« Et Dieu créa un fermier » – discours à la FFA (Future Farmers of America) – republié avec un commentaire
Paul Harvey*
Au huitième jour, Dieu regarda son paradis planifié et dit : « J'ai besoin d'un gardien. »
– Et Dieu créa un fermier.
Dieu dit : « J'ai besoin de quelqu'un qui soit prêt à se lever avant l'aube, à traire les vaches, à travailler toute la journée dans les champs, à traire à nouveau les vaches, à dîner, puis à aller en ville et à rester jusqu'à après minuit dans une réunion de la commission scolaire. »
– Et Dieu créa un fermier.
« J'ai besoin de quelqu'un avec des bras assez forts pour secouer un veau et assez doux pour mettre au monde son propre petit-enfant ; quelqu'un qui appelle les porcs, dompte les machines acariâtres, rentre à la maison affamé, attend pour déjeuner que sa femme ait fini de nourrir les dames en visite, puis dit aux dames de revenir très vite – et le pense vraiment. »
– Et Dieu créa un fermier.
Dieu dit : « J'ai besoin de quelqu'un qui soit prêt à veiller toute la nuit un poulain nouveau-né, à le regarder mourir, puis à sécher ses yeux et à dire : "Peut-être l'année prochaine." J'ai besoin de quelqu'un qui soit capable de façonner un manche de hache à partir d'une pousse de kaki, de ferrer un cheval avec un morceau de pneu de voiture, de fabriquer un harnais à partir de liens, de sacs de nourriture et de chaussures usagées ; qui, pendant la période des semailles et la saison des récoltes, terminera sa semaine de quarante heures avant le mercredi midi, et ensuite, malgré un dos en compote à cause du tracteur, fera soixante-douze heures de plus. »
– Et Dieu créa un fermier.
Dieu devait avoir quelqu'un qui soit prêt à rouler deux fois plus vite dans les ornières pour rentrer le foin avant les nuages de pluie, et qui s'arrête au milieu du champ pour courir aider quand il voit la première fumée chez un voisin.
– Et Dieu créa un fermier.
Dieu dit : « J'ai besoin de quelqu'un d'assez fort pour dégager les arbres et soulever les balles, mais d'assez doux pour apprivoiser les agneaux, sevrer les porcs et s'occuper des poulettes, qui arrêtera sa faucheuses pendant une heure pour mettre une attelle à la patte cassée d'une alouette des champs. »
Il fallait que ce soit quelqu'un qui laboure en profondeur et en ligne droite, sans faire de raccourcis ; quelqu'un qui sème, désherbe, nourrisse, élève, ratisse, disque, laboure, plante, attache la toison, filtre le lait, réapprovisionne la mangeoire et termine une dure semaine de travail par un trajet de huit kilomètres jusqu'à l'église; quelqu'un qui soude une famille par les liens doux et solides du partage, qui rit, soupire et réponde avec des yeux souriants lorsque son fils dit qu'il veut passer sa vie à « faire ce que fait papa ».
– Et Dieu créa un fermier.
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* prononcé à Kansas City, MO, en novembre 1978.
Source : American Rhetoric: Paul Harvey – So God Made A Farmer FFA Speech (transcript-audio)
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Hbsc Xris avait commenté en 2021 :
Cela aurait pu être un beau texte s'il n'était pas carrément macho. Les femmes de la paysannerie des siècles passés ne servaient pas à manger aux "dames". Elles n'en avaient ni le temps, encore moins l'argent. Traditionnellement, elles s'occupaient du potager, des petits élevages, du ramassage du bois mort et de la traite des vaches. C'est d'ailleurs comme cela que des médecins anglais (et d'autres pays) remarquent au XIXème siècle que les adolescentes et les femmes qui traient les vaches attrapent rarement la variole. En fait, elle attrapaient régulièrement la variole de la vache, vaccinia virus, peu virulente, qui immunise contre la variole humaine beaucoup plus grave et fréquemment mortelle ou invalidante. Les multiples tâches féminines s'enchainaient de l'aube au coucher du soleil, physiquement enceintes ou allaitantes une grande partie de leur vie, tout en faisant à manger, en s'occupant des enfants (ceux qui survivaient !), et elles passaient leurs soirées à filer ou à coudre.
Les femmes travaillaient encore très dur dans les petites exploitations agricoles français des années 1960-70. Parfois effectivement, elles servaient à boire lors des gros travaux d'été, auxquelles elles participaient elles-même, mais tandis que les hommes s'affalaient dans un coin pour souffler une dizaine de minutes, elles allaient chercher les boissons et servaient tout le monde, étant souvent les seules à ne pas prendre de repos avant de repartir travailler parfois sous des cagnards dont je ne suis pas sûre qu'ils aient été moins forts que ceux d'aujourd'hui. Quand à l'époque actuelle, j'ai quelques cousines, qui certes ne peinent plus de l'aube au coucher du soleil sur l'exploitation familiale, mais vont travailler tous les jours en entreprise ou ailleurs pour gagner le "fixe" de la famille qui compense des revenus agricoles qui sont rarement à la hauteur des heures de travail de leur mari. Et le soir en rentrant, elles font à manger, s'occupent des enfants, etc, en attendant que rentre à la nuit, leur mari épuisé.