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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Des cas de grippe aviaire passés inaperçus chez des vétérinaires sont inquiétants

12 Mars 2025 Publié dans #Etats-Unis d'Amérique, #Santé publique, #Elevage

Des cas de grippe aviaire passés inaperçus chez des vétérinaires sont inquiétants

 

Henry I. Miller, ACSH*

 

 

Image : Wikimedia Commons

 

 

La découverte d'infections silencieuses par le virus H5N1 dans des populations inattendues, l'émergence de nouveaux variants et la possibilité qu'il se transforme en un virus transmissible d'homme à homme nécessitent des mesures de santé publique immédiates et globales.

 

 

Au milieu de la vague habituelle de maladies respiratoires hivernales, un rapport récent des Centres de Contrôle et de Prévention des Maladies (CDC) met en lumière une menace émergente et largement passée inaperçue : la propagation de la grippe aviaire hautement pathogène (H5N1) chez les vétérinaires.

 

Au cours de l'année écoulée, au moins 70 cas confirmés de grippe aviaire H5N1 symptomatique chez l'homme ont été recensés dans 13 États, dont un mortel. (Ces cas s'ajoutent à l'holocauste des volailles et des vaches : « La maladie a touché plus de 165 millions de poulets, de dindes et d'autres oiseaux dans presque tous les États depuis le début de l'épidémie chez les volailles en 2022 et a été détectée dans plus de 970 troupeaux de bovins et de vaches laitières dans 17 États. »)

 

La plupart des cas humains ont été bénins et il n'y a pas eu de cas connu de transmission de personne à personne, mais le rapport hebdomadaire sur la morbidité et la mortalité des CDC du 13 février a ajouté un nouvel élément : il décrit trois cas de H5N1 détectés chez des vétérinaires américains qui travaillent avec du bétail, deux cas n'ayant pas de source d'exposition claire. Ces infections ont été identifiées par des tests d'anticorps plutôt que par une maladie symptomatique, ce qui témoigne d'une propagation silencieuse du virus. Bien que la transmission interhumaine ne soit pas encore confirmée, quelques mutations génétiques pourraient permettre au virus de franchir ce pas, ce qui augmenterait considérablement le risque pour la santé publique.

 

 

Une propagation plus importante que prévu

 

L'analyse par les CDC d'échantillons sanguins prélevés chez 150 vétérinaires travaillant sur des bovins dans 46 États américains et au Canada pendant l'épidémie actuelle de H5N1 chez les vaches laitières et les volailles a révélé que trois praticiens américains asymptomatiques (2 %) avaient des anticorps contre le H5N1 en septembre, ce qui laisse supposer une infection récente.

 

Deux d'entre eux n'ont signalé aucune exposition à des animaux infectés, et l'un d'eux exerçait en Géorgie et en Caroline du Sud, où aucun cas n'a été recensé chez les bovins. « Ces résultats suggèrent qu'il pourrait y avoir des États où il y a des personnes et des animaux infectés par le virus A(H5) qui n'ont pas encore été identifiés », écrivent les auteurs de l'étude.

 

Bien que les vétérinaires infectés aient déclaré porter des gants ou d'autres équipements de protection lorsqu'ils s'occupaient du bétail, aucun ne portait de protection respiratoire ou oculaire, ce qui est pourtant recommandé lorsqu'on travaille avec des animaux, même non infectés, dans les régions où des cas ont été confirmés. Comme l'écrivent les chercheurs, « on sait que le virus HPAI A(H5) est présent en fortes concentrations dans le lait produit par les bovins infectés, ce qui introduit un risque d'infection par exposition respiratoire, oculaire et gastro-intestinale ».

 

Des études expérimentales ont confirmé que le virus H5N1 peut être transmis par le lait de vache (non pasteurisé), ce qui ne fait qu'aggraver les inquiétudes. En réaction, les autorités sanitaires préconisent vivement la mise en place d'initiatives nationales d'analyse du lait afin de détecter et de limiter les sources potentielles d'exposition. Sans ces tests, nous risquons de passer à côté de petites modifications génétiques du virus qui pourraient lui permettre de se propager beaucoup plus facilement chez l'homme, ce qui est déjà préoccupant.

 

Un exemple est l'émergence au Nevada d'un nouveau variant du H5N1, D1.1, qui semble mieux s'adapter aux cellules des mammifères, ce qui soulève des inquiétudes quant à sa capacité à infecter plus efficacement les humains. Alors que les CDC s'efforcent de suivre l'évolution de la situation, les retards dans les communications des agences fédérales de santé ont entravé le partage des informations et les efforts de réponse. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s'est inquiétée de l'absence récente de rapports des CDC sur les plate-formes mondiales de surveillance de la grippe, soulignant que la coopération mondiale est vitale pour la préparation aux pandémies.

