Rapport : l'activisme anti-OGM a coûté des millions de dollars au Kenya
Mark Lynas, Alliance Cornell pour la Science*
L'activisme anti-OGM a coûté au Kenya des millions de dollars en perte de production en refusant aux agriculteurs l'accès aux semences améliorées pendant de nombreuses années.
Les cultures génétiquement modifiées au Kenya ont fait l'objet d'une longue campagne de désinformation et d'alarmisme. Des hommes politiques de premier plan ont affirmé à tort que leur consommation ferait pousser la barbe aux femmes, et des agences militantes non étatiques ont intenté de nombreuses actions en justice pour empêcher les agriculteurs de les utiliser.
En réalité, les cultures génétiquement modifiées présentent des caractéristiques qui peuvent bénéficier à la fois aux agriculteurs et aux citoyens. Les agriculteurs qui cultivent du coton et du maïs résistants aux insectes, ou des pommes de terre résistantes au mildiou, peuvent obtenir de meilleurs rendements en utilisant moins de produits agrochimiques, ce qui leur permet d'économiser de l'argent et de protéger leur santé. Les caractères de tolérance à la sécheresse peuvent améliorer les récoltes de maïs lors des années sèches, ce qui permet au pays d'économiser de l'argent sur les importations et contribue à protéger la sécurité alimentaire au niveau des ménages.
Un rapport tente de quantifier les dommages causés par l'activisme et l'alarmisme anti-OGM au Kenya, en calculant les coûts économiques des nombreuses années de retard de trois cultures génétiquement modifiées : le maïs, le cotonnier et la pomme de terre. Ces coûts concernent l'ensemble du pays, les agriculteurs et les citoyens, et même le climat en raison de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Nous estimons qu'au total, les cinq années de retard dans l'autorisation du cotonnier Bt, du maïs Bt et de la pomme de terre résistante au mildiou ont pu coûter 157 millions de dollars aux agriculteurs et aux consommateurs kenyans.
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Le Kenya aurait pu commencer à cultiver du maïs en 2019, car les semences étaient déjà prêtes et les essais sur le terrain terminés. Toutefois, en raison des actions en justice intentées contre les OGM, la culture du maïs Bt est toujours bloquée en 2024.
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Ces cinq années de retard ont déjà coûté 67 millions de dollars aux agriculteurs et aux consommateurs.
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Avec le maïs Bt génétiquement modifié, le Kenya aurait pu produire 194.000 tonnes de maïs supplémentaires en 2024.
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Cela équivaut à 25 % des importations de maïs reçues en 2022, et à 14 fois le transfert de maïs du Programme Alimentaire Mondial au Kenya en 2023.
Les cinq années de retard dans la commercialisation du coton Bt ont coûté au Kenya 1,2 million de dollars.
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Le cotonnier Bt aurait pu être commercialisé en 2015 plutôt qu'en 2020. Si tel avait été le cas, le pays aurait pu produire 650 tonnes de coton supplémentaires, remplaçant ainsi 12 % des importations.
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Le cotonnier Bt aurait pu contribuer à revitaliser l'ensemble du secteur du coton, ce qui aurait eu des retombées positives sur l'emploi et l'économie en général.
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Un retard de cinq ans dans la mise sur le marché de variétés de pommes de terre dotées de gènes de résistance coûterait 89 millions de dollars aux agriculteurs et aux consommateurs kenyans.
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Si le blocage est levé, les avantages de la pomme de terre génétiquement modifiée sur 30 ans s'élèveraient à 247 millions de dollars, soit une valeur de près d'un quart de milliard de dollars pour le pays.
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La production de pommes de terre par les petits exploitants est importante pour les agriculteurs de subsistance, de sorte que de meilleures récoltes améliorent la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
L'augmentation des rendements du maïs et du cotonnier Bt permet d'éviter la déforestation ailleurs, réduisant ainsi les émissions de carbone. Sur une période de cinq ans, cette réduction est estimée entre 1,15 et 3,6 millions de tonnes de CO2e. Cela équivaut à retirer 780.000 voitures de la circulation, ce qui représente une part importante de l'impact climatique du Kenya.
Le gouvernement kenyan doit s'opposer à la désinformation et promouvoir l'utilisation de semences et plants génétiquement modifiés produits par des scientifiques kenyans au profit des agriculteurs du pays. Cela permettrait de réduire l'utilisation de produits chimiques, de diminuer les émissions de carbone et d'améliorer la sécurité alimentaire. Cela rapportera au pays des centaines de millions de dollars sur plusieurs années. Le Kenya ne peut pas se permettre d'attendre encore des années à cause de l'alarmisme des anti-OGM.
Pour le rapport complet, y compris les sources de données, la méthodologie, les calculs, les références et les tableaux complets des chiffres pour tous les scénarios, voir Genetically Modified Crops in Kenya: The Cost of Delay, publié en novembre 2024 par le Breakthrough Institute, l'Alliance pour la Science, AATF, OFAB, ISAAA et CIP. _______________________________________________________________________________________________
* Mark Lynas est un auteur et un militant de la lutte contre le changement climatique qui a cosigné des articles évalués par des pairs sur les vaccins, le climat et les OGM, en mettant l'accent sur le consensus scientifique et la désinformation.
Source : Report: Anti-GMO activism cost Kenya millions of dollars - Alliance for Science
Ma note : On rappellera que ce qu'il faut bien appeler un désastre a deux origines : l'infameuse étude sur des rats et un maïs GM et le glyphosate, et notamment la monstrueuse photo que tout le monde connaît de trois rats affligés d'énormes tumeurs (il manque le rat témoin...) ; l'agit-prop anti-OGM largement soutenue et financée par des entités « occidentales », y compris gouvernementales (pour un article récent sur ce site, voir ici).