Une lettre de M. Lech Walesa et d'autres à M. Donald Trump
Je sors de ma bulle...
Lech Walesa, une des figures emblématiques de la résistance au totalitarisme communiste, ancien leader du syndicat Solidarnosc, ancien président de la Pologne et prix Nobel de la paix en 1983, a envoyé, avec une quarantaine d’autres anciens opposants politiques au régime communiste polonais, une lettre ouverte au président Trump. Je pense – comme M. Yves Cunin, de qui je reprends le texte publié sur LinkedIn – qu’il est important que le plus grand nombre en prenne connaissance.
« Excellence, Monsieur le Président,
Nous avons suivi votre rencontre avec le président Zelenski à la Maison-Blanche avec crainte et dégoût. Il est insultant que vous attendiez de l’Ukraine qu’elle exprime sa gratitude pour l’aide matérielle des États-Unis dans sa lutte contre la Russie. Nous devons gratitude aux héroïques soldats ukrainiens qui versent leur sang depuis plus de 11 ans pour défendre les valeurs du monde libre et leur patrie attaquée par la Russie de Poutine. Comment le dirigeant d’un pays qui est le symbole du monde libre peut-il ne pas le reconnaître ?
L’atmosphère dans le Bureau ovale pendant la rencontre nous a rappelé les interrogatoires des services de sécurité et des tribunaux communistes. À l’époque, les procureurs nous disaient qu’ils détenaient tout le pouvoir alors que nous n’en avions aucun. Ils supprimaient nos libertés parce que nous refusions de coopérer ou d’exprimer notre gratitude envers le régime communiste. Nous sommes choqués que le président Zelensky ait été traité de la même manière.
L’histoire montre que lorsque les États-Unis s’éloignent des valeurs démocratiques et de leurs alliés européens, ils se mettent en danger. Le président Woodrow Wilson l’avait compris en 1917, lorsque les États-Unis sont entrés dans la Première Guerre mondiale. Roosevelt l’avait compris après Pearl Harbor en 1941, conscient que défendre l’Amérique signifiait combattre à la fois dans le Pacifique et en Europe.
Sans le président Reagan et le soutien financier des États-Unis, l’effondrement de l’empire soviétique n’aurait pas été possible. Reagan a qualifié l’URSS d’« empire du mal » et l’a affronté avec détermination. Nous avons gagné, et aujourd’hui sa statue est à Varsovie, face à l’ambassade des États-Unis.
Monsieur le Président, une aide militaire et financière ne peut être comparée au sang versé pour l’indépendance de l’Ukraine, pour la liberté de l’Europe et du monde. La vie humaine n’a pas de prix. Nous devons être reconnaissants à ceux qui sacrifient leur sang et leur liberté, ce qui est une évidence pour nous, anciens prisonniers politiques du régime communiste sous la Russie soviétique.
Nous exhortons les États-Unis à respecter le Mémorandum de Budapest de 1994 qui établit une obligation directe de défendre les frontières et la souveraineté de l’Ukraine en échange de l’abandon de ses armes nucléaires. Ces garanties sont inconditionnelles: elles ne suggèrent nulle part que cette aide est une simple transaction économique.
Lech Wałęsa, ancien prisonnier politique, dirigeant de Solidarité, président de la Pologne, le 3 mars 2025.
_______________
* Source : https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7320029282943078400/
Ma note : Les commentaires valent aussi lecture.