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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Campagnes désespérées au sujet d'un prétendu espionnage pour des industriels - Quelle est la stratégie militante derrière l'enquête sur une petite société de conseil ?

1 Octobre 2024 Publié dans #Activisme, #critique de l'information, #Bonus Eventus

Campagnes désespérées au sujet d'un prétendu espionnage pour des industriels

 

Quelle est la stratégie militante derrière l'enquête sur une petite société de conseil ?

 

David Zaruk*

 

 

La semaine dernière, nous avons assisté à une nouvelle démonstration d'un essaim d'activistes. Rusés, trompeurs et coordonnés pour assurer leur succès, dix-huit activistes se sont fait passer pour des journalistes et ont utilisé leurs réseaux mondiaux dans des groupes de médias allant du Monde au Guardian en passant par l'Australian Broadcasting Corporation pour attaquer simultanément une petite société de conseil en matière de surveillance de l'actualité, Bonus Eventus. Travaillant en meute avec plusieurs cabinets d'avocats américains spécialisés dans la responsabilité civile (pour obtenir des informations confidentielles à partir des actions intentées contre des clients de la société de conseil) et deux fondations (Agroecology Fund et Oak Foundation) pour un financement pouvant aller jusqu'à 800.000 dollars, l'ONG coordinatrice, Lighthouse Reports, a réalisé un coup de maître en matière de subterfuge militant.

 

 

Cependant, comme pour beaucoup de gesticulations d'activistes, il y a eu des problèmes. Les activistes ont été pris en flagrant délit de mensonge, n'ont pas respecté les normes journalistiques de base en matière d'éthique et de transparence et ont utilisé une logique tordue fondée sur des affirmations relevant de la peur émotionnelle. (Voir la première partie de cette série sur la façon dont les chercheurs ont enfreint les six règles de base de l'intégrité journalistique.) Le plus remarquable, c'est qu'après une année d'enquête, ils n'ont pu fournir aucune preuve à l'appui de leurs prémisses initiales.

 

Mais cela ne les a pas empêchés de publier leurs arguments sans aucune information pour les étayer. Leurs affirmations ont été bien communiquées, amplifiées adroitement par leurs réseaux médiatiques, en insistant sans relâche sur le message ; et, même si aucune de leurs affirmations n'était vraie, les mots clés et les arguments ont été répétés à travers les organisations médiatiques sans aucune analyse éditoriale ou examen minutieux.

 

Il est vraiment fascinant de voir comment ces menteurs méprisables peuvent si facilement s'en tirer en vendant des absurdités sans fondement à une clientèle avide de haine et d'indignation.

 

Cet article examinera les motifs qui ont poussé 18 activistes de cinq continents à continuer à défendre une logique et une prémisse erronées pendant plus d'un an. Pourquoi ne se sont-ils pas arrêtés et n'ont-ils pas admis qu'ils se trompaient ? Pourquoi le financement s'est-il poursuivi ? Pourquoi ont-ils publié un document sans aucune preuve ? Et pourquoi les autres groupes de médias qui ont répercuté leur document n'ont-ils pas lu les arguments dénués de substance, vides de toute preuve ?

 

 

Du vent pour 800.000 dollars

 

La récente publication de Lighthouse Reports sur un petit service de recherche et de suivi de l'actualité, Bonus Eventus, est peut-être le plus grand « Nothing Burger » que la communauté des activistes anti-industrie et anti-chimie ait jamais eu le malheur de publier. Le postulat de départ était carrément risible, à savoir :

 

  • Que ce cabinet de conseil tire secrètement les ficelles des grandes politiques industrielles et des décisions relatives au système alimentaire mondial et qu'il dirige une sorte de réseau d'espionnage industriel – une cabale – cherchant à empoisonner le public et la planète. Or, cette petite société de conseil se contente de distribuer des services de suivi de l'actualité à une liste d'abonnés par courrier électronique. Elle fournit des informations provenant de sources publiques et les coupures de presse qu'elle distribue n'ont rien de sournois (si ce n'est qu'elles peuvent contenir des informations publiques que les activistes ne souhaitent pas voir partagées).

