Message à la Société Française du Cancer
C’est une nouvelle extrêmement grave qui a été diffusée par le Monde sous la signature de M. Stéphane Foucart le 28 septembre 2024 (date sur la toile) : la Société Française du Cancer (SFC) a (aurait) renoncé à s’associer à une tribune contre les pesticides publiée par Le Monde, sous l’influence de publications d’apparence scientifique, rédigées en fait par un (prétendu) consultant de sociétés agrochimiques et un quidam dont on aura simplement appris par ailleurs qu'il a été condamné pour diffamation (c'est ma blessure de guerre contre la désinformation).
J'ai voulu en avoir le cœur net. Je n'ai pas eu de réponse...
Objet : demande de précision sur mon rôle allégué dans votre décision de ne pas co-signer une tribune dans le Monde – que peut-on faire mieux ?
Madame, Monsieur,
Selon « Plongée dans la boîte noire de la propagande mondiale en faveur des pesticides » publié par le Monde le 28 septembre 2024, sous la signature de M. Stéphane Foucart et Mmes Elena DeBre et Margot Gibbs, j'aurais contribué par mes écrits à votre décision de ne pas associer la Société Française du Cancer à une tribune publiée dans le Monde.
Cette allégation a été énoncée dans les termes suivants :
« L'efficacité de cette activité éditoriale diffuse est difficile à saisir, mais elle est réelle. En avril, par exemple, la Société française du cancer a, selon nos informations, renoncé à endosser une tribune soumise au Monde sur les liens entre pesticides et cancer, après que certains de ses membres ont fait circuler en interne des billets de MM. Heitz et Stoop comme éléments de relativisation des risques réels présentés par ces substances. »
Ce paragraphe comporte un lien dans la version électronique de l'article et renvoie donc le lecteur à « Pesticides : "Avec son nouveau plan Ecophyto, le gouvernement persiste dans une politique d’immobilisme vieille de vingt ans" », publié le 7 mai 2024.
Ce n'est pas – à l'évidence – une tribune sur les liens entre pesticides et cancers, mais on admettra sans peine qu'on peut se tromper même dans le journal qui fut de référence.
Ce qui m'inquiète, c'est la suite. Il est allégué que « selon nos informations » – celles obtenues par M. Stéphane Foucart (et Cie), c'est-à-dire selon les dires d'un membre de votre Société – j'aurais produit des « billets » constituant des « éléments de relativisation des risques réels présentés par ces substances ».
Cette présentation admet peut-être deux interprétations : elle reflète soit l'opinion ou l'interprétation de l'auteur de l'article, soit celle de votre Société dûment rapportée par l'auteur de l'article.
Et elle porte essentiellement sur ma production, M. Philippe Stoop déployant principalement son activité relative aux pesticides sur d'autres sujets.
Dans le premier cas, je prendrais l'opinion à l'aune de la considération dont jouit l'auteur. Dans le second, cependant, je m'inquiète.
J'ai en effet pour ambition dans mon activité – bénévole – de blogueur et de contributeur à des journaux de contribuer à une approche rationnelle et objective des questions d'agriculture, d'alimentation, de santé publique, etc.
Je ne m'autoriserais jamais de produire des « éléments de relativisation des risques réels... », c'est-à-dire, selon un sous-entendu transparent, des éléments qui seraient fallacieux ou, pire, volontairement faux. Mais je dois aussi admettre que je peux me tromper dans la production de mes écrits.
C'est pourquoi j'aimerais avoir des éclaircissements de votre part, même si je puis considérer que la Société aura (aurait) décidé de sa position sur la tribune sur une base tout à fait rationnelle.
La tribune dont il s'agit porte en effet sur le plan Écophyto et non les dangers et les risques (deux notions différentes) des pesticides. Tant M. Philippe Stoop que moi-même avons abondamment décrit l'irrationalité et l'échec programmé de son volet « réduction de 50 % des usages de pesticides » (certes assorti d'un « si possible ») par un oukase administratif concocté sur le coin d'une nappe dans le cadre du Grenelle de l'environnement, fin 2007.
Mais il est aussi possible que la conversation entre un membre de la Société et l'auteur principal de l'article (ou un tiers ayant rapporté des propos à celui-ci) ait eu un caractère plus général, ledit auteur (ou tiers) n'ayant retenu, avec plus ou moins de fidélité, que ce qui confortait ses thèses.
Ce qui m'intéresse au plus haut point est donc de savoir ce que je pourrais faire – de l'avis de la Société – pour présenter encore mieux la problématique des risques (à distinguer des dangers) liés aux pesticides et plus particulièrement celle des liens entre « pesticides » – produits à usage agricole, vétérinaire, domestique ou industriel – et cancers.
Je considère en effet que l'insistance politicienne et médiatique – dans certains cas adossée à des objectifs économiques comme la promotion des produits biologiques – à accuser a priori et par principe les « pesticides » détourne l'attention d'autres facteurs potentiels de cancérogénicité et par conséquent dessert les impératifs et objectifs de santé publique que votre Société a (comme moi) à cœur de promouvoir.
Cordialement,
André Heitz
Ingénieur agronome, ancien fonctionnaire du système des Nations Unies