ADEME : lavons le linge sale...

ADEME : lavons le linge sale...

(Source)

Lancée par le Parisien, une petite polémique sur la fréquence de lavage du linge conforme à la bienséance écologique selon l'ADEME permet de sonder quelques turpitudes de l'« Établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) placé sous la tutelle du ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique et du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche » (l'Agriculture est hors-jeu...).

J'ai été alerté par un post sur X de Mme Caroline Parmentier, députée Rassemblement National du Pas-de-Calais.

Qu'importe la source, pourvu qu'on ait l'info...

L'info ? J'ai cherché – sans succès – l'original sur le site de l'ADEME, qui ne brille pas par sa convivialité et ne comporte pas d'onglet de recherche sur sa page d'accueil. Cela pose un problème de taille : l'infographie est-elle de l'ADEME ou du Parisien et, dans ce cas, quelle est le degré de conformité à l'original ?

Cela pourrait dater de 2019, à en croire le Dauphiné, lequel a mis en lien une autre version, de M ta Terre, « créé par l’Agence de la Transition écologique pour accompagner les jeunes qui souhaitent s’informer et agir pour préserver la planète, prendre soin de la biodiversité et lutter contre le changement climatique ». Mais nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises...

Voici, tout de même, l'entrée en matière de la page d'accueil de l'ADEME :

« Réussir la transition écologique

À l’ADEME, nous sommes résolument engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique et la dégradation des ressources.

Sur le terrain, nous mobilisons les citoyens, les acteurs économiques et les territoires afin de leur donner les moyens de progresser.

Face à l’urgence, nous nous fixons des objectifs ambitieux et appelons à une mobilisation générale : il faut faire plus vite.

Avec un budget (qui fut) de plus de 4 milliards d'euros, et plus de 1.000 agents, c'est la moindre des choses que d'être « résolument engagés »...

Je ne garantis pas la véracité des chiffres (source) – pour en savoir un peu plus, mais c'est de 2023.

Pour nous dire quelle doit ou devrait être la fréquence de lavage de nos vêtements ?

Combien cela a-t-il coûté pour trouver qu'il faudrait changer de sous-vêtements tous les jours... sauf les soutien-gorge que l'on pourrait porter sept jours ? Qu'un top en coton peut se porter de 4 à 5 fois, mais qu'une robe peut se porter un jour de plus ? Etc.

L'info (du Parisien) ? Apparemment, elle a fait les choux gras de nombre de médias.

Citons 20 minutes, « Porter son soutien-gorge et son jean plusieurs jours pour être plus écolo ? Les conseils de l’Ademe passent mal ».

En chapô :

« HYGIÈNE VS ÉCOLOGIE – Dans un guide pratique, l’agence de la transition écologique préconise de ne pas laver systématiquement tous les vêtements portés une seule fois. "Le Parisien" a repris des données, en cours d’actualisation selon l’Ademe, et qui font débat. »

« ...en cours d'actualisation » ? Cela donne à penser que le Parisien s'est conformé à des indications de l'ADEME qui ne seraient plus d'actualité... Ben oui... les connaissances scientifiques et pratiques en matière de lavage de linge évoluent...

Le résumé de 20 Minutes :

« L'essentiel

L’Ademe a été critiquée pour des recommandations sur la fréquence de lavage des vêtements, mais l’agence précise que ces informations dataient de plus de deux ans et faisaient partie d’un guide plus large sur le ménage écologique.

Le guide actuel de l’Ademe ne donne pas de détails précis sur le nombre de jours entre les lavages, mais indique que « tous les vêtements ne sont pas sales après avoir été portés une fois » et classe les vêtements en trois catégories selon leur fréquence de lavage recommandée.

Une dermatologue interrogée nuance ces recommandations, suggérant des fréquences de lavage plus courtes, notamment "Pour un jean, c’est trois ou quatre jours maximum" et pour un soutien-gorge "deux à trois jours maximum". »

20 Minutes a eu la bonne idée de mettre le guide actuel, « Comment faire le ménage de façon plus écologique ? » en lien. Les indications sont... très différente.

Ce guide est de... février 2025. C'est écrit en tout petit à la dernière page. Amis complotistes... damage control ?

Cela nous mène à quelques observations.

• Nous ne contesterons pas vraiment le principe du guide général sur le ménage, lequel comporte sans doute des informations intéressantes, encore que... Est-ce bien vrai, par exemple, qu'il faut/faudrait « Opte[r] pour les lessives en poudre » parce qu'elles « émettent moins de COV (composés organiques volatils) que les lessives liquides » ?

(Source)

(Source)

• Est-ce, tout compte fait, le rôle de l'ADEME, sachant par ailleurs que ce guide est quasiment introuvable dans le capharnaüm de son site, et que le budget de l'État est ce qu'il est ? On a beau dire que cela n'a pas coûté grand-chose, mais cela représente tout de même des frais de fonctionnement de l'ADEME.

• Quid du sérieux de l'entreprise, notamment quand on compare l'ancienne et la nouvelle version ?

Si on a bien compris, le Parisien a déterré une ancienne version pour, en bref, susciter le buzz avec « "Ma technique, c’est de renifler" : à quelle fréquence faut-il laver ses vêtements ? ». Une version ancienne mais apparemment encore « actuelle » au moment de la publication de l'article.

C'est réussi ! Mme Agnès Pannier-Runacher a été interrogée à ce sujet par M. Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio – oui, « interrogée »... – et elle a été à la peine. Fallait-il déclarer qu'on a sorti « quelque chose qui date d'il y a cinq ans pour essayer aujourd'hui de remettre en cause l'action écologique du gouvernement »... pour ensuite embrayer sur l'action écologique et les grandes catastrophes ?

(Source)

Il serait grand temps de s'interroger dans les milieux administratifs et gouvernementaux sur les raisons pour lesquelles ils peuvent avoir le sentiment d'être dans des forteresses assiégées. Et de cesser de présenter un événement somme toute anodin comme une opération de destruction de grande envergure.

Et de poser la question du service rendu par l'ADEME. En ces temps de crise budgétaire – économique, politique et sociale – le rôle d'une ministre devrait être d'aborder cette question, et non de défendre le statu quo.

Comments

[hbsc xris]

L'ADEME écrivait il y a quelques années encore qu'il fallait être sorti du nucléaire d'ici 2050, date à laquelle grâce à de nouvelles pratiques vertueuses, les français auraient diminué leur consommation électrique de 50%.

Mieux, selon l'ADEME, le chauffage au bois ne pollue absolument pas, puisque les arbres ayant capté du CO2 durant leur croissance, le CO2 contenu dans les fumées des chauffages au bois ne compte plus. Quand vous brulez du bois, si la fumée vous gêne, vous devez rêver.