 

  • Ils veulent montrer que Bonus Eventus est financé par les contribuables américains. Mais ils n'ont pas pu le prouver parce que ce n'est pas le cas. Et on leur a bien dit qu'il n'y avait pas de tel financement. Mais plutôt que d'abandonner cette affirmation, ils ont essayé, par une logique incroyablement tordue, de justifier leur affirmation (voir encadré ci-dessous) – qu'une ONG ayant reçu une subvention gouvernementale utilisait Bonus Eventus... et donc... L'affirmation selon laquelle la société de conseil est financée par le gouvernement a été répétée au moins 50 fois par d'autres sources d'information au cours des trois derniers jours, alors qu'elle est totalement fausse et que si l'un des rédacteurs en chef avait réellement lu la justification de ce point, il se serait éloigné de cette campagne absurde.

 

 

Source : Dommage que les chercheurs n'aient pu fournir aucune preuve de ce qu'ils avançaient.

 

 

  • Ils ont tenté de présenter la société de conseil comme lâchant une armée de lobbyistes pour attaquer personnellement les militants anti-chimie en publiant des profils sur eux. Mais ces profils sont générés par une base de données d'informations accessibles au public et incluent tous les acteurs du débat sur le système alimentaire (y compris l'auteur de cet article).

 

La logique de Carey

Le rapport offre un merveilleux aperçu de l'esprit et de la logique de Carey Gillam. Elle affirme qu'une agence gouvernementale américaine, l'USAID, a mis à la disposition d'un groupe à but non lucratif, l'IFPRI, un financement unique destiné à promouvoir les avantages de la biotechnologie pour le développement agricole. En outre, l'IFPRI a utilisé pendant plus de six ans le service de veille Bonus Eventus. L'IFPRI a payé pour ce service car il l'a aidé dans son travail. C'est pourquoi, conclut Mme Carey, « Bonus Eventus a été payé par le gouvernement américain et les contribuables américains ».

  • L'USAID a-t-elle financé Bonus Eventus ? Non.

  • Ces activistes ont-ils passé un an sur des demandes d'accès à l'information pour tenter de le prouver ? Oui.

  • Lighthouse Reports a-t-il quand même tiré cette conclusion sans aucune preuve ? Oui.

 

https://risk-monger.com/2024/09/27/bonus-eventus-and-bonehead-activists/

 

 

Pourquoi ces militants ont-ils continué à s'enfoncer dans ce trou à rat ? Pourquoi ont-ils perdu autant de temps et d'argent à enquêter sur un petit organisme de surveillance de l'information ?

 

Ils ont passé un an sur des demandes d'accès à l'information (FOIA) et les documents judiciaires qui leur ont été fournis par les avocats spécialisés dans les recours collectifs en responsabilité civile, et n'ont pratiquement rien trouvé. Qu'est-ce qui les a poussés à poursuivre leurs recherches ? Ou plutôt, qu'est-ce qui a motivé des fondations comme la Oak Foundation, membre de l'Agroecology Fund, à continuer de gaspiller des centaines de milliers de dollars pour une théorie du complot idéologique aussi stupide et tordue ?

 

Bien sûr, les activistes tentent habilement de mettre en avant ce qu'ils ont pu trouver en un an de recherches inutiles. Bonus Eventus couvre les questions relatives à l'industrie chimique et rend compte des campagnes d'activistes. Mais comme la plupart des activistes, ils avaient leurs réponses avant d'avoir commencé à poser des questions.

 

Je suis abonné à ce service d'information grossièrement qualifié d'« obscur ». Chaque jour, je lis les informations qu'ils fournissent et je sais ce qu'ils font. Ce que je peux dire avec certitude, c'est qu'ils ne font pas ce que ces activistes veulent vous faire croire qu'ils font. Je ne suis pas membre d'une cabale obscure, il n'y a pas de poignées de main secrètes et il n'y a pas de plan diabolique pour conquérir le monde au nom de l'industrie. Chaque matin, je reçois un courriel qui me donne un bon aperçu de ce qui se passe dans les domaines où j'écris ces articles. Ils me font gagner du temps et je les apprécie.

