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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Bonus Eventus : Requiem pour un guerrier de la communication

2 Mars 2025 Publié dans #Bonus Eventus, #Risk-monger (David Zaruk)

Bonus Eventus : Requiem pour un guerrier de la communication

 

David Zaruk*

 

 

 

 

Juste avant Noël 2024, trois mois après un assaut militant coordonné et mensonger, l'agence de conseil en communication v- Fluence a entamé le processus de fermeture de ses services de veille sur les biotechnologies, la protection des cultures, le commerce agricole et les systèmes alimentaires.

 

Au cours des 20 dernières années, un grand nombre d'agronomes, de phytobiologistes et de chercheurs du monde universitaire et de l'industrie se sont appuyés sur le service de veille quotidienne pour se tenir informés des campagnes militantes, de l'évolution de la réglementation mondiale et des progrès de la recherche. Les courriels quotidiens de Jay Byrne, connus sous le nom de Bonus Eventus (résultats favorables), arrivaient tous les matins sans faute. Je trouvais ces informations extrêmement instructives et je ne suis pas le seul à regretter ce service irremplaçable.

 

 

Les symptômes

 

Le 27 septembre 2024, une ONG appelée Lighthouse Reports a publié un document intitulé « Poison PR » (relations publiques empoisonnées) qui tentait d'exposer v-Fluence comme un opérateur clé dans les campagnes mondiales de lobbying en faveur des pesticides, qui aurait reçu des fonds du contribuable américain pour « forcer les agriculteurs africains à semer des cultures génétiquement modifiées » tout en s'efforçant de saper les activités des militants des ONG. Ils ont dépensé des dizaines de milliers de dollars et plus d'un an de recherche sur l'organisation, envoyant de nombreuses demandes d'informations, mais ont finalement dû recourir à des mensonges et à des jeux de mots pour étayer leurs affirmations.

 

Mais l'ONG n'était pas intéressée par les faits ni par la simple publication d'un rapport. En coordination avec des bailleurs de fonds et des groupes d'intérêt, elle a mis en œuvre une série d'actions visant à mettre une entreprise en faillite. Leurs exploits ont réécrit le livre sur la façon dont les campagnes d'activisme doivent être menées aujourd'hui.

 

  1. L'ONG disposait de réseaux d'activistes indépendants, prétendant être des journalistes, aux États-Unis, en France, aux Pays-Bas, en Australie, au Kenya, en Inde... qui ont amplifié le rapport pendant les semaines qui ont suivi, en donnant leur propre tournure à l'affaire avec des articles syndiqués et des ONG locales développant leurs propres campagnes pour vilipender v-Fluence au niveau mondial.

 

  1. Lighthouse Reports a reçu 800.000 dollars de subventions de la Oak Foundation et de l'Agroecology Fund. L'argent n'était pas un problème puisque les chercheurs prenaient l'avion partout pour interviewer les différents acteurs de leur histoire et former les activistes. La Oak Foundation reçoit des fonds dédiés versés par des donateurs (argent donné par un groupe d'intérêt pour être affecté, de manière anonyme, à une campagne ciblée), de sorte que la source ultime de leur financement est inconnue.

 

  1. Plusieurs cabinets d'avocats américains spécialisés en droit de la responsabilité civile ont participé aux recherches menées dans le cadre du Lighthouse Report. Des informations confidentielles provenant de documents versés au dossier dans le cadre d'un procès sur le paraquat impliquant l'un des clients du cabinet de conseil ont été divulguées à Carey Gillam, militante de l'Environmental Working Group, qui dirigeait de facto la campagne des Lighthouse Reports. Mme Gillam a des antécédents de collusion avec les avocats américains spécialisés dans la responsabilité civile. Par l'intermédiaire de Mme Gillam, les avocats spécialisés dans les recours collectifs ont fabriqué le récit de la conspiration des entreprises, qui est devenu le mantra des militants, rapporté comme un fait par leurs partenaires médiatiques.

 

  1. Pendant que les militants menaient une campagne médiatique d'un mois contre v-Fluence et ses amis, des cabinets d'avocats aux États-Unis et en Europe intentaient d'autres actions contre la petite société de conseil, ne lui laissant d'autre choix que de licencier du personnel et d'entamer le processus d'arrêt de ses activités.

 

Voilà un aperçu de l'activisme des années 2020. Les fondations fournissent aux ONG des fonds illimités pour travailler avec des groupes de médias (également financés par ces mêmes fondations), des universitaires et des cabinets d'avocats spécialisés dans la responsabilité civile afin de coordonner un assaut massif de presse négative, de poursuites judiciaires et d'indignation publique à l'échelle mondiale.

 

Mais comme les lions prédateurs qu'ils sont, nous ne devrions pas les condamner pour avoir mangé le zèbre le plus vulnérable. Il est dans leur nature, en tant que fanatiques, d'attaquer sans pitié pour gagner une campagne (même si cela implique de multiples transgressions éthiques). La cause de la disparition de v-Fluence est plutôt liée à la lâcheté du troupeau.

 

 

La cause

 

Le fondateur de v-Fluence, Jay Byrne, avait tenté, héroïquement, de survivre à l'assaut des activistes. Les activistes ont mis au point une stratégie de campagne sophistiquée, et la première phase d'attaque avait suivi son cours. Les activistes et les cabinets d'avocats spécialisés dans la responsabilité civile étaient passés à la phase de harcèlement judiciaire que la société de conseil combattait. Mais le troisième niveau d'attaque, qui consistait à menacer les clients de v-Fluence (des associations professionnelles et plusieurs entreprises), a coupé l'oxygène de la société de conseil.

 

En l'espace de quelques semaines, les entreprises et les associations professionnelles ont écrit à v-Fluence pour mettre fin à leurs contrats et à leur soutien, laissant un bureau d'une quarantaine de chercheurs et d'experts politiques sans emploi juste avant Noël. Le secteur aurait dû se mobiliser pour défendre l'entreprise qui a fourni des ressources et un soutien précieux (souvent sans rémunération). Au lieu de cela, il a reculé devant les menaces des avocats et des militants, ce qui a rendu l'entreprise plus vulnérable et plus exposée que jamais.

 

Ce n'est pas la première fois que l'industrie se met la tête entre le sable plutôt que de s'opposer aux activistes et, malheureusement, ce ne sera pas la dernière. La sophistication de la coordination entre les militants, les ONG, les médias, les scientifiques, les fondations et les campagnes sur la responsabilité civile signifie qu'ils continueront à influencer la politique et la perception narrative. L'objectif des cabinets d'avocats spécialisés dans la responsabilité civile était de présenter les groupes soutenant les OGM et les pesticides comme déficients sur le plan éthique. Ils s'en serviront pour susciter l'indignation des jurés (afin de compenser leur manque de preuves scientifiques).

 

 

Quel était l'objectif ultime aux yeux de l'industrie ?

 

La lâcheté de l'industrie a entraîné la perte d'un acteur important de la communication. Les chercheurs doivent dire à leur direction qu'il est temps de s'opposer aux fanatiques, de défendre leur industrie et leurs technologies innovantes.

 

Il faut du courage, mais jusqu'à présent, il n'y en a pas eu. Les entreprises de semences doivent se réveiller.

 

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de Seed World.

 

______________

 

David Zaruk est un professeur basé à Bruxelles qui écrit sur la politique des risques environnementaux et sanitaires au sein de la bulle de l'UE. Il tient un blog sous le nom de The Risk-Monger.

 

Source : Bonus Eventus: Requiem for a Communications Warrior - Seed World

 

 

 

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J
Et après les ONG critiquent les lobbies pleins d'argent...
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