Politique agricole : « Quoique ce soit de la folie, il y a de la méthode là-dedans » (Hamlet)
« Though this be madness, yet there is method in 't » (Hamlet)
Fritz l'agriculteur de Haute-Autriche chez Willi l'agriculteur*
Les récits médiatiques dans l'air du temps qui tournent en boucle reposent dans la grande majorité des cas sur un exercice digital manquant d'esprit critique, pratiqué depuis des années : les copier-coller de messages d'ONG.
Les exemples se lisent comme une rétrospective journalistique de l'année sous la devise « Tous mes petits poussins » :
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La disparition des abeilles, qui n'a jamais eu lieu (surtout celle de la légendaire abeille du blé) [ma note : voir « Une sensationnelle découverte zoologique : Apis tritici ».]
Les instructions pour les câlins aux loups dans toute l'Europe au lieu de la lutte pour la survie des moutons qui entretiennent les digues de la mer du Nord ou du bétail qui pâture dans les régions alpines.
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Les vaches productrices du méthane de l'apocalypse, les veaux en conteneur de l'univers imaginaire de Sky-Dumont, le kilo de viande bovine aux 15.000 litres d'eau.
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Les bons pesticides toxiques bio, naturels et donc en aucun cas toxiques (bien que le bio, d'une certaine manière, n'utilise de toute façon pas de pesticides du tout), qui sont mélangés à de la poussière d'elfes à partir d'excréments de licornes au moyen de formules magiques ancestrales et sont répandus milligramme par milligramme à la pleine lune par plus ou moins de vierges en robes blanches en écoutant au choix des chants de sirènes ou des chants populaires celtiques, alors que...
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Les méchants poisons synthétiques tellement toxiques, qui sont produits dans des laboratoires secrets, de préférence allemands, par des méchants du grand capital et des dirigeants syndicaux consentants, qui sont ensuite refilés au monde et sont déversés par tonnes par l'ensemble des agriculteurs conventionnels, jour et nuit, par pure cupidité, avec leurs méga-pulvérisateurs, dans un rire satanique.
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Le génie génétique vert sorti de la cuisine du diable ou du laboratoire de Frankenstein. Même l'intelligentsia mondiale des prix Nobel (171 prix Nobel accusent Greenpeace de crime contre l'humanité et soutiennent les OGM et le riz doré) ne peut pas lutter contre de tels slogans sur l'IA (IA = intelligence absente) des activistes des ONG chouchous des médias. Mais les Jean-Kevin woke et les Marie-Chantal éduqués au Tik-Tok croient encore aujourd'hui que « D'abord l'abeille meurt, ensuite c'est l'homme » est d'Albert Einstein.
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Les céréales, le maïs, le colza, le sucre d'Ukraine sont exclusivement destinés aux pays les plus pauvres du monde.
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Pour avoir la conscience tranquille à propos du « broyage » des poussins d'un jour (qui n'a jamais eu lieu), on veut un élevage (non rentable) des coqs frères, et on se tire volontiers dans les pattes et se retire du marché par la voie politico-médiatique. L'Allemagne dans son nouveau rôle de parade : précurseur mondial sans aucun suiveur.
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Le cycle annuel de la mort : en commençant par les asperges annuelles mortelles, le mensonge annuel des « fraises toxiques » [ma note : voir « Des fraises toxiques ? Des fraises saines ! »], la confiture d'abricots aux pesticides, le péché mortel et inexpiable de la consommation de viande tout au long de l'année, les pommes alléchantes de « Blanche-Neige », et si c'est de la drogue, alors s'il vous plaît, du cannabis en sachet au lieu du sucre de betterave automnal dans la tarte ou même dans le verre de vin, jusqu'au sapin de Noël poison issu de la culture intensive [ma note : voir « Un calendrier de l'Avent postfactuel : (12) les sapins de Noël poisons »].
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Si vous êtes finalement décédé, ne vous faites pas envoyer de couronnes ou de fleurs, mais entretenez le cercle de mensonges en faisant des dons au plus grand nombre possible d'ONG et protégez vos descendants pour toujours de la corruption capitaliste en désignant votre ONG préférée comme unique héritier. Elles se chargent de toute façon « volontairement » de la diffusion médiatique avec la taxe obligatoire versée à la radio publique autrichienne ÖRR.
Et si on déplaçait les paramètres nécessaires sur le plan idéologique et linguistique jusqu'à ce qu'on puisse balayer la réalité sous le tapis de la volonté politique ?
