Mercosur : l'accord est conclu [finalisé] – quelles sont les conséquences pour les agriculteurs ?
Josef Koch/AgE dans AGRARHEUTE*
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© foto : agrarfoto.com
Pour les éleveurs de bovins, l'accord avec le Mercosur présente surtout des inconvénients, mais d'autres agriculteurs pourraient en profiter.
Après 25 ans de travaux, la Commission européenne et les pays du Mercosur s'accordent sur un gigantesque accord de libre-échange. À quoi les agriculteurs doivent-ils s'attendre ?
Ma note :L'article d'origine est daté du 6 décembre 2024.
Il est désormais conclu, malgré les protestations des agriculteurs. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, s'est rendue en Uruguay pour signer l'accord. Elle estime que l'accord est un « gain pour l'Europe ». L'Union des Agriculteurs Bavarois (BBV) est d'un tout autre avis. En début de semaine [début décembre], elle avait encore organisé de nombreuses actions de protestation et des feux d'avertissement contre l'accord avec le Mercosur. L'accord entre l'UE et les pays du Mercosur créerait l'une des plus grandes zones de libre-échange au monde avec plus de 700 millions d'habitants. Dans tous les cas, le Parlement Européen doit donner son accord. Cela devrait se faire au plus tôt au cours du second semestre 2025.
« Cet accord est un marchandage totalement inacceptable », critique M. Carl von Butler, secrétaire général de la BBV. En raison des intérêts d'exportation de certaines branches industrielles, tout ce que l'Europe possède et respecte en matière de normes environnementales, de protection du climat, de bien-être animal et de processus est, selon M. von Butler, sapé. « Cette politique n'est pas crédible, elle est nuisible au climat et met en péril l'approvisionnement en denrées alimentaires locales », déclare le secrétaire général de la BBV.
La BBV demande donc au Conseil de l'UE et au Parlement Européen de ne pas approuver cet accord déséquilibré. Pour l'instant, on ne sait pas si la Commission Européenne va tenter de contourner la nécessité d'une approbation par les parlements nationaux en fractionnant l'accord. Actuellement, l'Autriche, la France et la Pologne tentent de gagner d'autres pays à la cause de la minorité. Entre-temps, l'Italie aurait également fait part de ses réserves quant à l'accord.
Le ministère fédéral de l'Économie (BMWK) assure quant à lui que l'accord avec le Mercosur n'a pas d'impact sur les normes européennes en matière de produits. Cela vaut également pour les denrées alimentaires et les produits agricoles : seuls les produits conformes aux nombreuses réglementations européennes peuvent être importés dans l'UE, selon le BMWK.
Le BMWK renvoie en outre aux clauses de sauvegarde bilatérales. Elles permettent de remédier aux désavantages économiques causés par des augmentations inattendues ou importantes des importations en raison de l'accord. Ainsi, les contingents peuvent être suspendus pour une durée maximale de quatre ans. Ces derniers temps, on a régulièrement spéculé sur le fait que l'UE mettrait en place un fonds de compensation pour les agriculteurs. Mais jusqu'à présent, il n'y a pas de détails à ce sujet.
Selon l'accord de principe de 2019, les allègements tarifaires et les contingents d'importation ne s'appliqueront pas immédiatement. Après une phase de transition de six ans, il a été convenu d'un contingent d'importation à un taux de 7,5 % pour la viande bovine fraîche et réfrigérée dépassant 54.450 tonnes équivalent carcasse (EC) et au même taux pour la viande bovine congelée dépassant 44.550 tonnes EC, soit 99 000.tonnes EC au total. Selon la Fédération de l'Industrie de la Viande (VDF), il faut toutefois multiplier cette quantité par un facteur de 0,77 pour obtenir le poids des découpes réellement importées, c'est-à-dire le poids du produit (PP). Les contingents de viande bovine s'appliquent donc à environ 76.000 tonnes de PP.
Pour la viande de porc fraîche, réfrigérée et congelée, un contingent d'importation de 25.000 t EC s'applique à 83€/t. Le facteur de conversion est ici de 0,83, de sorte qu'il s'agit effectivement de 20.750 t PP. Cependant, les importations de viande de porc en provenance des pays du Mercosur vers l'UE ne sont actuellement pas autorisées par la législation vétérinaire, selon la VDF.