 

La désinformation et les interprétations erronées ont déjà semé la confusion dans l'opinion publique. Les premiers rapports suggéraient une transmission du H5N1 du chat à l'homme, ce qui a été démenti par la suite. Les preuves indiquent plutôt que des travailleurs du secteur laitier ont infecté par inadvertance des chats par l'intermédiaire de vêtements de travail contaminés. Néanmoins, le risque de transmission de l'infection de l'animal à l'homme reste une préoccupation urgente, en particulier dans les milieux où les produits laitiers non pasteurisés et la manipulation d'animaux vivants sont fréquents.

 

 

Recommandations et mesures préventives

 

Pour limiter les risques, le département californien de la santé publique recommande les mesures de protection suivantes aux « vétérinaires praticiens » :

 

– Éviter tout contact direct et non protégé avec des animaux suspectés ou confirmés d'être atteints de la grippe aviaire, y compris les carcasses, les déchets animaux et les surfaces ou sources d'eau contaminées.



– Porter des équipements de protection individuelle (EPI), notamment des respirateurs approuvés par le NIOSH (masques N-95), des gants jetables, des lunettes de protection ou des écrans faciaux, et des blouses jetables ou spécialisées lors de la manipulation d'animaux potentiellement infectés.



– S'abstenir de consommer ou de donner aux animaux de compagnie du lait cru (non pasteurisé), des produits laitiers ou des aliments crus pour animaux de compagnie.



– Signaler aux autorités locales les signes de grippe aviaire chez les animaux, tels que fièvre, somnolence, manque de

 

L'enquête des CDC sur les anticorps viraux chez les vétérinaires pratiquant la médecine bovine a révélé qu'aucun de ceux dont les tests d'anticorps étaient positifs n'avait été exposé de manière connue à du bétail infecté. Cela suscite de vives inquiétudes quant aux voies de transmission non détectées et souligne la nécessité d'une surveillance systémique du bétail et des produits laitiers, en plus des mesures de protection énumérées ci-dessus.

 

 

Appel à la vigilance

 

L'expansion du virus H5N1 dans des populations inattendues, l'émergence de nouveaux variants tels que le D1.1 et son potentiel d'évolution vers un virus transmissible d'homme à homme nécessitent des réponses immédiates et globales en matière de santé publique. Malgré l'absence actuelle de cas humains symptomatiques chez les vétérinaires, la propagation silencieuse à ces derniers nécessite une surveillance accrue, une communication solide entre les agences sanitaires et des mesures préventives généralisées. Nous devons agir avant que le virus n'acquière les mutations dont il a besoin pour se propager plus efficacement chez l'homme.

 

_______________

 

Henry I. Miller, MS, MD, est Glenn Swogger Distinguished Fellow à l'American Council on Science and Health. Ses recherches portent sur les politiques publiques en matière de science, de technologie et de médecine, dans un certain nombre de domaines, notamment le développement pharmaceutique, le génie génétique, les modèles de réforme réglementaire, la médecine de précision et l'émergence de nouvelles maladies virales. Le Dr Miller a travaillé pendant quinze ans à la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis, où il a occupé plusieurs postes, notamment celui de directeur fondateur de l'Office of Biotechnology.

 

Source : Previously Undiscovered Cases of Avian Flu in Veterinarians Are Worrisome | American Council on Science and Health

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D
Il y a déjà plusieurs mois que les autorités sanitaires recommandent aux personnes en contact avec les animaux (éleveurs, vétérinaires, personnel des abattoirs...) de se faire vacciner contre la grippe. L'objectif est de réduire le risque de recombinaison avec les virus grippaux des animaux d'élevage.<br /> Aux US et en France.
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H
Les 'cas' révélés sont des cas d'animaux EMPOISONNÉS ! qui viennent de l'alimentation.<br /> Rappel: Un 'virus' (nano-poussières INOFFENSIVE sauf poussières radioactives) est à ne PAS CONFONDRE avec un microbe !!<br /> Une bactérie infectée change de nom en microbe.<br /> <br /> Il n'y a donc PAS de 'grippe aviaire' ou de 'vaches folles', 'tremblante du mouton', 'diarrhées du porc', etc !
Répondre
J
Prenez vos cachets, ça va aller ;)