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Alors il est possible d'abattre des forêts protégées et des forêts naturelles, de niveler de larges routes d'accès ou d'« oublier » tout simplement les dommages causés à l'environnement (incendies, ruptures de pales, abrasions, fuites d'huile, etc.) pour les éoliennes. Si cela vient des « bons », tout devient soudain une contribution importante à la sauvegarde du monde. Si les « méchants » faisaient la même chose, cela s'appellerait soudain : compactage, destruction du sol, destruction du paysage, meurtre d'un arbre, intervention destructrice dans un écosystème, etc.
Alors que chaque insecte ou oiseau mort à la campagne est mis sur le dos des agriculteurs (en raison de leur mode de vie totalement erroné) en tant que menace existentielle pour toute la population, plusieurs millions d'oiseaux morts dans les villes et les espaces publics (en raison du mode de vie totalement sans problème dans ces lieux) n'ont absolument aucune influence négative sur la population – probablement parce qu'on y aime mourir pour la bonne cause et la prospérité des bons. (Les éoliennes sont coresponsables de la mort des insectes). [Ma note : voir « Éoliennes et insectes font-ils bon ménage ? »
Une comparaison de 20 à 270 millions :
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La catastrophe (Vogelsterben: Globales Artensterben mit dramatischem Ausmaß – disparition des oiseau : extinction globale des espèces d'une ampleur dramatique) : « Le nombre de couples nicheurs dans les zones agricoles a diminué de 300 millions dans l'UE entre 1980 et 2010. Cela correspond à une perte de 57 pour cent ! »
Remarque de Fritz l'agriculteur : donc un recul de 1,5 % par an, soit 10 millions de couples nicheurs ou 20 millions d'oiseaux en moins par an sur 30 ans. Et bien sûr, ils meurent tous à cause des pesticides, du manque de nourriture, du manque d'espace vital dans les monocultures... les coupables : les agriculteurs.
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La pure normalité (« Windenergie: Die 5 häufigsten Einwände – und was wirklich dahinter steckt » – énergie éolienne : les cinq objections les plus fréquentes – et ce qui se cache vraiment derrière) : « En effet, en Allemagne, environ 100 millions d'oiseaux meurent rien qu'à cause des vitres des bâtiments – et ce, chaque année. Chaque année, on dénombre environ 70 millions d'oiseaux morts par collision dans le trafic routier et ferroviaire. En outre, environ 100 millions d'oiseaux sont dévorés chaque année par des chats sauvages ou par ceux qui sont en liberté. Rien que dans le réseau allemand de lignes à très haute et haute tension, la NABU estimait jusqu'à présent qu'il y avait au moins 1,5 million de victimes par an. En réalité, entre 10.000 et 100.000 oiseaux meurent chaque année en Allemagne à cause des éoliennes ».
Remarque de Fritz l'agriculteur : cela représente au total 270 millions d'oiseaux morts dans les villes chaque année. 14 fois plus qu'à la campagne ! Vous le saviez ? Non. Un problème ? Pff !
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Postuler sans appréhension un bilan CO2 nul pour les voitures électriques, ce qui permet ensuite aux constructeurs de ces voitures de réaliser des milliards de bénéfices avec les certificats de CO2 gratuits (Tesla gagne 1,9 milliard de dollars US avec les certificats de CO2). Ne vendant que des voitures électriques, Tesla reçoit un grand nombre de certificats de CO2. Le constructeur peut les vendre à bon prix à ses concurrents qui, en Chine, aux États-Unis et en Europe, ne peuvent pas respecter les prescriptions en matière de CO2. En d'autres termes, le CO2 peut provenir par exemple d'une Fiat-Chrysler, car cette entreprise entretient un étroit trafic d'indulgences avec Tesla. On y construit des automobiles aussi magnifiques que la Dodge Hellcat de 707 CV. Une véritable situation gagnant-gagnant. Mais dans le bilan global, pas un seul gramme de CO2 n'est économisé.
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Parce que, bien entendu, les forêts et le bois ne peuvent tout à coup plus rester neutres pour le climat, on a voulu imposer récemment une taxe sur le CO2 pour des maux tels que les pellets. Dans le plus pur style d'AGORA, tout est bien sûr scientifiquement super propre, comme on le sait déjà suffisamment des organisations de soutien vertes.