Au début de la mise en application de l'accord, un sixième de ces quantités s'appliquera à chaque fois, soit pour la viande bovine 16.500 t EC ou 12.700 t PP supplémentaires. Cependant, les experts comme le Dr Janine Pelikan de l'Institut Thünen ne pensent pas que ces quantités de viande supplémentaires seront mises sur le marché. Ainsi, la viande qui était jusqu'à présent commercialisée en dehors des contingents le sera à l'avenir à l'intérieur de ceux-ci. De l'avis de la scientifique, tout porte à croire que la viande en provenance des pays du Mercosur supplantera les importations en provenance d'autres pays comme la Nouvelle-Zélande, l'Australie ou le Chili.
M. Sebastian Brandmaier, directeur de VVG Bayern, estime toutefois que la grande différence de prix entre la viande bovine sud-américaine et allemande pourrait entraîner une pression sur les prix pour les engraisseurs locaux. « Alors que les taureaux U3 se négocient actuellement juste en dessous de 6 €/kg EC, le prix à la production pour des animaux brésiliens comparables était légèrement inférieur à 3 €/kg », explique l'expert en commercialisation. Il est convaincu que le commerce alimentaire allemand ainsi que les restaurateurs se jetteront certainement sur cette marchandise bon marché.
Les concessions de l'UE pour les produits laitiers sont plus faibles. Les pays du Mercosur devraient pouvoir livrer 30.000 tonnes de fromage et 10.000 tonnes de lait écrémé en poudre. Les droits de douane, actuellement compris entre 12 % et 28 %, seraient supprimés par l'UE en l'espace de neuf ans. Le lancement de l'accord devrait en outre entraîner une baisse de 30 % des droits d'importation sur le beurre et de 50 % sur les yaourts.
Outre la viande de bœuf et de porc, l'accord avec le Mercosur prévoit un contingent d'importation de viande de volaille de 180.000 tonnes et un contingent à droit nul de 180.000 tonnes de sucre par an. La phase de transition est de cinq ans. En outre, un contingent d'importation de 45.000 tonnes de miel en franchise de droits sera mis en place. Pour l'éthanol en provenance des pays du Mercosur, il est prévu un contingent d'importation de 650.000 t, dont 450.000 t exonérées de droits de douane pour l'industrie chimique. Les 200.000 t restantes, bénéficiant de droits de douane réduits, sont librement commercialisables.
D'autre part, les pays du Mercosur accordent des avantages dans le domaine agricole sur les exportations de l'UE. Ainsi, ils ouvriront leur marché de la viande de porc aux produits de l'UE. Les produits laitiers doivent également bénéficier d'un accès facilité pour les laiteries de l'UE. Les laiteries allemandes n'espèrent toutefois pas en tirer de grands débouchés supplémentaires, ni subir une pression supplémentaire du fait des importations. Selon un porte-parole de l'Association de l'Industrie Laitière, les États-Unis, par exemple, ont des avantages commerciaux plus importants que les laiteries allemandes en raison de leur proximité avec les États du Mercosur. Dans ses calculs, l'Institut Thünen prévoit toutefois une augmentation des exportations au niveau de l'UE. La demande de fromage, en particulier, augmente dans les pays du Mercosur. Et le tourteau de soja pourrait-il devenir moins cher pour les éleveurs de porcs et de volailles bavarois ? En principe, non. Toutefois, l'accord prévoit de réduire les droits de douane à l'exportation, comme ceux que l'Argentine applique actuellement au soja. L'experte de Thünen Pelikan n'exclut donc pas une baisse des prix du tourteau de soja.
Selon les estimations de la Fédération Allemande du Commerce Agricole (DAH), le règlement européen sur la déforestation pourrait toutefois réduire ces avantages à néant si les producteurs brésiliens, notamment, doivent remplir des obligations de documentation plus importantes.
D'un autre côté, le directeur de la DAH, Martin Courbier, s'attend à ce que la réduction des droits de douane pour les céréales européennes améliore les perspectives de vente, surtout pour le blé panifiable, le blé dur et l'orge fourragère. De nouvelles opportunités s'ouvrent également pour le vin, le malt, les pommes de terre (frites) et les spiritueux en raison d'un accès au marché exempt de droits de douane et de quotas.
Face à la menace de droits de douane américains sur les produits agricoles de l'UE, comme l'a annoncé le président élu américain Donald Trump, le commerce agricole estime que cet accord est important du point de vue européen pour garantir la compétitivité et ouvrir de nouveaux marchés en Amérique du Sud.
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* Source : Mercosur: Die Einigung steht - das sind die Folgen für die Bauern | agrarheute.com