La fin de l'industrie des engrais ? Les agriculteurs pourraient fabriquer eux-mêmes de l'ammoniac
Peter Laufmann, AGRARHEUTE*
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© stock.adobe.com/ Dusan Kostic
À l'avenir, les agriculteurs pourraient peut-être produire directement leur engrais.
Les engrais sont des facteurs de coûts et génèrent des gaz à effet de serre. Des chercheurs ont trouvé un moyen de faire d'une pierre deux coups.
Qu'en serait-il si on pouvait fabriquer soi-même l'engrais pour ses cultures, quasiment dans son jardin ? En plus, moins cher ? Si on en croit une nouvelle étude, les agriculteurs pourraient bientôt fabriquer eux-mêmes les boosters de nutriments pour les céréales, le colza ou les betteraves. La clé de cette nouvelle technique est un filet réactif et de l'air ordinaire. Le procédé a été développé par des chercheurs de l'Université américaine de Stanford et de l'Université saoudienne King Fahd University of Petroleum and Minerals. Il permet de produire de l'ammoniaque directement sur place. Les chercheurs imaginent l'intégrer un jour dans les systèmes d'irrigation, permettant ainsi aux agriculteurs de produire des engrais directement à partir de l'air.
Le procédé Haber-Bosch est toujours utilisé de manière classique pour la production d'ammoniac. En bref, le gaz naturel sert de base. On en extrait de l'hydrogène et on le combine avec de l'azote. Ce n'est pas bon marché : cette méthode consomme 2 % de l'énergie mondiale et contribue à 1 % des émissions annuelles de dioxyde de carbone en raison du gaz naturel.
A l'avenir, l'air ambiant pourrait suffire à la production d'ammoniac. Il suffit que le vent fasse circuler l'air dans un réseau spécialement conçu. Le nouveau procédé fonctionne à température ambiante et à pression atmosphérique normale et ne nécessite aucune source d'énergie externe. « Cette avancée nous permet d'utiliser directement l'azote de l'air de manière durable pour produire de l'ammoniac. Nous faisons ainsi un pas décisif vers une approche écologique et décentralisée de l'agriculture », explique M. Richard Zare, l'un des chercheurs impliqués de l'Université de Stanford.
Le cœur du procédé est un catalyseur composé d'un mélange d'oxyde de fer et d'un polymère. Celui-ci est à son tour truffé d'atomes de fluor et de soufre. Appliqué sur un filet fin, il produit de l'ammoniaque en combinaison avec l'humidité de l'air et l'azote. L'ammoniaque peut être utilisé directement comme engrais hydroponique, qui nourrit les plantes dans des solutions nutritives plutôt que dans la terre. Alternativement, l'engrais peut également être épandu dans les champs dans le cadre de l'agriculture traditionnelle ou transformé en produit minéral dans les usines.
Selon M. Chanbasha Basheer de la King Fahd University of Petroleum and Minerals, l'appareil n'est plus qu'à deux ou trois ans de sa commercialisation. En attendant, les chercheurs prévoient d'utiliser des systèmes de maillage plus grands afin de produire davantage d'ammoniac. « Il y a encore une grande marge de manœuvre pour le développement de ce procédé », conclut M. Basheer.
L'importance de l'ammoniac va au-delà des engrais. En tant que source d'énergie propre, il peut stocker et transporter les énergies renouvelables plus efficacement que l'hydrogène en raison de sa densité énergétique plus élevée. Cette innovation pourrait aider à positionner l'ammoniac comme pivot de la décarbonisation de secteurs tels que la navigation et la production d'électricité. « L'ammoniac vert représente une nouvelle frontière de la durabilité », explique M. Richard Zare. « Cette méthode, si elle peut être étendue de manière économique, pourrait réduire drastiquement notre dépendance aux combustibles fossiles dans différents secteurs. »
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* Peter Laufmann travaille comme chef de texte à la rédaction d'AGRARHEUTE. Le rédacteur et auteur travaille depuis de nombreuses années dans le journalisme environnemental et scientifique. Son intérêt porte régulièrement sur le grand écart entre l'utilisation et la protection des ressources naturelles.
Source : Das Ende der Dünger-Industrie? Landwirte könnten Ammoniak selber machen | agrarheute.com
Ma note : C'est très intéressant, mais j'aimerais connaître le montant des investissements et les coûts. Il y a des systèmes de filets destinés à condenser l'eau du brouillard dans le désert d'Atacama. A priori, le système ne marche que dans une atmosphère riche en eau, voire saturée.