Le partenariat mondial Syngenta et The Nature Conservancy entre qui allie productivité agricole et durabilité
Ryan Tipps, rédacteur en chef, AGDAILY*
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Crédit : Syngenta
Syngenta et The Nature Conservancy [ma note : la plus grande organisation environnementale du monde] se sont positionnés conjointement comme des porte-drapeaux sur des sujets tels que la santé des sols, le changement climatique et la prospérité rurale.
L'innovation dans l'agriculture moderne contribue à combler le fossé entre la gestion de l'environnement et la demande de la société en produits d'origine agricole, y compris les aliments, les fibres et les biocarburants. Ces progrès permettent aux terres agricoles de premier choix de subvenir aux besoins d'une population croissante, qui devrait frôler les 10 milliards d'habitants d'ici à 2050, sans avoir recours à la destruction des habitats naturels.
Pourtant, dans un espace où il est logique que les groupes de défense de l'environnement s'allient à chaque occasion avec les principaux acteurs du secteur agricole, c'est souvent l'inverse qui se produit : les « Big Ag » et les agriculteurs à grande échelle sont vilipendés.
Ce qui devrait être une alliance fondamentale en faveur de la durabilité oppose au contraire la science des sols et des cultures à l'éco-idéologie. Et les gros titres n'hésitent pas à accentuer ce clivage.
Greenpeace, par exemple, accuse « Big Ag » d'avoir fait passer la crise climatique d'un point de basculement à une chute libre. Le Natural Resources Defense Council accuse l'agriculture animale d'être un important pollueur de l'eau et de l'air et de « nous rendre malades ». Earthjustice évoque des images de guerre contre le système alimentaire et les « monocultures dépendantes des produits chimiques ».
Ces positions tranchées rendent remarquable le partenariat de longue date en faveur de la santé des sols et de la durabilité environnementale entre Syngenta, l'une des plus grandes entreprises agricoles au monde, et The Nature Conservancy, une organisation à but non lucratif de préservation des terres et de l'eau à l'échelle mondiale.
Après avoir collaboré au niveau local depuis 2009, les deux organisations ont conclu un partenariat mondial afin d'avoir un impact plus large et plus substantiel sur l'amélioration des terres agricoles et des espaces naturels. Leurs efforts se traduisent par des initiatives à plusieurs niveaux en faveur de la durabilité des terres, par des approches systémiques des améliorations scientifiques et par des investissements ciblés dans diverses disciplines.
« Si nous ne sommes pas capables d'augmenter la productivité, si nous ne sommes pas capables de le faire de manière à reconstituer les sols et la nature grâce à un concept d'agriculture régénératrice, qu'arrivera-t-il à la planète », a demandé le Dr Tzutzuy Ramirez-Hernandez, responsable du climat et de la nature chez Syngenta Group. Grâce à la science et à l'innovation fonctionnelles, les agriculteurs « peuvent en fait rester sur les mêmes terres arables plutôt que d'occuper d'autres parties du monde pour cultiver des plantes qui répondent aux besoins de la société ».
Les organisations s'efforcent de tirer parti de la conservation à grande échelle de manière à maintenir la rentabilité et une productivité élevée pour les propriétaires d'exploitations agricoles, tout en veillant à ce que la prochaine génération puisse hériter de terres dont la santé des sols est robuste et capable de supporter une population croissante.
Au début des années 2000, The Nature Conservancy a commencé à considérer le secteur agricole sous un angle nouveau, notamment en raison de l'influence qu'il exerce sur l'approvisionnement en terres et ressources en eau pour l'alimentation, l'énergie et d'autres usages. L'organisation à but non lucratif a identifié les agriculteurs, les éleveurs et les entreprises qui soutiennent ces producteurs comme des passerelles vers d'importantes solutions de conservation.
Les collaborations à petite échelle qui ont débuté en 2009 entre Syngenta et TNC ont mûri en 2018, lorsque les PDG des deux organisations ont vu l'impact stratégique qu'ils pouvaient avoir en travaillant ensemble à l'échelle mondiale.
« Syngenta est l'un des plus grands investisseurs dans la recherche fondamentale et le développement qui se traduisent par des produits et des services que les agriculteurs et les éleveurs utilisent dans le monde entier », a déclaré M. Michael Doane, directeur général mondial de TNC pour les systèmes alimentaires et d'eau douce. « Nous sommes passés de petits projets d'essais sur le terrain à une véritable réflexion sur la thèse d'investissement sous-jacente d'une entreprise comme Syngenta, sachant que leur activité est vraiment la recherche et le développement à long terme. »
Pourtant, les discussions sur le changement climatique, la santé des sols et les pratiques régénératives sont des concepts profondément scientifiques et à évolution lente, qui ont toujours été en concurrence avec l'état d'esprit pratique des agriculteurs, qui se contentent de faire le travail.
