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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Point de vue : Robert F. Kennedy Jr, l'homme le plus inefficace de l'administration Trump

19 Avril 2025 Publié dans #Etats-Unis d'Amérique, #Robert F. Kennedy, #Santé publique, #Politique

Point de vue : Robert F. Kennedy Jr, l'homme le plus inefficace de l'administration Trump

 

Amanda Zaluckyj, AGDAILY*

 

 

Image : mikeledray, Shutterstock

 

 

C'est ainsi que cela commence. Cette semaine, le secrétaire d'État à la Santé et aux Services Sociaux, Robert F. Kennedy Jr, a lancé une vaste initiative visant à étudier les liens potentiels entre les toxines environnementales – telles que les pesticides, les additifs alimentaires et les moisissures – et les maladies chroniques telles que l'autisme.

 

Dans un discours prononcé dans l'Indiana, M. Kennedy a annoncé qu'il trouverait la « cause » de l'autisme d'ici au mois de septembre (ce qui est contraire au processus scientifique : on est censé partir d'une hypothèse, et non d'une conclusion). Cette approche agressive n'est pourtant pas surprenante, car M. Kennedy a longtemps accusé ces « toxines » d'être à l'origine de toute une série de problèmes de santé, sans qu'aucune preuve ne vienne étayer ses affirmations.

 

 

Mais il y a un hic : Nombre de ces questions ont déjà été posées – et des réponses y ont été apportées. Les scientifiques ont mené des recherches approfondies sur ces substances, notamment des études épidémiologiques, des analyses toxicologiques et des évaluations réglementaires. La loi fédérale sur les insecticides, les fongicides et les rodenticides (Federal Insecticide, Fungicide, and Rodenticide Act – FIFRA) exige un examen long et coûteux des pesticides avant qu'ils ne soient autorisés à être utilisés à des fins commerciales, ainsi que des évaluations régulières et de routine afin de garantir une sécurité permanente. Le système réglementaire n'est pas une plaisanterie. En moyenne, il faut plus de 11 ans pour que la matière active d'un nouveau pesticide passe de la découverte à la mise sur le marché, et cela coûte environ 286 millions de dollars.

 

Bien qu'aucun système ne soit parfait, ces études ont été examinées par des pairs, reproduites et, dans de nombreux cas, utilisées pour définir la politique de santé publique. Mais l'annonce de M. Kennedy donne vraiment l'impression qu'il veut revenir sur des acquis, bien qu'il ne puisse pas mettre en évidence de défauts méthodologiques dans les études scientifiques dont nous disposons déjà. Et il n'a aucune preuve que l'un ou l'autre de ses croquemitaines soit lié à une maladie chronique (M. Kennedy n'a pas mentionné les vaccins dans son discours, mais il a fait référence à des « médicaments »).

 

Pendant ce temps, le département de l'Efficacité Gouvernementale de M. Elon Musk (DOGE) s'attaque sans ménagement au gouvernement fédéral. Le DOGE est censé représenter un état d'esprit qui consiste à rationaliser le travail, à faire plus avec moins et à éviter les efforts redondants. S'il y a jamais eu un choc des philosophies, c'est bien celui-là : un département de la Santé qui fouille dans la science ancienne et les mythes démystifiés, et une initiative d'efficacité gouvernementale qui éliminerait probablement ce projet avant même que le dossier de subvention ne soit déposé.

 

 

 

 

Le reproche de M. Kennedy est que les études antérieures sur les facteurs environnementaux ne sont pas fiables parce qu'elles ont été financées, en partie, par l'industrie. Il s'agit d'une accusation sérieuse, qui mérite d'être examinée, mais qui ne saurait remplacer la critique scientifique. Si la recherche pose un réel problème, il faut en souligner les failles. Montrer où les données ont été manipulées. Remettre en question la méthodologie. C'est ainsi que fonctionne la science.

 

Mais ce n'est pas ce qui se passe ici.

 

Au lieu de cela, M. Kennedy rejette tout un ensemble de recherches en tirant argument des personnes qui ont rémunéré les scientifiques, et non des résultats de ces recherches ou de la manière dont elles ont été menées. Il s'agit d'une manœuvre astucieuse, car elle lui permet de semer le doute sans faire le difficile travail de réfuter quoi que ce soit. C'est une tactique qui se marie bien avec la méfiance des populistes à l'égard des institutions, mais qui ne tient pas la route au regard des normes scientifiques.

 

Elle révèle également l'hypocrisie de M. Kennedy. Fin 2024, avant sa confirmation au département de la Santé, il avait critiqué la Food and Drug Administration pour sa « suppression agressive » de divers produits de santé, y compris des vitamines et des nutraceutiques. Les suppléments sont souvent non réglementés et non testés. Mais lorsque des études (à la fiabilité douteuse) sont menées, elles sont le plus souvent financées par l'industrie. Apparemment, M. Kennedy n'a de problème avec la recherche financée par l'industrie que lorsque celle-ci ne partage pas ses opinions.

 

Oui, le financement de l'industrie mérite la transparence. Oui, les conflits d'intérêts doivent être divulgués. Mais ces préoccupations sont déjà intégrées dans le processus scientifique. Il existe des règles de divulgation. L'examen par les pairs existe. La réplication existe. Et surtout, la charge de la preuve incombe à M. Kennedy, qui doit démontrer que des résultats spécifiques sont erronés, et pas seulement qu'il n'aime pas ceux qui les ont financés.

 

Sinon, nous ne faisons pas de la science, nous ne faisons que rediscuter des conclusions parce que quelqu'un n'a pas aimé la réponse la première fois. C'est une tactique que M. Kennedy connaît bien.

 

 

 

 

S'il n'en tenait qu'à M. Kennedy, les contribuables paieraient la facture de la réouverture de toutes les études majeures sur la santé et la sécurité réalisées au cours des 50 dernières années. Nous rejetterions les données de l'EPA, de l'USDA, de la FDA et des CDC, non pas parce que la science est erronée, mais parce que M Kennedy n'aime pas ceux qui la soutiennent. Il créerait une utopie biologique où seuls les colporteurs de compléments alimentaires pourraient comprendre la vérité. Ce n'est pas de la précaution, c'est de la paranoïa.

 

On ne rejette pas une étude solide parce qu'elle a été financée par l'industrie, pas plus qu'on ne rejette la conception d'un pont parce qu'elle a été parrainée par une société d'ingénierie. Si les données sont vérifiées et que la méthode est solide, on va de l'avant. C'est ainsi que la santé publique progresse, et non en tournant en rond à chaque fois qu'un activiste radical invoque la « partialité ».

 

L'objectif de M. Kennedy nous fait reculer. Nous n'avons pas besoin d'étudier si les vaccins (ou ce qu'il entend par « médicaments ») causent l'autisme ; nous savons très bien que ce n'est pas le cas. Pourquoi diable gaspiller du temps, de l'argent et des ressources pour une telle enquête ? Les défis réels et actuels en matière de santé publique ne manquent pas et nécessitent une attention unifiée et volontaire.

 

Les visions de M. Kennedy et de M. Musk ne sont pas compatibles. Et il n'est pas nécessaire d'aimer l'un, ou bien l'autre, ou leurs méthodes, pour le reconnaître. Le mieux que nous puissions espérer, c'est peut-être que ces deux-là se battent.

 

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Amanda Zaluckyj tient un blog sous le nom de The Farmer's Daughter USA. Son objectif est de promouvoir les agriculteurs et de lutter contre la désinformation qui entoure l'industrie agroalimentaire américaine.

 

Source : Viewpoint: RFK Jr.: The most inefficient man in Trump's government

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