Selon le Monde de M. Stéphane Foucart, les aliments bios sont meilleurs pour la santé – c'est (presque) prouvé (2)
Un faible pour le FiBL... et la biodynamie !
Le Monde a consacré quasiment trois pages de son cahier « Science & Médecine » du 6 novembre 2024 à deux articles de M. Stéphane Foucart sur le thème des bienfaits (allégués) de l'alimentation « bio » pour la santé. Le premier est un florilège d'articles favorables au bio, fruit d'un picorage (cherry picking), en partie dans la littérature de « science » militante.
Passons aux engrais de synthèse... Le Monde récidive par sa complaisance pour la biodynamie.
Dans la première partie, nous avons procédé à un démontage d'une première « preuve » de la supériorité alléguée de l' alimentation « bio » tirée d'un essai sur des perdrix.
On reste dans le sujet des études animales, mais on change de cible : les engrais avec pour base de l'argumentaire « Feeding trials in organic food quality and health research » (essais d'alimentation dans le cadre de la recherche sur la qualité des aliments biologiques et la santé) d'Alberta Velimirov, Machteld Huber, Charlotte Lauridsen, Ewa Rembiałkowska, Kathrin Seidele et Susanne Bügel.
Parmi les auteures, deux émargent au FiBL, l'Institut de Recherche de l'Agriculture Biologique, l'une à Vienne, l'autre au berceau du FiBL à Frick, en Suisse. Il y a aussi une représentante du Centre Danois de l'Agriculture Biologique et des Systèmes Alimentaires. Et une autre de l'Institut Louis Bolk néerlandais, d'obédience anthroposophique. Une autre encore nous est connue pour son biais en faveur de l'agriculture biologique.
Imaginez le tollé – y compris au Monde – si un article de même nature avait été écrit par des auteurs issus de l'agro-industrie... Mais on est dans le camp du bien !
« Ces résultats [sur les perdrix] rejoignent d’autres études animales, bien plus anciennes. Dans un article publié en 2009, Alberta Velimirov (FiBL, Vienne) et ses coauteurs ont rassemblé cette littérature aujourd’hui oubliée. Ils rapportent que, dès les années 1920, des scientifiques cherchaient à savoir si, par comparaison avec les engrais naturels, les fertilisants de synthèse pouvaient avoir un effet sur les cultures dont ils favorisent la croissance. Et, partant, sur ceux qui les consomment. »
M. Stéphane Foucart décrit brièvement les résultats d'une synthèse qui nous paraît bien sélective :
« ...la plupart montrant des conséquences néfastes sur la reproduction, la survie et la taille des portées, etc. »
C'est, bien sûr, à propos des « fertilisants de synthèse ».
C'est juste : sur les dix références du tableau ci-dessus, six sont favorables aux modes « biologique », « biodynamique » ou « fumier de vache ».
Mais vous avez bien lu : « biodynamique » !
Et dans les articles cités, on trouve un des papes anciens de l'anthroposophie et de la biodynamie, Ehrenfried Pfeiffer, pour des articles publiés dans la revue Demeter.
Bref, la totale...
La sarabande continue avec quatre études sur des rongeurs et des facteurs liés à la reproduction.
L'une ne peut pas être contrôlée, au contraire de la quatrième, de Velimirov et Pochberger (et deux autres). Selon le document de synthèse utilisé par M. Stéphane Foucart, il y aurait eu significativement moins de morts-nés dans le groupe « biologique » ; selon l'étude princeps, ce n'est qu'à la première génération, avec des résultats assez surprenants...
(Source)
Quant aux deux autres, il s'agit de thèses des universités de Vienne et de Bonn, respectivement. Elles sont axées sur la biodynamie et allèguent un bénéfice de ce côté selon le document de synthèse de Velimirov et al.
Soyons facétieux : ces résultats favorables en biodynamie, c'est les GNOMES...
À suivre...