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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Sanctions contre la Russie ? « Réfléchir avant d’agir ! »

1 Février 2025 Publié dans #Divers

Sanctions contre la Russie ? « Réfléchir avant d’agir ! »

 

Arthur Portier*

 

 

 

 

Cette journée de deuil national pour le 39e président des Etats-Unis [9 janvier 2025] offre l’opportunité de mettre en avant un point essentiel : avant de sanctionner, il convient d’analyser !

 

En 1980, Jimmy Carter, alors président des Etats-Unis, met en place un embargo sur les exportations de céréales à destination de l'URSS**. Bien qu’en 1981, cet embargo ait été annulé par le nouveau président Reagan, qui estimait que cela faisait du tort aux producteurs US, le message a été reçu 5/5 par le Kremlin. Désormais conscients que les céréales sont une arme diplomatique importante, les Russes vont investir, se développer, s’organiser pour peu à peu effacer leur dépendance. En 2014, à la suite des sanctions européennes, la Russie s’offre même « le luxe » de mettre en place un embargo sur les produits alimentaires européens.

 

S’en suit un développement rapide de l’agriculture et c’est ainsi qu’à partir de 2000, le pays passe d’importateur net de blé à exportateur net. Depuis, la Russie s’affiche comme le premier exportateur mondial de blé tendre !

 

En ce début 2025 s’ouvre une séance de réflexion sur la mise en place de nouveaux tarifs concernant les engrais importés en provenance de Russie. Pourtant, les chiffres sont formels, l’Union européenne reste dépendante des importations en provenance de ce pays. Pour l’heure, autour de 25 % des importations d’engrais azotés en Europe le sont au départ de la Russie. Notre indépendance n’est donc pas acquise et taxer davantage, c’est porter un nouveau coup à la compétitivité de la filière européenne. Dans le même temps par effet miroir, il est de bon ton d’analyser les destinations principales des exportations russes. Pour cause, l’Europe ne pèse pas autant qu’elle l’espère et ce sont bien les Etats-Unis qui glanent la première place sur les engrais azotés. Ainsi, l’impact des sanctions sur ce dossier pourrait être limité pour l’économie russe et, dans le même temps, pénalisant pour la filière française notamment.

 

Sanctionner le Kremlin, c’est donc prendre le risque de voir la Russie se renforcer. Cette réflexion est à l’ordre du jour puisqu’un nouveau dossier est sous le feu des projecteurs avec les semences. Fleuron français, la volonté d’intégrer ce secteur dans le paquet de sanctions de l’Union européenne envers la Russie pourrait être on ne peut plus contreproductif. Regardons le passé pour analyser le présent et construire l’avenir. C’est ce que nous avons tenté de faire avec Sébastien ABIS et Thierry Pouch à travers une étude prospective sur le possible revers des sanctions à moyen terme.

 

Cessons d’être naïfs sur les ambitions de nos concurrents !

 

______________

 

* Consultant chez Argus Média, agriculteur, expert associé du club Demeter.

 

** M. Freddy Dutoit a commenté :

 

« L'embargo des EU en 1980 ne touchait pas la totalité des exportations mais le part qui dépassait les quotas que la Russie avait négociés avec les EU. En d'autres termes, cet "embago" était plutôt symbolique et n'a jamais été efficace. (C'était le sujet de ma thèse de fins d'études universitaires, il y a beaucoup d'années.) Pour être efficace, le pays devrait dépendre des livraisons d'un produit d'une façon importante et ne pas avoir des alternatives à disposition. Leçon que la Chine a très bien comprise et qui est au coeur de leur diplomatie économique. »

 

Source : https://www.linkedin.com/posts/arthur-portier-29488779_r%C3%A9fl%C3%A9chir-avant-dagir-cette-journ%C3%A9e-activity-7283014638055657472-46zO/

 

Ma note : Voir et écouter aussi :

 

(Source)

 

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