Bayer prévoit-il un grand coup libérateur – Monsanto fait-il faillite ?
Karl Bockholt, AGRARHEUTE*
© Klaus Strotmann
Bayer planifie-t-elle le coup de grâce contre les procès de masse portant sur le glyphosate avec la faillite de Monsanto ?
Aux États-Unis, le groupe chimique veut faire face à l'énorme vague de procès liés au glyphosate. La faillite de Monsanto sera-t-elle demandée ?
Selon les médias, les procès liés à l'herbicide Roundup à base de glyphosate seront peut-être bientôt réglés. Bayer envisagerait de demander la mise en faillite de Monsanto. Ce serait peut-être un grand coup libérateur pour le groupe.
Selon le Wall Street Journal, qui se réfère à des initiés, le groupe envisagerait apparemment la faillite de Monsanto en cas d'échec d'un accord avec des plaignants demandant des dommages et intérêts. Monsanto avait développé le glyphosate et avait été racheté par Bayer en 2018 pour environ 63 milliards de dollars US. Selon l'article de presse, Bayer prévoit de régler certaines des plaintes de masse contre le Roundup devant un tribunal du Missouri. C'est là que la plupart des plaintes sont en cours.
Si Bayer demandait la faillite de Monsanto, le dépôt de bilan stopperait donc les plaintes contre Monsanto. Ce serait alors un grand coup de pouce pour régler la part de responsabilité du Roundup et du glyphosate devant le tribunal des faillites, écrit également money.usnwes.com en se référant à Thomson Reuters.
Le groupe chimique aurait entre-temps versé près de 10 milliards de dollars US pour régler des affirmations controversées selon lesquelles le Roundup, à base de glyphosate, provoquerait le cancer. Environ 67.000 autres cas sont en suspens, pour lesquels le groupe a constitué des provisions à hauteur de 5,9 milliards de dollars US.
Au 31 janvier 2025, Bayer a indiqué avoir réglé environ 114.000 des quelque 181.000 plaintes actuelles par des règlements ou les plaintes n'auraient pas rempli les conditions requises. Le groupe aurait donc gagné la plupart des procès et est convaincu de sa stratégie.
Le mois dernier, Bayer a déposé une pétition auprès de la Cour Suprême des Etats-Unis afin de limiter les plaintes et d'éviter des dommages potentiels de plusieurs milliards. Une décision pourrait être prise le mois prochain. Selon Bayer, un jugement positif de la Cour Suprême américaine pourrait mettre fin à la plupart des litiges.
La question juridique qui se pose dans de nombreuses procédures d'appel est de savoir si les prétentions relatives à l'absence présumée d'avertissements sur le produit, qui reposent sur la législation de certains États américains, sont exclues par le droit fédéral. Bayer estime que ces prétentions ne sont pas valables. Selon l'Agence Américaine de Protection de l'Environnement, le Roundup n'est pas cancérigène, et l'agence avait approuvé le produit sans exiger un avertissement [ma note : en fait, le droit fédéral interdit les avertissements autres que ceux prescrits].
Depuis les jugements sur le glyphosate, Bayer a essuyé de nombreux revers. Le groupe doit en outre faire face à la pression des investisseurs pour vendre des parties de l'entreprise. En Allemagne, l'entreprise rationalise sa division agricole. Un abandon complet du glyphosate est également envisagé.
En outre, le secrétaire américain à la santé Robert F. Kennedy, 71 ans, aurait récemment établi un lien entre les maladies chroniques et le glyphosate dans un rapport non encore publié sur « Make America Healthy Again », ce qui a fait chuter l'action Bayer. Selon les médias, Kennedy aurait personnellement participé à un litige dans le cadre duquel Monsanto a été condamné à verser 289 millions de dollars US [ma note : c'est un fait, c'est l'affaire Dewayne « Lee » Johnson]. Selon les chiffres du groupe pour le premier trimestre 2025, le bénéfice d'exploitation (Ebitda) a chuté de 7,4 pour cent à 4,09 milliards d'euros, soit un peu moins que prévu auparavant.
Avec du matériel du Wall Street Journal, de Bayer, de moneyusnews
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* Karl Bockholt est rédacteur cross-média chez AGRARHEUTE, responsable des grandes cultures et des prairies. Il travaille depuis plus de 30 ans au Deutscher Landwirtschaftsverlag (dlv), après avoir travaillé pour Feld & Wald (Girardet) et agrar-praxis (Konradin). Agriculteur et ingénieur diplômé, il gère sa ferme dans le Münsterland en tant qu'activité secondaire. Il est cavalier, chasseur et amoureux de la nature.
Source : Plant Bayer großen Befreiungsschlag - Monsanto bankrott? | agrarheute.com