Un petit pot-pourri agronomique
Thierry Tetu et Guillaume Tant
Je « vole », sur Linkedin, à M. Thierry Tetu, chercheur principal à l'Université de Picardie Jules Verne (UPJV), une annonce ainsi que sa réponse à M. Guillaume Tant, lanceur d'idée/conférencier.
Il s'agit plus que d'une annonce, mais de réflexions sur les évolutions possibles de notre agriculture.
La licence professionnelle AADD « Agroécologie, Agriculture de Conservation des sols, Agronomie et développement durable » est réouverte à la candidature et à l'inscription à partir de ce lundi 19 août 2024.
Si vous souhaitez optimiser les 6 mécanismes de base de l'intensification agroécologique à mettre en place sur votre exploitation agricole ou future exploitation agricole; ou si vous souhaitez comprendre pourquoi ,en cette année 2024, les agriculteurs ont ou non atteint leurs rendements en céréales, alors qu'ils ne savent véritablement pas pourquoi; ou encore si vous souhaitez savoir pourquoi et comment un rendement de 85 quintaux de blé a pu être obtenu avec moitié moins d'azote (80 unités) alors que seulement 55 quintaux/ha ont été obtenu avec le double d'azote (160 unités d'azote) en absence de couvert d'interculture à haute densité de légumineuses, positionné derrière une orge, c'est qu'il est l'heure pour vous de vous inscrire en LPAADD à l'Université de Picardie Jules Verne. En effet si vous souhaitez devenir un expert dans le domaine du conseil agricole ou si vous souhaitez tout simplement reprendre une exploitation agricole, vous aurez besoin de ces compétences pour être le meilleur à ce niveau de bac +3. Vous pouvez consulter le site web de l'université de Picardie https://lnkd.in/eFTvrYmi pour déposer votre candidature sur la plateforme e-candidat.
Le Brésil m’impressionne par son agriculture !
Les sols pauvres dans centre du pays, l’absence d’hiver, les températures élevées sont des challenges importants relevés par l’agro-business comme ils aiment l’appeler.
Pour faire face à ces contraintes, les forces sont unies pour développer des solutions adaptées. Les analyses de sols sont la base de réflexion, comment équilibrer les éléments minéraux ? L’objectif est de proposer à la plante les meilleures conditions de croissance. Une fois les éléments positionnés au sol, le challenge est de les rendre disponibles. L’acidité du sol est un atout pour solubiliser les minéraux, la biologie est un autre allié. Les couverts végétaux nourrissent la biologie du sol qui rend biodisponible lez les minéraux comme le calcium, le phosphore, le soufre.
Les Bacillus 🦠 sont de la partie, des dizaines de souches sont proposées pour faciliter la solubilisation des minéraux. Le bacillus subtilis spécialisé dans la solubilisation du phosphore, le bacillus mucilaginosus solubilise aussi le potassium.
En complément, des applications foliaires régulières distribuent les microéléments essentiels tout au long de la culture. Les éléments sont choisis en fonction des stades et des besoins de la culture. Ces applications sont complétées par des biostimulants à base d’algues, d’acide aminés ou biocontrôle pour maximiser l’efficacité d’assimilation des minéraux.
Concrètement, voici un programme spécifique pour soja (50 qtx).
🚜 Au sol avant la plantation :
- 1 t de carbonate de calcium
- 150 kg de sulfate de potassium
- 100 kg de superphosphate
- 100 kg de sulfate d’ammoniaque
🫘Sur la graine :
- Inoculation avec Rhizobium
- Bacillus subtilis pour solubiliser du phosphore
- 5g molybdène
💉Dans la ligne de semis :
- Cocktail de Bacillus pour gérer les nématodes
- Insecticides
- Magnésium et calcium
🌱En foliaire 4 applications du stade trois feuilles à la maturation en combinaison avec les fongicides :
- Molybdène
- Manganèse
- Magnésium
- 1l algues et acides aminés
Cette méthode nous inspire pour dessiner nos itinéraires techniques. Chez nous aussi, la pression s’accentue, même si les molécules disparaissent, dans certains pays, elles ne sont plus efficaces.
Cette stratégie combine tous les outils disponibles sur le marché pour atteindre des résultats reproductibles et performants. L’utilisation de la nutrition et de produits de biocontrôles sont une nécessité pour faire face à la pression parasitaire et fongique, les produits phytosanitaires ne sont plus capables de faire face à eux seuls.
Que pensez-vous de cette stratégie et de sa mise en œuvre sur nos exploitations ?
Oui, dès que l'on va à l'étranger hors Europe, difficile de trouver une variété de quoi que ce soit qui n'est pas OGM. L'Europe ne joue plus dans le même monde et cela fait déjà longtemps. Nous sommes englués dans des millefeuille administratifs francais et européens qui se superposent, expliquant pourquoi en France il n'y a toujours pas de souches de Rhizobium pour inoculer les pois, les féveroles, les haricots, alors qu'au Brésil, il y a le choix entre 5 souches d'inoculats disponibles par espèce et je ne parle pas des autres espèces en bionutrition, biostimulation et de bioprotection.
Là où il sont en train de prendre mille trains d'avance, c'est que non seulement ils ont des cultures GM résistantes au stress thermique et hydrique ou à l'inverse résistantes à l'engorgement en eau au travers des variétés à aérenchyme (ce qui est complètement inconnu en France), mais leurs souches microbiennes sont elles-mêmes génétiquement modifiées et modifiables, notamment au niveau des promoteurs capables d'augmenter par 20 ou 50 la virulence = efficacité de leurs souches/souches sauvages ; et les co-inoculations à 2, 3, et 4 souches sont devenues monnaie courante... Demain ils auront des variétés GM résistantes à la sécheresse, au stress thermique...