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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Quel est le niveau de faim acceptable ?

10 Janvier 2025 Publié dans #Divers

Quel est le niveau de faim acceptable ?

 

Willi l'agriculteur*

 

 

 

 

C'est une question, il est vrai, plutôt présomptueuse, voire cynique ! En Europe, nous vivons une période d'abondance. Qui pourrait sérieusement le contester ? Nos supermarchés proposent une offre sans précédent. Rien qu'en Allemagne, nous jetons environ 82 kg de nourriture par personne à la poubelle.

 

 

Peur

 

Et nous avons une peur diffuse. Peur de tomber malade à force de consommer des produits de première nécessité. Pourtant, l'espérance de vie n'a jamais été aussi élevée qu'aujourd'hui et il est prouvé qu'elle continue d'augmenter. Nos aliments sont analysés pour détecter toutes sortes de résidus, les producteurs sont assommés de formulaires. Les transformateurs doivent présenter chaque année de plus en plus de nouveaux certificats, et pourtant : la peur demeure.

 

Notre peur est un problème de luxe. Dans la période d'après-guerre, lorsque les denrées alimentaires étaient rares et ne pouvaient souvent être obtenues que sur présentation d'une carte, de nombreuses personnes quittaient la ville pour se rendre à la campagne afin de pouvoir se procurer des produits de première nécessité. À l'époque, personne ne demandait la mention des ingrédients sur l'emballage (si tant est qu'il y en ait eu un). La plupart des gens dans le monde sont comme nous dans l'après-guerre. Ils seraient heureux d'avoir suffisamment de calories à leur disposition. Que cette alimentation soit alors toujours « équilibrée » leur importe peu pour le moment.

 

 

Sans...

 

En Europe, dans le monde dit civilisé, nous avons des exigences énormes. Notre alimentation doit être sans lactose, sans gluten, sans cholestérol et bien sûr sans OGM. Mais le prix des produits ne doit pas changer. C'est particulièrement vrai pour nous, Allemands, qui sommes le pays des bonnes affaires. Il n'y a guère d'autres pays où les produits alimentaires sont aussi bon marché et ont aussi peu de valeur que chez nous. Et cette tendance se maintient, la part de marché des discompteurs continue d'augmenter. Bien que les consommateurs répondent différemment dans les sondages. Et il n'y a guère de pays où l'image des agriculteurs soit aussi faible. Cette tendance se poursuit également.

 

N'est-il pas temps de changer notre façon de penser ? De nous défaire de certains préjugés qui nous sont chers ? Connaissez-vous Norman E. Borlaug ? Certainement pas. C'est lui, un fils de fermier de l'Iowa, qui a mis au point, par une sélection tout à fait normale, les premières variétés de blé tolérantes aux dangereuses maladies des céréales et aux tiges plus courtes pour une meilleure stabilité. Il a ainsi sauvé des centaines de millions de personnes de la famine lors de la « Révolution Verte », ce qui lui a valu le prix Nobel de la paix en 1970. Il est l'un des héros silencieux de cette terre.

 

Quel est le niveau de faim acceptable ? Sommes-nous l'instance morale qui – dans notre rapport à la nourriture – peut décider de la manière dont les aliments de base sont produits ? Avez-vous le droit, ai-je le droit de refuser de nouvelles technologies sans qu'il existe des preuves scientifiques de leur nocivité ? Si le changement climatique s'accélère, d'où proviendront nos aliments alors que la population mondiale ne cesse d'augmenter ? Je n'ai rien contre le bio, mais si tous les agriculteurs pratiquaient cette forme d'agriculture, ne produirait-on pas tout simplement trop peu de calories par unité de surface ? Une vague déferle actuellement dans le pays, selon laquelle nous devrions tous manger moins de viande, car cela permettrait de produire moins de fourrage et de nourrir davantage de personnes. Tout le monde doit-il manger moins de viande ? Ou seulement nous, les Allemands, les Européens ? Ou aussi les habitants du Brésil, de l'Inde, de la Chine, qui ont tout juste atteint une modeste prospérité et qui revendiquent désormais ce plaisir ? Qui veut être celui qui portera le message « mangez moins de viande » dans les pays émergents ou même dans les pays en développement ?

 

Il ne nous restera donc plus qu'à accepter que les procédés qui augmentent la production de calories et améliorent la qualité des aliments ne se limitent pas à notre pays, mais s'étendent également aux pays souffrant de pénurie alimentaire. Je sais que cette phrase va susciter des contradicteurs. Et vous pouvez la critiquer si vous le souhaitez. Mais veuillez également me citer l'alternative.

 

Si nous ne parvenons pas à vaincre la faim sur place, les gens viendront chez nous...

 

Votre (pensif) Willi l'agriculteur

 

_______________

 

 

* Source : Wieviel Hunger ist akzeptabel? - Bauer Willi

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J
Aucun rapport mais qu'en pensez-vous ?<br /> https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/agriculture/rendement-eleve-et-resistance-aux-maladies-une-nouvelle-variete-de-ble-tendre-disponible-en-france_AD-202501090859.html
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