« À la ferme, le temps est divisé en deux parties assez égales : les choses qui sont déjà en panne et celles qui sont sur le point de l'être », a déclaré M. Doane. « On est donc toujours dans un état d'esprit très opérationnel. »
L'agriculture est également connue pour être un espace où ceux qui font pression pour obtenir une position particulière délivrent des messages contradictoires et ne comprennent pas toujours la dynamique des communautés rurales. Les méthodes de travail de l'exploitation agricole peuvent parfois sembler stagnantes, et il faut donc s'efforcer de prendre en compte les préoccupations chroniques au milieu des préoccupations opérationnelles plus aiguës.
« Il est parfois difficile de percevoir les schémas et de voir comment les choses évoluent au fil du temps », a déclaré M. Doane.
Pourtant, a-t-il fait remarquer, Syngenta propose une approche qui changera la nature des décisions relatives aux pratiques de gestion pour les agriculteurs et les éleveurs du monde entier. Avec le Good Growth Plan, qui remonte à plus d'une décennie, Syngenta a été l'une des premières entreprises agricoles à inscrire le développement durable dans un cadre systématiquement abordable par ses nombreuses unités commerciales.
Aujourd'hui, les quatre engagements de Syngenta en matière de développement durable consistent à produire des cultures à plus haut rendement avec un impact moindre, à régénérer les terres, à améliorer la prospérité rurale et à rendre la chaîne d'approvisionnement plus efficace. L'entreprise cherche à comprendre comment soutenir les agriculteurs, qui sont déjà les principaux gardiens de la terre, dans leur transition vers des méthodes plus modernes – plutôt que d'imposer quelque chose de nouveau sans aucune compréhension contextuelle du fonctionnement de l'agriculture.
L'expertise de The Nature Conservancy (TNC) joue un rôle essentiel dans le respect de ces engagements. Selon Syngenta, TNC est capable d'inciter les entreprises agricoles à en faire plus et à évaluer en permanence les données scientifiques qui sous-tendent les actions entreprises. De cette manière, Syngenta a reçu de meilleurs outils pour hiérarchiser ses efforts en matière de développement durable dans le contexte des besoins de productivité mondiaux.
Ces outils « nous aident à réfléchir à ce qui va suivre, aux sujets sur lesquels nous devons commencer à réfléchir », a déclaré M. Ramirez. « Bien sûr, nous avons notre propre point de vue, basé sur le type de tendances que nous observons sur le marché, mais TNC nous a beaucoup aidés à remettre en question notre façon d'interpréter les choses. »
Syngenta s'est engagé à consacrer 2 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années à l'innovation en matière de durabilité, et M. Ramirez a ajouté que TNC aide à étendre rapidement les programmes et à identifier les mécanismes financiers qui rendent la conservation la plus pertinente pour les agriculteurs et les éleveurs.
La santé des sols et les applications agricoles régénératives font partie des concepts les plus importants prônés par TNC. Ce catalyseur a contribué à faire de Syngenta la seule grande entreprise agricole qui emploie un pédologue en chef.
Selon M. Doane, TNC s'aligne fortement sur les principes du Département Américain de l'Agriculture en matière de santé des sols, qui comprennent la réduction des perturbations du sol dans le système, l'augmentation des cultures de couverture et de la diversité, l'allongement du temps de séjour des racines vivantes dans le sol et la réintégration du bétail.
« Et tout cela dans le contexte de l'endroit où l'on se trouve, de la ferme où l'on se trouve et du paysage alimentaire où l'on se trouve ,» a déclaré M. Doane, qui pratique la culture en rangs et l'élevage de bovins dans le centre du Kansas.
The Nature Conservancy est l'un des premiers groupes de protection de la nature à considérer la dégradation des sols comme une menace au même titre que le changement climatique et l'appauvrissement de la biodiversité. Un rapport de McKinsey & Co. datant de 2023 et intitulé « Striking the balance: Catalyzing a sustainable land-use transition » (trouver l'équilibre : catalyser une transition durable en matière d'utilisation des sols) montre qu'en cas de statu quo dans le monde, la société devrait bientôt déboiser 70 à 80 millions d'hectares pour répondre à la demande de nourriture, d'énergie et d'établissements humains. Pourtant, TNC voit des opportunités dans des endroits comme l'Amérique latine ou même l'Amérique du Nord, où les terres sont déjà défrichées et peuvent être utilisées avec un impact environnemental moindre.
« Une grande partie de notre objectif est d'aider à intensifier la production, mais de le faire d'une manière qui soit bonne pour les sols et les écosystèmes sur les terres déjà défrichées », a déclaré M. Doane.
Dans sa propre région du Kansas, M. Doane a constaté une dégradation due à la pénurie d'eau et aux inquiétudes concernant l'aquifère d'Ogallala, ainsi qu'à la qualité de l'eau locale. Selon lui, plus de 80 % des cours d'eau sont altérés par les activités humaines.
