Quand des zécolos nous cassent les noisettes...
Elle a fait un détour par la filière noisette (Source)
Avec Mme Annie Genevard, nous avons une Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de la Forêt qui, au moins sur certains sujets, ne mâche pas ses mots.
Répondant à une question sur les filières chicorée et endive, en grand danger, elle a fait un détour par la filière noisette, déjà impactée par des interdictions de substances phytosanitaires relevant en grande partie de l'inculture et du caprice politiciens hexagonaux.
« Vous abordez une question fondamentale, celle des impasses techniques devant lesquelles se trouvent un certain nombre de productions. Je vais vous parler de l'endive et de la chicorée, mais avant, je voudrais dire un mot de la filière noisette. Une magnifique petite filière performante, avec des centaines de producteurs, pour une production remarquable. Ils sont aujourd'hui menacés de mort parce qu'ils ne peuvent pas traiter leur production. Voilà la situation où nous sommes aujourd'hui dans notre pays. Le jour où cette filière disparaîtra, nous mangerons des noisettes étrangères traitées avec les produits dont l'absence aura causé leur mort en France. […] Je voudrais vous dire que je suis avec la plus grande attention cette question. Certains d'entre vous se sont fait plaisir en votant des interdictions, dont nous payons aujourd'hui le prix en matière de production. Il faut le dire et le dénoncer. »
La production française de noisettes est très profitable... pour le balanin. C'est un coléoptère qui pique pour se nourrir et pondre. Le résultat le plus marquant est la chute des noisettes attaquées. Quand il y a un trou, c'est que la larve est sortie de la noisette pour poursuivre son cycle dans le sol. Les insectes adultes émergent au printemps et causent de grands dégâts aux noisetiers en dévorant les bourgeons et les feuilles, et en perforant la coque des noisettes non encore mûres.
Une autre amatrice de noisettes est la punaise diabolique. Elle perfore les coques des noisettes pour piquer l’amandon et libère des enzymes très amères, la noisette devenant impropre à la consommation.
Pour en savoir plus : « La punaise ravage la filière de la noisette » de l'excellent Gil Rivière-Wekstein
Le problème ? Les producteurs ont été privés d'une molécule efficace, l'acétamipride, autorisée dans l'Union Européenne jusqu'en 2033, mais passée à la trappe en France par une interdiction de tous les néonicotinoïdes, pour le bon plaisir de quelques-uns et la satisfaction d'avoir (prétendument) sauvé les pauvres petites zabeilles.
(Source)
Le hasard m'a mis sur la piste d'un billet sur Linkedin d'une « écologiste » et « activiste pour le vivant ».
Ce n'est pas le niveau 1.0 de l'écologie (la vraie, la science), mais plutôt 0,1. En voici la conclusion :
« Il faut donc toujours plus de pesticides toujours plus toxiques puisque cet appauvrissement génétique dramatique appelle forcément ses pathogènes dont le rôle est de réguler les écosystèmes déséquilibrés et démultiplie leurs impacts.
La solution est TRÈS simple: la DIVERSITÉ.
De cultures, d'âges, d'espèces, de variétés et intravariétale. »
Cela prêterait à rire si l'auteure n'avait pas une certaine envergure médiatique – avec bien sûr l'ambition de faire mieux et de devenir un pilier de plateau où l'on cause – et si ce billet n'avait pas fait l'objet de commentaires panurgiques.
Que ce soit clair : la DIVERSITÉ évoquée par l'auteure ne peut rien contre le balanin et, surtout, la punaise diabolique, un insecte polyphage.
Il n'y a pas eu que des commentaires panurgiques. Mme Géraldine Woessner avait évoqué le cas de la noisette dans l'émission C à vous.
Je ne résiste pas à l'envie de citer un échange.
Tout d'abord l'agression :
«
Coucou Anne-Elisabeth LEMOINE et géraldine woessner, ça vous parle tout ça ? C’est peut-être un peu trop technique pour vous, et ça rapporte sûrement pas autant d’argent que ce que vous donnent les lobbys de l’agrochimie pour raconter n’importe quoi à la télé et dans des bouquins minables ! »
Et la réponse polie mais ferme de Mme Géraldine Woessner :
« Ça me parle absolument, mais cela ne m'explique pas comment se débarrasser de la punaise diabolique et du ver balanin. Hélène Grosbois n'a pas l'air bien au courant : les producteurs de noisettes ne demandent pas "toujours plus de pesticides" contre ces parasites... Puisqu'en France, ce sont les seuls au monde à n'avoir droit à rien. Le fait qu'on importe 95% des noisettes que nous consommons, de pays qui les arrosent de produits interdits ici, ne semble pas vous préoccuper non plus. L'environnement, c'est pas trop votre truc, je comprends.
Mais c'est triste. Faire passer les producteurs français, qui se battent avec des queues de cerise, pour des salauds, et agiter la pensée magique qu'il aurait existé, dans l'ancien temps d'avant le capitalisme et la vilaine industrie productiviste, des variétés génétiques qui auraient repoussé vers et punaises... Comment dire. Si vous y croyez, je ne peux pas grand-chose pour vous.
Mais évitez, tout de même, les message injurieux et méprisants.
Vous passez juste pour un homme violent.
Et un muffle.