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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Des agriculteurs parlent d'une seule voix : l'agriculture régénératrice est l'avenir

28 Mai 2025 Publié dans #Agriculture régénératrice

Des agriculteurs parlent d'une seule voix : l'agriculture régénératrice est l'avenir

 

Sarah Singla, Réseau Mondial d'Agriculteurs*

 

 

 

 

Dès 1937, Franklin Delano Roosevelt a constaté les dégâts causés par la dégradation et l'érosion des sols.

 

« La nation qui détruit son sol se détruit elle-même », écrivait le président après une période agitée de tempêtes de poussière et d'inondations.

 

C'était une bonne observation, surtout pour quelqu'un qui n'avait pas de lien personnel avec l'agriculture. Roosevelt voulait commander les forces du gouvernement pour sauver les sols américains.

 

Aujourd'hui, les agriculteurs prennent la tête de l'effort mondial de protection de nos sols. Notre cause porte un nom : l'« agriculture régénératrice ».

 

Un groupe d'entre nous s'est récemment réuni pour rédiger et signer une déclaration : « Nous, agriculteurs, affirmons notre engagement en faveur de l'agriculture régénératrice comme moyen d'améliorer les fonctions écologiques de l'agriculture, de nourrir nos communautés avec des aliments sains et nutritifs et d'assurer un avenir prospère aux générations futures, en accordant la priorité à la dignité et au bien-être des communautés agricoles. »

 

 

 

 

Nous sommes venus du monde entier. Je suis agricultrice en France et mes cosignataires sont des hommes et des femmes d'Argentine, du Brésil, du Danemark, des États-Unis, d'Inde, du Kenya et des Pays-Bas. Nos origines peuvent laisser penser que nous n'avons pas grand-chose en commun. Nous cultivons des plantes différentes et produisons une gamme variée de denrées alimentaires, d'aliments pour animaux, de combustibles, de fibres et de produits forestiers. Nous sommes confrontés à des défis variés : ravageurs, mauvaises herbes, climat, etc.

 

Pourtant, nous partageons la même conviction que l'agriculture régénératrice, fondée sur l'agronomie, est l'avenir de l'agriculture, car elle s'efforce de produire une abondance de nourriture d'une manière durable.

 

Nous nous concentrons sur le sol, qui est le premier outil de production de chaque agriculteur. Si nous le maintenons en bonne santé, nous produirons des aliments sains. Nous produirons également plus avec moins – plus de nourriture, combinée avec moins de mécanisation, moins de consommation de carburant, et même moins de surface. Nous nous appuyons sur l'agronomie, qui est la science de l'agriculture, et nous nous tournons vers la technologie et l'innovation pour nous aider à atteindre nos objectifs.

 

Certains agriculteurs découvrent l'agriculture régénératrice. Je suis née dedans, puisque mon exploitation du sud de la France a commencé à se concentrer sur la conservation des sols en 1980. Aujourd'hui, nous cultivons principalement des céréales et des légumineuses, ainsi que des prairies pour le pâturage.

 

L'agriculture régénératrice commence par un engagement de principe en faveur de la conservation des sols, mais les détails varient en fonction des conditions et des besoins locaux.

 

Dans mon exploitation, par exemple, nous semons des cultures de couverture juste après la culture commerciale. Cela signifie que nous obtenons deux récoltes chaque année dans le même champ.

 

La culture commerciale a une valeur marchande et nous la produisons pour obtenir un revenu. La culture de couverture, qui suit, offre de nombreux services à la ferme, à commencer par la simple tâche de couvrir le sol pour le protéger des éléments. C'est comme une couverture qui protège de la chaleur, du gel et du vent. Dans le sol, elle retient l'humidité, préserve la biodiversité et prévient l'érosion. Elle recycle également les nutriments.

 

Le résultat est un champ prêt à accueillir la prochaine culture commerciale. Les cultures de couverture offrent également d'autres avantages. Le bétail peut les brouter. En fonction de ce que nous avons semé, nous pouvons récolter les cultures de couverture pour l'alimentation du bétail.

 

Le plus important est que nous obtenons deux récoltes à partir d'un seul champ. Au cours d'une même année, nous pouvons produire des denrées alimentaires ET des aliments pour animaux, des denrées alimentaires ET des fibres, ou des denrées alimentaires ET du carburant. C'est à nous de choisir, grâce à notre engagement en faveur de l'agriculture régénératrice.

 

En rédigeant une déclaration sur l'agriculture régénératrice, notre objectif est de montrer que les agriculteurs, qui travaillent en permanence dans les champs, savent qu'il s'agit de l'avenir de la production alimentaire, et d'informer les décideurs politiques, qui n'ont souvent pas de connaissances en agriculture, sur ce que nous faisons et pourquoi.

 

Nous pensons que si les agriculteurs du monde entier peuvent produire là où ils vivent, en tirant le meilleur parti possible de chaque mètre carré de sol sain, nous parviendrons à assurer la sécurité alimentaire de nos communautés et au-delà, et nous encouragerons les jeunes à embrasser notre profession.

 

Huit d'entre nous ont rédigé et signé le document. Nous chercherons bientôt à obtenir d'autres signatures. Nous parlons d'une seule voix sur l'agriculture régénératrice et l'avenir de l'agriculture.

 

Nous avons hérité de la terre de nos parents et de nos ancêtres. Aujourd'hui, nous en sommes les gardiens, car nous préparons nos fermes pour les transmettre à nos enfants et à la génération suivante.

 

L'agriculture régénératrice est la voie à suivre.

 

__________________

 

Sarah Singla

 

Sarah Singla produit du blé, du triticale de semence, du colza, de la luzerne, des pois d'hiver et de nombreuses cultures de couverture dans une ferme familiale du sud de la France. Sarah est titulaire d'une bourse Nuffield et membre du Réseau Mondial d'Agriculteurs (Global Farmer Network).

 

Source : Farmers Speak with One Voice: Regenerative Agriculture is the Future – Global Farmer Network

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Commenter cet article
S
2 récoltes par an, si c’est pour tout exporter, ça risque plutôt de dégrader le sol, et en tout état de cause ça oblige au moins à apporter davantage d’engrais. Les cultures intermédiaires sont surtout intéressantes quand elles ne sont pas récoltées.
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