En tant qu'agriculteurs, il est important et bon de se lever et de défendre l'avenir de l'agriculture
Paul M. Temple, Réseau Mondial d'Agriculteurs*
Plus de 20.000 agriculteurs se sont rassemblés par une journée de novembre très froide et pluvieuse, au milieu de Londres, pour une idée simple : nous devrions pouvoir transmettre nos exploitations familiales à nos enfants.
J'étais l'un des manifestants, chacun d'entre au milieu d'une foule immense, avec ses propres raisons, mais pour un secteur dans lequel on travaille habituellement en vase clos.
Nous étions en colère contre les hommes politiques du Royaume-Uni qui menaçaient un principe important avec un impôt sur les successions stupide dont ils nous avaient dit avant les élections qu'ils ne l'appliqueraient pas. Nous avons mis de côté nos obligations dans nos exploitations, bravé le froid et sommes allés à Westminster.
Nous voulons simplement cultiver la terre, nourrir les gens, prendre soin de l'environnement, mais le 19 novembre, nous avons exigé d'être entendus.
Nous refusons que les hommes politiques nous considèrent comme acquis. Ils nous ont dit avant les élections nationales de juillet qu'ils se souciaient des exploitations familiales, et ils font le contraire maintenant qu'ils sont au pouvoir.
Leurs tromperies sont déjà assez graves. Leur insouciance est encore plus grave. Non seulement elle met en péril un mode de vie, mais elle met également en péril la sécurité alimentaire de notre pays.
En vertu d'une politique établie, connue sous le nom d'Allégement de la Propriété Agricole, les agriculteurs peuvent transmettre leur exploitation à leurs enfants sans payer de droits de succession. Cette mesure est logique, car l'agriculture est une activité traditionnelle ancrée dans les familles et les communautés, avec un faible rendement du capital, et personne ne devrait payer un prix pour le transfert d'une exploitation familiale en activité d'une génération à l'autre.
Pour de nombreux agriculteurs, les marges bénéficiaires sont faibles. Et c'est quand nous ne subissons pas de pertes. L'année dernière, en raison du temps pluvieux, de nombreuses exploitations ont enregistré leurs pires rendements depuis 1983.
Certaines exploitations peuvent sembler riches sur le papier, mais leur argent est bloqué dans les terres et l'équipement. Les propriétaires qui doivent s'acquitter d'un impôt lourd ne peuvent pas simplement retirer de l'argent d'une banque. Dans de nombreux cas, le paiement d'un impôt sur les successions nécessiterait la vente de superficies, voire la dissolution d'une exploitation vieille de plusieurs siècles.
C'est pourtant ce que notre nouveau gouvernement cherche à faire.
Mme Emma Robinson, agricultrice dans le nord-ouest de l'Angleterre et l'une de mes compagnes de protestation, a déclaré à Reuters que sa ferme appartenait à sa famille depuis 500 ans.
« Elle m'est retirée des mains par quelqu'un qui siège au Parlement depuis quelques jours », a-t-elle déclaré.
Lorsque les politiciens travaillistes cherchaient à obtenir les voix d'agriculteurs comme Emma et moi, le futur secrétaire d'État à l'Environnement, Steve Reed, avait fait une promesse. Lors d'une conférence de la filière l'année dernière, on lui a demandé si le parti travailliste avait l'intention de changer les règles de l'héritage agricole.
« Nous n'en avons pas l'intention », a-t-il répondu. « Nous n'avons pas l'intention de modifier l'Abattement pour la Propriété Agricole. »
Aujourd'hui, après leur victoire électorale, M. Reed et ses collègues politiciens ont fait marche arrière.
Dans une nouvelle proposition de budget, le gouvernement cherche à imposer un impôt sur les successions de 20 % sur les exploitations agricoles d'une valeur d'un million de livres, à partir d'avril 2026.
Les politiciens insistent sur le fait qu'ils ont besoin de cet argent.
Eh bien, nous, nous avons besoin de nos exploitations et le Royaume-Uni a besoin de ce que nous produisons. C'est ce que nous avons essayé de faire comprendre lors de la manifestation.
Bien que nous soyons contrariés par la proposition de taxation, nous nous sommes rassemblés avec bonne humeur et humour. Des enfants se sont déplacés sur des tracteurs jouets devant le Parlement. Nous avons livré plus de 6 tonnes de nourriture à une banque alimentaire, qui a ensuite fourni plus de 15.000 repas à des personnes dans le besoin. Nous avons également assuré le maintien de l'ordre public. « Ce serait génial si les agriculteurs pouvaient organiser tous les événements dont nous assurons le maintien de l'ordre », a déclaré le chef de la police métropolitaine.
Le débat autour de l'impôt sur les successions s'est en grande partie concentré sur les chiffres. Selon un groupement professionnel, la proposition affectera environ 2.500 exploitations agricoles par an, soit environ 75 000 exploitations individuelles sur une génération de 30 ans.
C'est beaucoup plus que ce que prétend le gouvernement. Il insiste sur le fait que sa nouvelle taxe ne toucherait que 500 exploitations par an.
Étant donné que le gouvernement a toujours dit une chose et en a fait une autre, je suis sceptique quant à sa faible estimation. Pourtant, les chiffres sont presque sans importance. Personne ne devrait perdre une exploitation familiale à cause d'un impôt sur les successions.
J'ai été fier de me joindre à mes collègues agriculteurs pour défendre l'avenir de l'agriculture. Cela m'a fait du bien de me lever et de me faire entendre. Et je crois qu'il a été utile de rappeler à mes compatriotes que derrière les aliments que nous mangeons, il y a des agriculteurs qui les produisent.
Ce n'est peut-être qu'un début. Nous avons vu des agriculteurs organiser des manifestations en Allemagne et dans toute l'Union Européenne. Aux Pays-Bas, ils ont récemment façonné une élection.
Il n'a fallu que cinq agriculteurs et dix jours pour organiser cette première manifestation au Royaume-Uni.
Nous sommes de retour dans nos fermes, mais nous ne partons pas.
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* Paul M. Temple
Paul Temple est vice-président bénévole du Réseau Mondial d'Agriculteurs (Global Farmer Network) et exploite une ferme dans le nord de l'Angleterre, au Royaume-Uni. Il pratique l'agriculture de conservation sur une exploitation familiale mixte de bovins et de cultures. Paul produit des semences de blé, de l'orge, du colza, des pois et des haricots. Ils ont récemment réintroduit des prairies dans la rotation des cultures. En ce qui concerne la viande bovine, ils utilisent une large gamme de graminées environnementales avec des bovins allaitants dont les veaux sont soit engraissés, soit vendus vendus comme jeunes bovins. En outre, la ferme fait partie d'un programme environnemental de haut niveau avec accès à l'enseignement.