 

Ces militants ont passé un an à enquêter sur un site d'information qu'ils n'avaient jamais visité et n'ont apparemment pas demandé à de nombreux abonnés ce qu'ils pensaient de ce service de veille. Ce qui est absurde, c'est le nombre d'organismes de presse qui ont reproduit leur baratin.

 

 

Les motivations des zélotes

 

Je ne pense pas que des gens comme Carey Gillam, Margot Gibbs ou Stéphane Foucart soient irrémédiablement stupides. Mais je crois qu'en tant que zélotes rusés, ils ont une arrière-pensée qui les a poussés à poursuivre leur enquête pendant plus d'un an... même si elle ne les a menés nulle part.

 

Alors, qu'est-ce que ces activistes espéraient obtenir en fabriquant leur exposé ? Voici quelques pistes de réflexion. Ils voulaient :

 

  • Ouvrir un nouveau front dans la campagne anti-industrielle et post-capitaliste : les sociétés de conseil contrôlant les informations qui définissent le récit. Les militants ne devraient pas seulement s'attaquer aux industries polluantes, mais aussi à celles qui polluent les esprits, influencent les décisions et contrôlent le message. Le problème de cet argument est que ce prétendu groupe de façade de l'industrie, v-Fluence, a largement inclus dans ses rapports les déclarations des activistes et d'autres informations négatives concernant l'industrie.

 

  • Créer l'impression que l'information est contrôlée depuis l'ombre (un réseau d'espionnage industriel ou une organisation d'espionnage). Le cabinet de conseil a été dépeint comme un centre névralgique de campagnes discrètes qui évolue sous le radar et en dehors de l'écosystème des parties prenantes traditionnelles. Vous n'en avez jamais entendu parler parce qu'il s'agit d'une armée secrète, mais voilà que cet incroyable limier qu'est Sainte Carey du Kansas, l'a démasquée.

 

  • Présenter l'agence comme le chaînon manquant qui relie l'industrie aux agences gouvernementales et aux universitaires/chercheurs qui agissent contre les intérêts des ONG et de la société civile. Les militants ne veulent pas reconnaître qu'il n'y a pas de coordination entre ces autres acteurs de la société ou de cabale secrète, ou que les échecs des campagnes qu'ils subissent sont dus à la faiblesse de leurs propres idéologies.

 

  • La société de services est perçue à tort comme la source de nombreuses enquêtes sur les campagnes, le financement et les tactiques des militants. Les activistes pensent que la fermer serait une stratégie d'attaque par le flanc pour permettre aux ONG de mener plus librement leurs campagnes en censurant toutes les voix dissidentes.

 

  • En fin de compte, les services d'information et de surveillance fournis par Bonus Eventus sont précieux et compensent l'incapacité des associations professionnelles à faire leur travail. Lorsque des activistes mènent des campagnes émotionnelles, en particulier dans le domaine des systèmes alimentaires, la dernière chose qu'ils souhaitent, c'est que les autres parties prenantes aient accès aux données, aux preuves et aux informations. La principale motivation de leur agitation est donc d'arrêter Bonus Eventus.

 

Aucune de ces perceptions n'est vraie (sauf peut-être que la plupart des industries sont en effet incapables de fournir un tel service aujourd'hui). Bonus Eventus n'est pas une cabale secrète opérant et contrôlant les autres dans l'ombre. Il s'agit simplement d'un service de recherche et de suivi de l'actualité qui s'efforce de survivre en soutenant un secteur qui n'a ni la volonté ni les moyens de faire le travail lui-même. Ses rapports et documents complémentaires sont tous bien référencés et proviennent de sources accessibles au public. Les articles sur les parties prenantes qui influencent le débat public et font pression contre les solutions agricoles aux problèmes ne sont pas des dossiers secrets ou de l'espionnage, mais mettent simplement à la disposition des abonnés un contexte supplémentaire sur les sources qui cherchent à influencer le débat public et la politique.

