Pesticides en plaine d'Aunis : « Allez vous faire... »
(Source)
On a trouvé des « pesticides » dans les urines et les cheveux d'enfants de la région de Saint-Rogatien en Charente-Maritime : cela a fait le tour des médias.
La Chambre d'Agriculture demande à voir les données ? Elle se fait envoyer sur les roses (ce qui suggère l'existence d'un loup)... et cela n'intéresse que la presse régionale.
Nous avons vu dans « Cancers pédiatriques et pesticides autour de Saint-Rogatien : encore un exploit du journalisme d'insinuation » que trois médias – le Monde, FranceInfo et l'AFP – avaient grandement contribué à une opération d'enfumage associée à un mouvement activiste œuvrant « Pour une véritable transition agricole » et un « plan de sortie des pesticides de synthèse ». Opération réussie puisque les médias moutonniers ont suivi. Même si les médias sont déjà passés à autre chose depuis le 12 octobre 2024, cela laisse des traces.
On a donc trouvé des « pesticides » – y compris des substances à usage domestique, mais chut... faut pas trop le dire ! – dans les urines et les cheveux de 70 ou 72 enfants de six communes de la plaine d'Aunis qui font l'objet d'une suspicion de cluster, d'un nombre anormal, de cancers pédiatriques. On pourrait dire, au moins à ce stade : « Oh, la belle affaire que voilà ! », en l'absence de preuves d'un lien de causalité (et aussi de l'existence d'un cluster).
L'affaire a cependant touché – ou heurté – les professionnels de l'agriculture, même si le président de l'association Avenir Santé Environnement, Franck Rinchet-Girollet (devenu assistant parlementaire de M. Benoît Biteau), se défend de les avoir visés.
Facile ! Ce ne sont pas les agriculteurs, mais les produits. Dans un autre pays régulièrement meurtri, c'est l'inverse : ce ne sont pas les armes, mais les tireurs...
Le président de la Chambre d’agriculture de la Charente-Maritime, Cédric Tranquard, a réagi.
Selon le Parisien du 22 octobre 2024, « Pesticides en plaine d’Aunis : la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime réclame "une étude scientifiquement reconnue" » :
« "Je partage l’inquiétude des citoyens quant à la santé des enfants. Cependant, je n’accepte pas que le monde agricole soit d’office désigné coupable", insiste Cédric Tranquard. Le président (FNSEA) de la Chambre d’agriculture de la Charente-Maritime et des Deux-Sèvres a signé ces derniers jours un communiqué de presse suite à la présentation, le 12 octobre dernier, du "projet citoyen" mené par l’association Avenir Santé Environnement. »
C'est ici l'endroit de, disons, vociférer : je n'ai pas trouvé le communiqué !
Réussir a aussi produit un article détaillé, avec nombre de liens, « Pesticides sur la plaine d’Aunis : la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime demande "une étude scientifiquement reconnue" »... mais pas de lien vers le communiqué !
Une visite du site internet de la Chambre donne à penser qu'il a été conçu pour les seuls professionnels de l'agriculture... et pour faire fuir tous ceux qui n'en sont pas. Très franchement, il y a urgence à s'ouvrir sur le monde. C'est, ici, une remarque générale qui s'applique à l'ensemble du monde agricole.
Mais revenons à ce communiqué.
Il est impossible de savoir comment la demande d'« étude scientifiquement reconnue » a été formulée, comment le communiqué a été diffusé et qui il a touché.
Il semble cependant qu'il n'y a pas eu de réaction des autorités, même préliminaire, à cette demande ; ni du reste à l'agitation suscitée par les médias à propos des résultats – ceux qui ont été divulgués – de l'étude sur les résidus de « pesticides » dans les urines et les cheveux de sept douzaines d'enfants.
On en pensera ce que l'on voudra.
Pour ma part, je considère qu'il y a une défaillance grave de nos services publics. Encore une fois, en Allemagne, le Bundesinstitut für Risikebewertung – l'équivalent de notre ANSES – aurait sans doute produit une réponse pédagogique à la communication de l’association Avenir Santé Environnement.
Le deuxième élément important du communiqué est plus clair. Selon le Parisien :
« La Chambre d’agriculture souhaiterait également avoir accès à "la liste complète des substances décelées dans les prélèvements" et aux "modalités de l’étude" pour effectuer "une analyse fine". [... »
Réponse ? Toujours selon le Parisien :
« [...] L’association Avenir Santé Environnement s’y refuse pour l’heure et publiera l’intégralité de ces éléments après les avoir présentés officiellement aux représentants de l’État et de l’Agence régionale de santé (ARS). […] »
Le courrier de réponse a été rendu public par l'association. Voilà qui tranche avec les pratiques de la profession agricole – même si cette publication est assez confidentielle sur une page Facebook.
Mais, sur le fond, si vous voulez mon avis, c'est : « Allez vous faire... »
Je serais cependant ravi de m'être trompé.
Sans retenir ma respiration...
Il y a eu une « soirée de restitution » le 12 octobre 2024 avec des intervenants dont on ne saurait nier la compétence. Mais si la Chambre d'Agriculture a demandé les détails, c'est, a priori, qu'ils n'ont pas été fournis, du moins pas avec sincérité....
(Source)
Un dernier mot : cette information n'a pas été jugée suffisamment importante pour être diffusée par les médias autre que le Parisien et la presse régionale.
Ben quoi, ce n'est pas de l'agribashing ni du pesticide-bashing...
Des fréquences de détection, des niveaux maximums... exprimés en log10 (de quoi ?) devant un public non spécialiste...pas d'explications orales sur les niveaux... (Source)