« Il y a des gens bien dans ces communautés, et il y a des gens bien dans des entreprises comme Syngenta », a déclaré M. Doane. « Notre travail consiste à faire preuve d'ouverture, de curiosité et d'engagement pour découvrir les possibilités d'améliorer encore la façon dont nous produisons des aliments, mais aussi de le faire d'une manière qui permette d'atteindre un autre objectif d'une importance vitale, à savoir la conservation de l'environnement et la capacité de préserver les ressources pour les générations futures. »
Cela repose en partie sur la communication, qui n'a pas toujours été un point fort de la communauté environnementale, en particulier lorsqu'il s'agit d'encourager le changement dans l'espace agricole. Mais M. Doane considère la dégradation des sols comme un moyen important de cadrer la conversation sur l'avenir de l'agriculture et sur les possibilités qu'ont les agriculteurs et les éleveurs de transmettre leur héritage à la génération suivante.
C'est également un aspect qui pourrait mieux relier les différentes démographies américaines : la stabilité des communautés rurales et les demandes des secteurs urbains et suburbains.
Malgré sa valeur, TNC admet que la partie régénératrice de sa structure peut être difficile à quantifier, d'autant plus que sa propre analyse de la littérature montre que plus de 200 définitions de l'« agriculture régénératrice » sont utilisées – dont aucune n'est réglementée par le gouvernement fédéral ou n'est juridiquement contraignante. Toutefois, la plupart d'entre elles tendent à s'articuler autour de l'idée de la reconstitution du capital naturel.
« Pour nous, l'agriculture régénératrice est une approche basée sur les résultats », explique M. Ramirez. « Elle se concentre sur les impacts positifs concernant la santé des sols, l'augmentation de la biodiversité, la gestion de l'eau et toutes ces choses. Elle permet vraiment de passer à l'étape suivante de la durabilité. »
Les deux organisations abordent la conservation et la durabilité sur de multiples fronts et dans des régions du monde entier. Syngenta et The Nature Conservancy mènent chacune des centaines de projets de développement durable dans le monde entier. Il s'agit notamment des projets suivants :
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Un travail effectué pour découvrir et mettre en œuvre une technologie permettant de décarboner le secteur laitier qui, malgré l'augmentation importante du nombre de vaches dans l'ouest des États-Unis, a vu l'intensité moyenne nationale de ses émissions de gaz à effet de serre diminuer de 42 % au cours des cinq dernières décennies.
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Des investissements dans des colliers électroniques qui pourraient contribuer à améliorer l'efficacité opérationnelle du pâturage tournant.
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Des efforts visant à explorer l'écologie des prairies et la manière de renouveler les écosystèmes naturels.
Après avoir annoncé le renouvellement de leur partenariat mondial en mai 2024, une initiative majeure en Chine vise à régénérer des milliers d'hectares de sols agricoles dans la plaine de Chine du Nord, tandis qu'un effort au Brésil appelé programme REVERTE espère faire de la restauration des terres dégradées une option rentable pour les agriculteurs.
Le partenariat travaille également aux États-Unis sur deux projets à grande échelle.
Le premier consiste à tester les pratiques et la gestion régénératives dans la production de semences. Ces essais porteraient sur les semences de maïs, de soja ou sur toute autre semence travaillée par Syngenta.
« Nous avons pour objectif qu'environ 80 % des agriculteurs qui nous fournissent des semences soient des agriculteurs régénératifs », a déclaré M. Ramirez.
L'objectif est de réduire l'empreinte environnementale de la chaîne d'approvisionnement en semences et de préserver la qualité des semences livrées aux clients du groupe Syngenta.
Le deuxième grand projet américain consiste à améliorer la résistance des terres cultivées au changement climatique et à réduire la pression exercée par l'agriculture sur les ressources en eau en utilisant le sorgho dans les rotations de cultures.
« Le sorgho a le potentiel pour devenir une partie plus importante de la rotation des cultures », a déclaré M. Doane. « Et que faudrait-il faire pour que cela se produise ? Il est toujours nécessaire de lutter efficacement contre les mauvaises herbes et les ravageurs de toutes sortes. [...] Mais ce qui nous intéresse, c'est que cette culture est très économe en eau et qu'elle pourrait donc jouer un rôle plus important dans les régions en transition où il y a un véritable stress hydrique.
L'agriculture mondiale semble prête à bénéficier du partenariat unique qui existe entre Syngenta et The Nature Conservancy – un partenariat qui existe sous une forme que peu d'autres, si ce n'est aucun, n'ont.
Syngenta emploie près de 60.000 personnes, tandis que TNC en compte 5.000, dont 20 % de scientifiques. Ces organisations sont bien placées pour inciter l'agriculture à mettre en place les mécanismes financiers nécessaires aux agriculteurs et aux éleveurs, et pour faire progresser les solutions de conservation les mieux adaptées aux terres agricoles.
« Nous sommes très intéressés par les solutions pragmatiques, dirigées par les entreprises et les politiques, qui ont la capacité d'être déployées », a déclaré M. Doane. « Nous travaillons avec des organisations compétentes qui ont les bonnes intentions. Si nous pouvons compléter la façon dont ces organisations commencent à travailler autour de nous, c'est une bonne façon de remplir notre mission. »
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* Ryan Tipps est le fondateur et le rédacteur en chef d'AGDAILY. Il couvre l'agriculture depuis 2011 et ses articles ont été récompensés par des organisations agricoles nationales et régionales.
Source : Global partnership that pairs farm productivity with sustainability | AGDAILY