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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La vague de faillites dans le secteur solaire est vraiment grave – les faillites ne s'arrêteront pas en 2025

11 Janvier 2025 Publié dans #Energie, #Electricité

La vague de faillites dans le secteur solaire est vraiment grave – les faillites ne s'arrêteront pas en 2025

 

Olaf Zinke, AGRARHEUTE*

 

 

© stock.adobe.com/Zstock

Ce sont surtout les entreprises d'installation de systèmes photovoltaïques, mais aussi les fabricants de pompes à chaleur, qui connaissent de grandes difficultés en raison de l'effondrement de la demande. Les prix élevés de l'énergie et la crise économique persistante en Allemagne, qui entraîne des suppressions d'emplois croissantes, font que de nombreux ménages et entreprises reportent ou annulent leurs investissements dans les énergies renouvelables.

 

 

Une vague massive de faillites secoue le secteur de l'énergie solaire. Un nombre étonnamment élevé d'entreprises ont fait faillite en 2024 et la situation ne s'annonce pas meilleure en 2025. Même de grands projets d'avenir, comme l'usine du fabricant de batteries Northvolt, sont sur le point de faire faillite. La vague de faillites de grandes entreprises photovoltaïques illustre les problèmes majeurs qui existent actuellement sur le marché des énergies renouvelables. Les entreprises solaires ne sont pas les seules concernées, les fabricants de pompes à chaleur et de batteries sont également touchés.

 

 

La grande vague de faillites des entreprises solaires a commencé dès l'année dernière. Il y a douze mois presque jour pour jour, l'entreprise berlinoise Eigensonne déposait le bilan. L'entreprise solaire Amia Energy a racheté Eigensonne avant de se déclarer elle-même en faillite en mai.

 

En janvier 2024, l'entreprise Envoltec de Leipzig, également spécialisée dans la construction d'installations solaires, a aussi déposé son bilan. Les circonstances de la faillite d'Envoltec ressemblent à celles de la plupart des autres entreprises solaires : Envoltec avait reçu des fonds de centaines de clients, mais n'avait pas fourni les prestations convenues, a rapporté la station de radio MDR.

 

La faillite a touché au moins 800 clients dont les contrats se trouvaient à différentes phases de prestation. L'avocat Jens Reime représentait des dizaines de personnes lésées. « Je crains qu'il n'y ait aucune perspective. Les clients doivent s'attendre au pire. Je pense qu'il n'y aura pas de poursuite des contrats par Envoltec », explique l'avocat à la MDR.

 

Les clients de nombreuses autres entreprises ont connu le même sort. Selon le jugement de M. Reime, les conditions fixées dans les contrats ont également soulevé des questions : « On peut effectivement supposer que les clients avaient signé pour des prix d'achat deux fois plus élevés que ceux habituellement pratiqués sur le marché ».

 

 

La vague de faillites continue avec Enersol, Wegatech, Otovo...

 

Début juillet, l'entreprise Enersol, située dans le Bade-Wurtemberg, a annoncé qu'elle cesserait ses activités en octobre. Enersol avait connu une forte croissance durant la phase de boom de 2022/2023, lorsque la demande d'installations photovoltaïques en toiture avait fait un bond, et était une filiale de l'entreprise solaire Sonnen.

 

« L'effondrement de la demande a eu pour conséquence que les structures mises en place par Enersol n'ont plus permis une exploitation rentable », avait déclaré un porte-parole de Sonnen pour expliquer la faillite. En septembre, l'opérateur norvégien de portails solaires Otovo a annoncé le licenciement de presque tous ses employés. L'opérateur norvégien d'une place de marché en ligne pour le photovoltaïque, le stockage et les Wallbox licencie 170 personnes.

 

Le 17 octobre 2024, le tribunal d'instance de Cologne a ouvert une procédure d'insolvabilité provisoire à l'encontre de Wegatech Greenergy. Malgré un soutien financier important de la part de la compagnie d'assurance Gothaer Versicherung, qui a investi environ 3,5 millions d'euros en février 2024, Wegatech n'a pas réussi à éviter les difficultés financières. L'investissement n'a manifestement pas suffi à relever les défis structurels de l'entreprise, rapporte l'avocat Julian Tietze de teslegal.

 

L'insolvabilité a des conséquences directes sur les quelque 200 employés de Wegatech Greenergy GmbH. L'activité sera en grande partie interrompue à la fin de l'année.

 

 

La demande en énergie solaire et en pompes à chaleur s'effondre

 

Mais il y a encore plus d'entreprises dans le secteur de l'énergie solaire qui luttent actuellement pour leur survie. Ce sont surtout les entreprises d'installation de systèmes photovoltaïques, mais aussi de pompes à chaleur, qui rencontrent de grandes difficultés en raison de l'effondrement de la demande.

 

Les prix élevés de l'énergie et la crise économique persistante en Allemagne, qui entraîne des suppressions d'emplois de plus en plus nombreuses, font que de nombreux ménages et entreprises reportent ou annulent leurs investissements dans les énergies renouvelables. A cela s'ajoute apparemment une chute des prix des nouveaux composants, qui exerce une pression supplémentaire sur les marges des entreprises ayant des stocks.

