L'EFSA publie le rapport de surveillance environnementale post-commercialisation pour 2022 sur la culture du maïs génétiquement modifié MON 810
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Ma note : Quo vadis, EFSA ? Après une culture à grande échelle dans le monde depuis des années et 26 ans après une autorisation de culture en Europe, elle trouve qu'il subsiste des « incertitudes quant aux risques potentiels de quantités nocives de pollen de MON 810 sur des lépidoptères non ciblés très sensibles ». Cela a des relents de recherche d'une occupation justifiant des postes et un budget. Voir aussi ci-dessous.
Le rapport de surveillance environnementale post-commercialisation (PMEM – post-market environmental monitoring) de 2022 sur la culture du maïs MON 810 exprimant Cry1Ab présente les résultats des activités de gestion et de surveillance de la résistance des insectes. À la demande de la Commission Européenne, l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) a publié une évaluation du rapport PMEM 2022 sur le maïs génétiquement modifié MON 810.
L'évaluation de l'EFSA a révélé que le rapport PMEM 2022 n'a trouvé aucune preuve d'effets néfastes de la culture du maïs MON 810 et que les données provenant des questionnaires remplis par des agriculteurs et de la littérature scientifique ne montrent aucun impact négatif inattendu sur la santé humaine et animale ou sur l'environnement. L'évaluation n'a pas non plus révélé de résistance pratique à Cry1Ab chez les populations de pyrales du maïs dans le nord-est de l'Espagne et une sensibilité réduite chez les populations de pyrales du maïs dans la région méditerranéenne. L'EFSA note qu'il subsiste des incertitudes quant aux risques potentiels de quantités nocives de pollen de MON 810 sur des lépidoptères non ciblés très sensibles.
L'EFSA a formulé plusieurs recommandations visant à garantir la sécurité de la culture du maïs MON 810 pour la santé humaine et animale et pour l'environnement. Parmi ces recommandations figurent les suivantes :
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Renforcer le plan et la stratégie de surveillance pour assurer la détection précoce des changements dans la sensibilité à Cry1Ab ;
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Renforcer les efforts de surveillance, d'éducation et de communication dans la région de Gérone ;
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Réviser et décrire les actions spécifiques incluses dans le plan d'action correctif ;
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Harmoniser la stratégie de surveillance de la résistance des insectes et de mise en œuvre des mesures d'atténuation ; et
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Appliquer le même questionnaire aux agriculteurs en Espagne et au Portugal.
Pour plus d'informations, lisez l'évaluation complète dans le Journal de l'EFSA.
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Ma note : La culture du maïs MON 810 est autorisée au niveau européen (avec des interdictions nationales qui font qu'il n'est cultivé qu'en Espagne et au Portugal) depuis... 1998.
On ne peut que souscrire au principe des plans de surveillance des apparitions de résistance de la pyrale (notez cependant qu'il n'y a pas de tels plans pour d'autres formes de lutte contre des parasites, maladies et mauvaises herbes).
Que l'EFSA vienne affirmer, 26 ans après une autorisation de culture – délivrée dans des conditions rocambolesques (mais c'est une autre histoire) – et une culture à grande échelle dans le monde, qu'il subsiste des « incertitudes quant aux risques potentiels de quantités nocives de pollen de MON 810 sur des lépidoptères non ciblés très sensibles » est, disons, fort de café. Notez le « potentiels » ! Cela a des relents de recherche d'une occupation justifiant des postes et un budget.
En tout cas, ce n'est pas le genre de propos susceptible de mettre de la rationalité dans le débat sur les OGM (dans la mesure où il y a ou peut y avoir encore débat, tellement les positions sont figées).
Il y a d'autres éléments de ce rapport qui interrogent sur la propension à « rechercher la petite bête ». Par exemple, à propos de la téosinte et des croisements avec le maïs :
« […] des études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si l'acquisition de Cry1Ab par la téosinte et son expression dans les hybrides téosinte/maïs augmenteraient la persistance et le potentiel d'invasion de ces plantes et susciteraient des inquiétudes pour les organismes cibles et les organismes non cibles. »