Catastrophe ! Des oiseaux ont disparu, et disparaîtront... la rationalité scientifique aussi !
(Source)
Selon une brochette de 22 chercheurs, 610 espèces d'oiseaux auraient disparu depuis le Pléistocène supérieur du fait de la main de l'Homme, et plus de 1.000 devraient disparaître au cours des deux prochains siècles avec des conséquences catastrophiques.
Quelle extraordinaire acuité visuelle, tant vers le passé que vers l'avenir !
Mediapart s'est jeté goulûment sur une « information » :
« 92 % des extinctions d'oiseaux ont été provoquées par les humains, révèle une nouvelle étude scientifique.
Les chercheurs estiment que 3 milliards d’années d’évolution ont été anéanties par les humains... »
Faisons une courte incidente : parmi les commentaires, il y a : « Oui mais c’est la @fnsea qui a raison. #ouPas » et « Mais il reste toujours des africains ». Sans commentaire désobligeant... Mais il y a aussi ceci : « Et les poules ? Il y en a des milliards maintenant. Jamais elles ne nous remercieront assez du bien que nous leur faisons. »
L'article de Mediapart, « La vague d’extinctions frappant les oiseaux fragilise toute la biosphère » est derrière un péage.
En chapô :
« Une étude internationale parue jeudi dans la revue "Science" documente avec une précision inédite l’ampleur et les conséquences des extinctions d’oiseaux imputables aux humains, et les effets en cascade sur les autres espèces. »
L'article de Thomas J. Matthews et al., « The global loss of avian functional and phylogenetic diversity from anthropogenic extinctions » (la perte globale de la diversité fonctionnelle et phylogénétique des oiseaux due aux extinctions anthropogéniques) est aussi derrière un péage. Mais nous disposons de deux résumés.
« Résumé de l'éditeur
Les activités humaines sont l'une des principales causes d'extinction des espèces, directement ou indirectement, depuis des millénaires. Matthews et al. ont étudié l'impact des extinctions sur la diversité mondiale des oiseaux, en particulier sur leurs caractéristiques et leur histoire évolutive (voir la perspective de Kemp). Environ 5 % des espèces d'oiseaux connues se sont éteintes au cours des 130.000 dernières années, et ces espèces sont plus distinctes en termes de caractéristiques et de lignées que ce que l'on pourrait attendre du hasard, en particulier celles qui se sont éteintes avant 1500 de notre ère. C'est sur les îles que la perte de diversité des espèces, fonctionnelle et phylogénétique est la plus importante. Les extinctions futures prévues devraient avoir des effets encore plus graves sur la diversité fonctionnelle et phylogénétique des oiseaux, ce qui souligne la nécessité de déployer des efforts de conservation, en particulier sur les îles. – Bianca Lopez
Résumé
Depuis des millénaires, l'homme est à l'origine d'une érosion globale de la richesse spécifique, mais les conséquences des extinctions passées sur d'autres dimensions de la biodiversité – la diversité fonctionnelle et phylogénétique – sont mal comprises. Dans ce travail, nous montrons que, depuis le Pléistocène supérieur, l'extinction de 610 espèces d'oiseaux a entraîné une perte disproportionnée de l'espace fonctionnel aviaire mondial, ainsi que de ~3 milliards d'années d'histoire évolutive unique. Pour les espèces endémiques des îles, les pertes proportionnelles ont été encore plus importantes. Les extinctions futures prévues de plus de 1.000 espèces au cours des deux prochains siècles entraîneront d'autres réductions substantielles de la diversité fonctionnelle et phylogénétique. Ces résultats mettent en évidence les graves conséquences de la crise actuelle de la biodiversité et la nécessité urgente d'identifier les fonctions écologiques perdues à cause de l'extinction. »
L'article étant derrière un péage, on se doit d'être prudent dans l'analyse.
Néanmoins, que signifie « une perte disproportionnée de l'espace fonctionnel aviaire mondial » s'agissant de 610 espèces depuis le Pléistocène supérieur (qui a débuté il y quelque 126 mille ans) ? Est-elle vraiment le fait de la main de l'Homme comme le laissent entendre les résumés ? Et quelles sont les preuves ?
Nous aurions perdu « ~3 milliards d'années d'histoire évolutive unique », mais les oiseaux sont apparus au Jurassique (-201 à -145 millions d'années)...
Cette équipe de chercheurs annonce aussi une perte prévue de « plus de 1.000 espèces », avec de graves conséquences, au cours des deux prochains siècles ! Qui dit mieux ?
L'Université de Birmingham a produit un communiqué de presse tout aussi alarmiste... et troublant. En voici un extrait, une citation de M. Tom Matthews :
« Nos résultats soulignent l'urgence de comprendre et de prévoir les impacts des extinctions anthropiques passées sur la fonction des écosystèmes afin de se préparer à l'ampleur de la perte future attendue des 1.000 espèces d'oiseaux qui devraient s'éteindre complètement au cours des deux prochains siècles. »
Cela n'a manifestement aucun sens !
Le pire, à notre avis, c'est que la revue Science ait trouvé opportun de produire un résumé de l'éditeur, signalant ainsi l'importance qu'elle accorde à cet article. Passe-t-elle aussi du côté obscur de la science ?
Les prédictions de l'Apocalypse étant, médiatiquement, de bonnes nouvelles, ces élucubrations ont trouvé un chemin vers les médias.
Citons dans les média anglophones The Talker, via MSN, « Human caused bird extinctions erase 3 billion years of evolution » (les extinctions d'oiseaux causées par l'homme effacent 3 milliards d'années d'évolution).
Jusqu'où la catastrophe peut-elle aller ?
« Selon l'équipe, la réduction du nombre d'espèces aviaires dans le monde, documentée par la recherche, affectera probablement aussi la capacité de nombreuses espèces végétales à faire face au changement climatique actuel et futur. »
On se fera grâce du reste...