 

Fin novembre, le tribunal d'instance de Neu-Ulm a ouvert une procédure d'insolvabilité provisoire contre la société Solarmax GmbH de Burgau. Les juges ont désigné M. Michael Pluta de Pluta Rechtsanwalts GmbH comme administrateur judiciaire provisoire, ainsi que son cabinet. Solarmax développe et fabrique en Allemagne des accumulateurs photovoltaïques et des onduleurs.

 

« En raison de la chute extrême des prix sur le marché, entraînée par les prix de dumping des fabricants chinois, l'entreprise s'est vue contrainte de vendre ses produits à des prix inférieurs aux prix d'achat », a expliqué l'administrateur judiciaire à propos du contexte de la procédure.

 

M. Michael Pluta a déclaré : « La procédure représente un défi, car l'environnement de marché est difficile pour l'entreprise. Notre priorité absolue pour le moment est de maintenir l'activité commerciale. »

 

 

Des projets de grande envergure : le fabricant de batteries Northvolt en faillite

 

L'insolvabilité du fabricant suédois de batteries Northvolt dans la ville de Heide dans le Schleswig-Holstein a une toute autre dimension. L'argent des contribuables pourrait y être perdu à hauteur de 620 millions d'euros, versés par l'Etat allemand à l'entreprise.

 

C'est ce qui ressort d'une lettre du secrétaire d'État aux finances, Steffen Meyer (SPD), rapporte le Handelsblatt. Northvolt prévoyait de construire une usine de cellules de batteries. Le gouvernement fédéral avait donc ordonné à sa banque de développement KfW d'aider l'entreprise avec un emprunt convertible d'un montant de 620 millions d'euros.

 

Début décembre, Northvolt avait demandé une procédure de redressement judiciaire selon le droit américain de l'insolvabilité. Sont également en jeu les quelque 620 millions d'euros que Northvolt a reçus de la banque publique de développement KfW et pour lesquels l'Etat fédéral et le Land se portent garants à parts égales. L'utilisation de ces fonds est liée à la réalisation de la construction de l'usine à Heide, la société mère n'y a pas accès, a souligné le ministère fédéral de l'Économie au site tagschau.de.

 

Ces derniers mois, des projets fortement soutenus par l'État fédéral ont connu des revers répétés, notamment les usines de puces d'Intel et de Wolfspeed qui ont été mises en veilleuse. Après la procédure de restructuration de Northvolt, il y a une chance que l'entreprise rembourse les 620 millions d'euros, dit-on dans les milieux gouvernementaux. Mais pour cela, Northvolt devrait réussir à se restructurer, y compris avec de nouveaux investisseurs.

 

__________________

 

Olaf Zinke travaille pour AGRARHEUTE en tant que rédacteur cross-média pour les opérations et les marchés. Il analyse les marchés agricoles et des produits de base nationaux et internationaux depuis trois décennies et a travaillé à ce titre pour diverses institutions.

 

Source : Pleitewelle in der Solar-Branche richtig schlimm – Insolvenzen 2025 nicht zu Ende | agrarheute.com

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D
J'étais à un petit salon agricole en novembre dernier.<br /> Le quart des exposants proposait des solutions pour produire de l'électricité à partir des panneaux photovoltaïques.<br /> Vous enlevez les aides/subventions, tous disparaissent.<br /> Nous sommes dans une bulle, et elle doit éclater le plus tôt possible.<br /> Je suis toujours étonné que la profession agricole persiste à considérer cette production comme un complément de revenu: totalement dépendant de décisions politiques, ce n'est pas durable.
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M
On comprend la saturation du marché, en Allemagne c'est un peu plus de 94 Gw de puissance crête installée en photovoltaïque. Actuellement, à la meilleure heure de la journée, elles donnent 10 GW soit 11% de la puissance crête. Incidemment la France (honte de l'Europe pour son inertie climatique) 2,3 fois moins de renouvelables que la vertueuse Allemagne mais 10,3 fois moins de CO2 par kWh. Et encore la moitié du renouvelable français c'est de l'hydraulique que l'on n'aurait plus le droit de construire car nuisible à la biodiversité.
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M
@ un physicien (entre nous j'en suis un autre!) Cette surproduction solaire en été quand on en a le moins besoin conduit à cette aberration de prix négatifs qui déstabilise le marché. On ne pourra régler ça que quand on fera du stockage inter-saisonnier, Les batteries à l'échelle d'un continent je n'y crois pas trop (les réserves mondiales de lithium n'y suffiraient pas), reste la chaîne électrolyse-méthanation (réaction de Sabatier)-TAG jamais testée à l'échelle industrielle et d'un rendement global au mieux 20 à 25%, le mythe du kWh renouvelable devenu compétitif en prendrait un coup. Je suis consterné par la méconnaissance scientifique et le dogmatisme de nos politiciens, pas seulement français, les verts allemands sont peut-être pire. Ceci vaut également pour le rejet idéologique des nouvelles technologies agricoles, mutagenèse et autres ainsi que de tout produit phytosanitaire "de synthèse".
U
Et en été, quand le solaire produit, il n'y a aucun besoin de tant d'électricité.<br /> Sous couvert de "marché", le captage de subventions règne.