scientifiquement valides par la SFC. Elle l’est beaucoup moins si les deux individus susnommés ont fait pression sur elle pour l’empêcher de s’associer à une tribune, qu’elle aurait signée sinon. Reste à savoir de quels moyens de pression occultes disposaient ces deux lobbyistes cachés. L’un étant retraité de la fonction publique internationale, et l’autre salarié d’une PME, la piste de la corruption parait au-dessus de leurs moyens financiers. Auraient-ils des informations personnelles compromettantes sur les membres de la SFC ? Espérons que la taupe foucartienne a encore des révélations supplémentaires en réserve, pour crédibiliser la piste de pressions de nature non scientifique. »

______________

 

[i] Pesticides et cancers chez les agriculteurs : la fuite en avant vers l’irréfutabilité (première partie) et

 

Pesticides et cancers chez les agriculteurs : la fuite en avant vers l’irréfutabilité (2ème partie)

 

Nous attendons toujours...

 

 

Organisme de recherche publique mis en cause par Le Monde (allégorie générée par Bing Images) – allusion au fait que, même sollicitée la Société Française du Cancer n'a pas souhaité réagir à sa mise en cause dans l'article du Monde (Source)

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M
Quel panier de crabes écolo !<br /> Et si on arrêtait de financer la presse par le biais des aides à la presse c'est à dire mes impôts ?
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