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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Exportation de produits phytosanitaires interdits : les experts auditionnés au Bundestag sont divisés

11 Décembre 2024 Publié dans #Pesticides, #Allemagne, #Commerce

Exportation de produits phytosanitaires interdits : les experts auditionnés au Bundestag sont divisés

 

Karl Bockholt, AGRARHEUTE*

 

 

© Landpixel

Produits phytosanitaires sur palettes : interdire l'exportation de produits dangereux ? (image symbolique)

 

 

Est-il nécessaire d'interdire l'exportation de produits phytosanitaires qui ne sont pas autorisés dans l'UE en raison de leurs effets nocifs sur la santé et l'environnement ? Lors de l'audition au Bundestag, les experts n'étaient pas d'accord entre eux.

 

Ma note : Au vu des pedigrees des personnages invités, le résultat est tout à fait conforme aux attentes.

 

 

Le gouvernement de la coalition « feux tricolores » brisée avait convenu d'une interdiction d'exportation des produits phytosanitaires dangereux dans l'accord de coalition. Mais depuis mai 2023, il n'a pas réussi à se mettre d'accord sur un règlement correspondant. Le verdict des experts auditionnés le 13 novembre 2024 est partagé : trois des cinq experts se sont prononcés en faveur d'une interdiction, deux s'y sont opposés. C'est ce qui ressort de l'audition publique organisée par la commission de la coopération économique et du développement du Bundestag allemand.

 

 

Les arguments contre une interdiction des exportations de produits phytosanitaires

 

M. Frank Gemmer de l'Industrieverband Agrar (IVA), qui représente les intérêts des fabricants, s'est opposé à une interdiction. Il a rappelé l'utilité pour les cultures, contre les maladies, les ravageurs ou les mauvaises herbes, et pour la protection des stocks de denrées. Les produits phytosanitaires contribuent à la sécurité alimentaire et réduisent les émissions de gaz à effet de serre dans la production végétale. Ils sont nécessaires pour couvrir les besoins croissants en denrées alimentaires dans le monde.

 

L'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) prévoit un doublement des besoins d'ici 2050. Il n'est pas nécessaire d'interdire les exportations, elles sont déjà strictement réglementées au niveau de l'UE. Elle n'est pas possible sans l'accord du pays importateur. Les autorités locales reçoivent des informations complètes sur la manière dont les produits chimiques peuvent être stockés, transportés, utilisés et éliminés en toute sécurité, selon l'expert.

 

 

C'est là que vont les exportations de produits phytosanitaires exportés

 

Une grande partie des exportations est destinée à des pays comme les États-Unis, le Japon et le Canada. Selon l'IVA, ces pays ont des exigences strictes en matière d'autorisation. Les exportations vont aussi vers la Chine, l'Inde et le Brésil. Seuls 0,5 % de la quantité totale sont exportés vers des pays en développement.

 

Le professeur Harald von Witzke a également déconseillé une limitation des exportations. Le professeur émérite de commerce agricole international et de développement de l'Université Humboldt de Berlin met notamment en garde contre la fuite de la production d'Allemagne vers d'autres pays.

 

 

Ce qui plaide pour une interdiction des exportations de produits phytosanitaires dangereux

 

M. Peter Clausing du Pestizid Aktions-Netzwerk Deutschland (PAN) est favorable à une interdiction des exportations. Selon le toxicologue, les 52 substances actives actuellement non autorisées par l'UE sont soit cancérigènes, soit mutagènes, soit toxiques pour la reproduction. Dans le Sud, les travailleurs sont souvent victimes d'intoxications aiguës. Une étude de la FAO au Vietnam et au Cambodge montre des taux d'intoxication de plus de 50 pour cent. Une étude financée par Syngenta dans 24 pays fait état de taux supérieurs à 25 pour cent.

 

Il est donc très contradictoire que des substances actives interdites dans l'UE soient vendues là où une exposition plus élevée d'une grande partie de la population est la règle. M. Alan Tygel, de la campagne permanente contre les pesticides et pour la vie au Brésil, a déclaré que son pays était le plus grand utilisateur de produits phytosanitaires au monde. Le nombre de cas d'intoxication y est en hausse. En 2019, il y a eu près de 8.400 cas, selon le ministère de la Santé du pays.

 

 

C'est ce que les experts appellent deux poids deux mesures à l'exportation

 

M. Tygel a reproché aux fabricants d'appliquer deux types de normes. Alors que de nombreuses substances actives sont interdites dans l'UE en raison de leurs conséquences dangereuses pour la santé et l'environnement, elles sont tout de même vendues dans les pays du Sud. Cela est immoral.

 

Mme Silke Bollmohr du réseau Inkota pour l'alimentation mondiale et l'agriculture globale s'est ralliée à ce point de vue. Dans le Sud, les substances sont souvent utilisées à des conditions moins strictes. Il n'est pas rare que des aliments contaminés reviennent en Allemagnesous forme de produits importés. Les données de l'UE sur les résidus prouvent l'existence de 69 substances actives phytosanitaires interdites dans l'UE dans les produits alimentaires.

 

Avec du matériel de Bundestag Parlamentsnachrichten.

 

_________________

 

Karl Bockholt est rédacteur cross-média chez AGRARHEUTE, responsable des grandes cultures et des prairies. Il travaille depuis plus de 30 ans au Deutscher Landwirtschaftsverlag (dlv), après avoir travaillé pour Feld & Wald (Girardet) et agrar-praxis (Konradin). Agriculteur et ingénieur diplômé, il gère sa ferme dans le Münsterland en tant qu'activité secondaire. Il est cavalier, chasseur et amoureux de la nature.

 

Source : Export verbotener Pflanzenschutzmittel: Experten im Bundestag uneins | agrarheute.com

 

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U
S'il y a des morts par famine ou malnutrition, c'est navrant mais on se dit qu'on a les mains propres ...
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J
Une étude de la FAO au Vietnam et au Cambodge montre des taux d'intoxication de plus de 50 pour cent. <br /> <br /> Le nombre de cas d'intoxication y est en hausse. En 2019, il y a eu près de 8.400 cas, selon le ministère de la Santé du pays.<br /> <br /> => <br /> <br /> Ca ne choque personne la différence entre 50% d'une population d'un pays et les 8400 cas qui sont très loin de faire 50% de la population agricole d'un pays, ou c'est moi ?
Répondre
J
C'est dans le texte de l'article
Bonjour,<br /> <br /> Pouvez-vous me donner les sources ?