60 millions de Consommateurs : il y a une substance susceptible de nuire au fœtus dans un vin !
Dans son numéro d'octobre 2024, 60 Millions de Consommateurs a utilisé six pages... pour finalement ne pas dire grand-chose. En gros, le « bio », c'est bien et, surprise (ou peut-être pas), la « HVE », c'est plutôt pas bien. L'article aurait pu être écrit de manière bien plus positive.
Le consumérisme serait-il en train de s'essouffler ? Ou serait-ce l'imagination dont le manque implique de revenir à un marronnier : les pesticides dans le vin ?
Dans son numéro d'octobre 2024, 60 Millions de Consommateurs a consacré pas moins de six pages aux pesticides dans des vins du Chablis, des muscadets, des bordeaux et des Côtes-du Rhône.
Pour 40 en tout, la revue titre en couverture : « Des pesticides dans 1/3 des références ».
Toujours la même martingale : l'anxiogenèse. On aurait tout aussi bien pu écrire : « Pas de pesticides dans 2/3 des références »... ce chiffre étant supérieur à son homologue moyen dans les produits alimentaires selon les données de l'Agence Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA). Ce sera présenté ainsi en conclusion de l'article dans un pavé « À retenir ».
Mais si vous avez un minimum de bon sens, vous admettrez que balancer un chiffre pour 40 tests, ce n'est pas sérieux.
Les testeurs auront donc recherché pas moins de 742 molécules, ce qui est très largement supérieur à ce que l'on pouvait « espérer » trouver. Cela peut impressionner le lecteur, mais il y a une autre lecture possible. De fait,
« Sur les 742 molécules et métabolites de pesticides recherchés, nos recherches ont abouti à 20 détections sur 40 références, soit un tiers des vins testés. Au total, six molécules différentes ont été détectées dans les quatre familles.[...] »
On pourrait se réjouir d'un tel résultat !
Mais c'est une revue consumériste, qui s'adresse de préférence à un lectorat hypocondriaque, dont l'hypocondrie, et donc le consentement à acheter le mensuel, peut s'entretenir par des nouvelles anxiogènes. Alors...
« […] Plus problématique : trois d'entre elles sont suspectées d'avoir une action CMR, c'est-à-dire "cancérogène, mutagène, reprotoxique". Sans compter que nous manquons de recul sur leurs impacts sanitaires et, plus encore, sur les effets cocktails entre toutes ces molécules. »
Et voilà... Nous avons beau avoir un système de gestion des produits de protection des plantes très sophistiqué, extrêmement protecteur de la santé humaine – et par ailleurs quelques études scientifiques de l'effet « cocktail » qui ne sont pas très convaincantes quant à son existence et son ampleur –, rien n'y fait. C'est toujours la même rengaine.
La présence d'un CMR suspecté déclenche obligatoirement une réaction pavlovienne dans les tableaux comparatifs : la reproduction d'un panneau « sens interdit » bien rouge.
Nous avons pourtant une dose – et une seule :
« La présence d’un résidu de pesticide suspecté CMR, le folpet, pénalise trois muscadets, dont la référence HVE. Avec 0,030 mg par kilo de raisin de cuve, on est certes très éloigné de la limite maximale autorisée (20 mg/kg de raisin de cuve). Cela étant, la majorité de notre panel ne renferme aucun polluant… Preuve que les professionnels peuvent se passer, ou du moins maîtriser, les traitements phytosanitaires. »
On est à 1/1.500e de la dose admissible – encore une fois : définie de manière très protectrice – rien n'y fait...
Quant à « maîtriser les traitements phytosanitaires », d'une part, cette dose en est une preuve convaincante – sauf bien sûr dans le monde du consumérisme qui se doit de trouver des problèmes – et, d'autre part, les choses ne sont pas si simples : ce qui reste dans le raisin au moment des vendanges est aussi tributaire de facteurs, météorologiques par exemple, sur lesquels le vigneron n'a pas de contrôle.
Les vins « bios » s'en sortent bien – et pour cause : on n'utilise pas de pesticides de synthèse dans les vignes – dans une notation fort rustique (deux critères : les pesticides pour 80 % et les sulfites pour 20 %, apparemment sans égard pour les qualités organoleptiques et les rapports qualité/prix).
Mais on utilise du cuivre (en conventionnel aussi d'ailleurs). Aussi est-il « opportun » de minimiser ses effets :
« […] Bien que l’innocuité de ces substances pour les sols soit contestée, les études montrent qu’à usage modéré et chronique, elles n’ont que peu d’impact sur la biodiversité des sols. »
Non, l'innocuité n'est pas contestée : la nocivité est prouvée... et le maintien du cuivre dans la boîte à outils des producteurs est le fruit d'un double lobbying : celui des producteurs « bio » et celui des fabricants.
(Source)
En revanche, les vins « HVE » (haute valeur environnementale) nous semblent quelque peu éreintés dans les commentaires. Il est vrai que le label « HVE » est accusé de concurrence déloyale envers le « bio »... soyons (un peu) comploplo... Mais on peut légitimement s'étonner de voir :
« […] Les muscadets sont les vins les plus soufrés de notre essai, avec une moyenne de 100 mg/l. Le record est atteint par le muscadet Les Caractères 2022 HVE et ses 105,7 mg de sulfites/l. »
Ce petit écart à la moyenne – pour une limite réglementaire de 200 mg/l, soit le double – justifiait-il cette « précision » ?
Plus loin, à propos des bordeaux rouges :
« La quantité moyenne de sulfites se situe à 50,6 mg/l, soit trois fois moins que la valeur seuil (150 mg/l). Comme attendu, les vins les moins "chargés" sont les deux références bio du tableau (22,5 mg/l, en moyenne). En revanche, les trois vins HVE sont décevants (62,9 mg/l). »
Un calcul rapide montre que cette dernière valeur moyenne n'est pas très éloignée de la valeur moyenne pour les vins conventionnels non « HVE ».
Terminons sur une autre incongruité :
« Mauvaise surprise avec les pesticides, retrouvés dans la moitié des chablis, dont des résidus CMR dans quatre références. Ainsi, le Lamblin & fils écope d’un 8,6/20 en raison de deux molécules suspectées CMR, le folpet et le fluopicolide, fongicide susceptible de nuire au fœtus. Qui a également été détecté dans le Laroche, le seul vin HVE de cette famille. »
À quelles doses ? Peu importe :
Le vin contient une substance dont les propriétés cancérigènes et reprotoxiques sont avérées à des doses de 12 ou 13, voire 14 % en volume : l'ALCOOL.