Connaissances d'initiés : comment certains exploitent les labels biologiques à des fins lucratives aux États-Unis d'Amérique
Amanda Zaluckyj, AGDAILY*
Connaissances d'initiés : information connue seulement de ceux qui font partie d'une industrie, d'une entreprise ou d'un groupe spécifique, généralement partagée de manière informelle et non documentée, révélant des vérités plus profondes et des réalités en coulisses.
Vous savez, le genre d'informations que quelqu'un révèle en se penchant et chuchote à voix basse.
Je suis certaine que chaque secteur, entreprise, organisation et groupe possède des informations qui ne sont connues que de ceux qui sont dans le cercle. Il n'y a pas nécessairement de documentation écrite ou de référence, mais ces nouvelles et ces ragots circulent et sont évoqués avec désinvolture dans les conversations.
L'agriculture a certainement des connaissances d'initiés. Mais il ne s'agit pas de l'alarmisme dont les gens rêvent. Il ne s'agit certainement pas de savoir si les OGM sont toxiques, si les pesticides empoisonnent nos sources d'eau ou si les animaux d'élevage sont régulièrement maltraités [levez les yeux au ciel ici !].
Il s'agit plutôt de détails plus croustillants : quelqu'un dirige une entreprise lucrative mais à la légalité douteuse, certaines personnes sont riches alors qu'elles semblent pauvres, et on sait de l'intérieur que l'agriculture « biologique » n'est souvent pas vraiment biologique.
Ce dernier élément me rend souvent folle. Je n'ai jamais caché que je ne soutiens pas et que je ne peux pas soutenir les entreprises qui utilisent la certification biologique du Département Américain de l'Agriculture pour diffuser des informations erronées, mentir à leurs clients et donner à ce label plus de poids qu'il n'en a en réalité.
Le terme « biologique » est un terme de marketing qui s'appuie sur un ensemble de règles faisant appel à l'illusion de la nature. Et si une entreprise veut bénéficier de la fausse auréole de la santé et des prix élevés, elle a intérêt à se conformer parfaitement aux normes du National Organic Program (programme national d'agriculture biologique).
Pourtant, les professionnels du secteur savent que ce n'est pas toujours le cas. Depuis que j'ai commencé à écrire publiquement sur l'agriculture, il y a plus de dix ans, d'innombrables personnes m'ont fait part de ce type d'histoires, depuis les champs et le commerce international jusqu'à l'épicerie. J'ai rarement partagé quelque chose parce qu'il n'y a pas toujours beaucoup de preuves – et je me targue de toujours m'appuyer sur des informations bien documentées.
Eh bien, nous avons enfin un exemple sur lequel je peux écrire.
Un juge administratif a confirmé la sanction prononcée par le Département Californien de l'Alimentation et de l'Agriculture (CDFA) à l'encontre d'Agro Research International LLC. En 2020, le CDFA avait enquêté sur le produit AGRO GOLD WS de la société après avoir reçu des plaintes.
Ce produit était étiqueté et commercialisé en tant qu'engrais biologique (oui, les agriculteurs biologiques utilisent également des engrais). Cependant, plusieurs échantillons de l'engrais biologique ont été testés positifs à des herbicides de synthèse. Cela a posé un problème au CDFA, car ces herbicides ne sont pas autorisés dans la production biologique. Agro Research a affirmé que la contamination n'était pas intentionnelle.
Le CDFA n'a pas pris à la légère cette violation du National Organic Program de l'USDA. Il a infligé une amende de 1,89 million de dollars à Agro Research, estimant que la société avait mal étiqueté et falsifié ses engrais biologiques. Agro Research doit également payer les frais d'enquête du CDFA, qui s'élèvent à près de 100.000 dollars. La secrétaire du CDFA, Karen Ross, a souligné que cette affaire démontrait l'engagement du Département à préserver l'intégrité du label biologique californien et à garantir l'honnêteté des pratiques d'étiquetage.
Mme Karen Ross a raison. Si l'on veut jouer le jeu de l'agriculture biologique, il faut respecter les règles. Si ce n'est pas le cas, à quoi bon ? Je ne m'inquiète pas de l'intégrité du label, car les herbicides trouvés ne vont pas nuire à quoi que ce soit (sauf, bien sûr, aux mauvaises herbes). Mais il vaut mieux que l'étiquetage soit correct lorsque ces entreprises veulent faire payer les produits finis aux consommateurs.
Je suis prête à parier que s'il y avait plus d'enquêtes, nous découvririons beaucoup plus d'exemples de ce genre. Avant que vous ne perdiez la tête, sachez que la grande majorité des exploitations agricoles certifiées biologiques respectent les règles. Il en va de même pour les entreprises qui produisent des intrants, c'est-à-dire les ressources nécessaires à la production des produits finaux de ces exploitations (oui, les exploitations biologiques utilisent elles aussi des intrants).
Il ne fait aucun doute que certains acteurs exploitent la certification biologique à des fins lucratives. Demandez à n'importe quel agriculteur honnête ; il a entendu les histoires et connaît les astuces. Il s'agit d'informations d'initiés connues au sein du secteur économique.
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* Amanda Zaluckyj tient un blog sous le nom de The Farmer's Daughter USA. Son objectif est de promouvoir les agriculteurs et de lutter contre la désinformation qui tourbillonne autour de la filière alimentaire américaine.
Source : Insider knowledge: How some exploit organic labels for profit | AGDAILY