 

Mais pour les activistes, aujourd'hui extrêmement bien financés par des fondations, de sombres fonds conseillés par des donateurs, des intérêts de marketing de produits biologiques et des avocats spécialisés dans les actions de classe qui financent une grande partie des médias grand public, les faits ne sont pas nécessaires. Une série d'articles, peut-être un film d'espionnage/documentaire et quelques campagnes bien financées, et le public disposera d'un nouveau chapitre du débat sur le système alimentaire qui le terrifiera. C'était leur objectif depuis le début.

 

Mais ils n'avaient pas besoin de perdre autant d'argent ou de temps. Comme indiqué dans le premier article de cette série, il leur suffisait d'utiliser trois mots : industrie, Monsanto, lobbying... et les graines de la peur et de l'indignation auraient aussi été profondément plantées dans la psyché du public. Et c'est ce qui s'est passé.

 

 

Avantages accessoires

 

Bien qu'il y ait de la méthode dans leur folie, les 18 activistes et ceux qui « paient leur loyer » ont également réussi à tirer un très bon profit de leur campagne désespérée.

 

  • Les militants bénéficieront d'une grande attention de la part des médias et pourront se faire passer pour des experts dans un nouveau domaine de recherche. Les militants de la santé environnementale disposeront désormais de leur propre équipe de détectives privés (chasseurs d'espions) et d'un niveau supplémentaire pour leurs campagnes de peur contre l'industrie. Carey Gillam s'est toujours considérée comme une sorte de limier pourchassant Monsanto, mais Monsanto n'existe plus.

 

  • Les cabinets d'avocats spécialisés en droit de la responsabilité civile vont pouvoir disposer d'une nouvelle cible pour leurs actions en justice. Si une entreprise prétend qu'elle ne connaissait pas les risques de son produit, une petite entreprise de services pourra être présentée comme le cerveau de l'opération qui a choisi de ne pas l'informer. Les cabinets d'avocats peuvent plus facilement cibler les entreprises de conseil en amont des industries.

 

  • Les fondations pourront étendre leur sphère d'influence par le biais de parrainages fiscaux et de fonds non transparents affectés par les donateurs agissant derrière ces enquêtes, tout en réduisant au silence les critiques qui pourraient faire la lumière sur leurs propres opérations.

 

  • Les chercheurs activistes disposent d'un moyen lucratif de rémunérer leurs services. Dans ce cas particulier, Carey Gillam est payée par des fondations et d'autres organismes qui soutiennent Lighthouse Reports, des fondations comme l'Open Society qui soutiennent le projet guardian.org qui paiera pour la publication de ses articles dans The Guardian, et les fondations qui soutiennent son poste rémunéré à l'EWG où elle publiera les mêmes articles dans The New Lede. Et c'est sans compter les avances sur les livres, les honoraires de conférenciers ou les droits de diffusion des films. Il est dans l'intérêt de ces fondations et groupes d'intérêt de se coordonner via des sponsors fiscaux pour superviser un tel réseau d'opérations (sinon Carey ne fera que traire ses vaches à lait).

 

Que se passerait-il si des services de recherche et de suivi de l'actualité tels que Bonus Eventus faisaient faillite (comme le souhaitent ces activistes) ? Nous aurions moins accès à une plus grande variété d'idées et d'informations sur les solutions industrielles innovantes. Nous aurions moins de données, moins de preuves et plus d'ignorance. Nous serions dans un monde où les ONG et les groupes de campagne peuvent dire et agir à leur guise, imposer leurs idéologies à un public sans méfiance, sans réactions ni analyses critiques. Nous vivrions dans un monde où des activistes comme Carey Gillam, Margot Gibbs et Stéphane Foucart pourront profiter de l'ignorance et de la peur généralisées.

 

Je ne veux pas vivre dans un tel monde défini par l'ignorance et les idéologues sectaires, c'est pourquoi je choisis de m'opposer à ces zélotes et de rejeter leur méprisable tactique de gesticulation et de censure.

 

______________

 

* Source : Straw-Clutching Campaigns on Industrial Espionage (thefirebreak.org)

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