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Produire des « succès » dans le domaine du difficilement vérifiable avec des lois activistes coûtant des milliards, comme l'interdiction historique des pailles et des sacs en plastique (« Ein Jahr Einwegplastik-Verbot – was hat es gebracht? » – un an d'interdiction du plastique à usage unique : qu'est-ce que ça a apporté ?) ou, plus récemment, les couvercles de boissons accrochés aux bouteilles et aux briques de lait (« Bringen die fixierten Deckel wirklich etwas für den Planeten? Kritik auch von Experten » – les couvercles fixés apportent-ils vraiment quelque chose à la planète ? Critique également des experts). Il faut soit se convaincre des effets prétendument révolutionnaires, soit les chercher à la loupe ; mais les promoteurs et décideurs de ces mesures se moquent de toute analyse coûts-bénéfices et de toute étude d'impact. Ce qui laisse supposer qu'on ne les a de toute façon pas faites du tout. Du pays modèle de l'industrie de qualité au pays précurseur de l'économie de l'idéologie vaudou...
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Annoncer volontiers comment on s'est « légèrement trompé » dans la microgestion de l'économie planifiée autour de diverses transitions vertes. C'est le cas par exemple de Jürgen Trittin, dit « boule de glace », avec le fabuleux changement de prix de l'électricité de 1 € : il coûte pourtant 300 fois plus par jour (« 2000 Euro mehr für Strom und Gas » – 2.000 euros de plus pour l'électricité et le gaz).
Cela soulève la question de savoir s'il est possible que l'on n'ait de toute façon plus qu'à « estimer » au doigt mouillé de telles « transformations » d'une économie nationale en raison d'un manque de connaissances, et ce, avec l'aide d'études idéologiques : cela semble relever de l'apprentissage par essais et erreurs adapté aux enfants et convenur à beaucoup de gens de l'univers politico-médiatique sans aucune formation professionnelle. Et cela devrait suivre la devise « Regardons une fois, et nous verrons bien ». Seuls les esprits étroits se demanderont si, dans le cadre d'un tel « gain » politique, on ne devrait pas aussi se poser la question des conséquences personnelles et de la responsabilité de tels « politiciens de haut niveau ».
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Il en va de même pour la frénésie réglementaire et les excès de bureaucratie des diveres transitions agricoles et Green Deals (« Wohin mit der Agrarwende? – Bartosz Bartkowski » – que faire du tournant agricole ? – Bartosz Bartkowski). Sans égards pour les pertes, l'idéologie l'emporte sur l'intelligence. Si les pertes mènent à de nouvelles dépendances aux importations, déjà prévisibles aujourd'hui, on s'empêtre aussi chaque année un peu plus dans des réglementations et des détails toujours plus compliqués ou abscons (voir « Farm to Fork Initiative to Restrict European Union Agricultural Inputs May Increase Food Prices, Further Global Food Insecurity » – USDA ERS : l'initiative Farm to Fork visant à restreindre les intrants agricoles de l'Union Européenne risque d'augmenter les prix des denrées alimentaires et d'aggraver l'insécurité alimentaire dans le monde ; ainsi que « Uni Wageningen veröffentlicht Studie zu Folgen der Farm to Fork-Strategie » – l'Université de Wageningen publie une étude sur les conséquences de la stratégie Farm to Fork).
De nombreuses personnes vivant sur une autre planète continuent à préparer sans relâche de nouvelles soupes vertes – à la mode des « Enfants de Bullerbü » d'Astrid Lindgren –, que l'on fait avaler aux agriculteurs européens. Les effets indésirables directs ou secondaires sont niés, acceptés à bon compte – ou carrément passés sous silence (« Green Deal: Kommission versteckt katastrophale Folgen für die Bauern » – Green Deal : la Commission cache les conséquences catastrophiques pour les agriculteurs). Au bout du compte, c'est inévitablement l'effondrement, sinon de l'économie agricole européenne, du moins des moyens d'existence d'une grande partie des agriculteurs et de l'espace rural. La solidarité qui s'est manifestée lors des manifestations paysannes dans toute l'Europe a montré que les petites et moyennes entreprises et les métiers voient bien plus tôt que les politiques qu'ils sont eux aussi massivement touchés par cette situation.
La population active, qui a le sens de la réalité, de la raison et du bon sens, se rend compte depuis longtemps de la situation :
« Quoique ce soit de la folie, il y a de la méthode là-dedans »
Les contributions des invités reflètent l'opinion de l'auteur(e).
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* Source : "Ist es auch Wahnsinn, so hat es doch Methode" (Hamlet) - Bauer Willi