« La bouillie informe de la protection de la biodiversité mène à son appauvrissement »
Marcel Züger*
Ma note : Les Suisses voteront le 22 septembre prochain sur une initiative, « Pour l’avenir de notre nature et de notre paysage (Initiative biodiversité) ». Le sujet se retrouve donc dans les médias helvétiques. Willi l'agriculteur m'a mis sur la voie d'une analyse décapante. La voici.
Malgré les défis, une étude sur la biodiversité dans les milieux agricoles montre des évolutions positives de la biodiversité suisse. Alors que l'auteur de l'étude, le biologiste Marcel Züger, souligne la tendance générale positive, il attire également l'attention sur la nécessité de mesures de protection de la nature différenciées et flexibles. Selon la critique de Züger à l'encontre du système actuel, une approche globale conduit à l'uniformité plutôt qu'à la diversité.
LID : Y a-t-il des conclusions de l'étude qui vous ont surpris ?
Marcel Züger : Dans l'ensemble, le tableau est plus positif que je ne l'avais imaginé. Je m'attendais à ce que la situation se stabilise à un niveau bas. Mais d'une part, le niveau n'était pas si bas et d'autre part, le creux de la vague se situait autour de l'an 2000 et depuis, la situation s'améliore. C'est le bilan pour plusieurs groupes d'organismes, et je n'ai considéré que la situation à l'échelle de la Suisse. Il y a aussi des évolutions contraires, mais la tendance globale est clairement positive. Regardons par exemple les oiseaux. Au cours des 100 dernières années, neuf espèces ont disparu de Suisse, mais 35 espèces sont apparues. Ces neuf espèces ne sont pas « éteintes », elles ne sont plus présentes en Suisse, mais le sont dans les pays voisins. C'est une différence importante. Je ne veux pas non plus dire que tout va mieux. Nous avons sans aucun doute des domaines problématiques, mais la direction est bonne.
La biodiversité se porte donc bien dans les milieux agricoles ?
J'aimerais comparer la situation à un jour d'avril changeant. Soleil, pluie, vent, grésil – mais globalement agréable. Nous avons une biodiversité élevée dans une grande partie de l'espace alpin et du Jura. La grande zone problématique est le Plateau [ma note :la Suisse centrale], ou plus précisément encore les agglomérations et leurs environs. D'une part, il y a d'anciennes zones humides avec un fort potentiel d'espèces rares. En même temps, il s'agit des meilleures terres arables, c'est-à-dire des sols les plus importants pour une alimentation basée sur les plantes. La pression urbaine pour les logements et les emplois est bigrement élevée, de même que pour les installations de loisirs. À cela s'ajoute toute l'utilisation récréative avec chiens et chevaux, enfants et ballons. À cela s'ajoute une prédation massive par les renards, les corbeaux, les pies, etc. qui sont particulièrement nombreux dans les zones proches des habitations. Si on quitte ces points névralgiques, la situation est nettement meilleure.
Les activités de loisirs ont donc aussi un impact sur les espèces des milieux agricoles ?
Oui, notamment pour les espèces caractéristiques comme le lièvre brun ou l'alouette des champs, qui sont souvent mises en avant ; nous constatons que les structures peuvent leur convenir, mais qu'elles ne sont pas suffisamment exploitées en raison des activités de loisirs. Les chiens en liberté tuent les jeunes lièvres et dérangent les oiseaux. Les promeneurs de chiens, les joggeurs, les vététistes, etc. se déplacent presque à toute heure du jour et de la nuit. Sans oublier toutes sortes d'objets volants, des drones aux avions télécommandés en passant par les cerfs-volants, sans oublier les amoureux de la nature et les photographes qui s'arrogent des droits spéciaux et rôdent partout. La faune n'est donc pas du tout en paix. Je comprends bien toutes ces activités. Ce ne sont pas les individus, mais le nombre qui a un fort impact. C'est une conjonction de facteurs. Ici : les dérangements, la prédation, la perte de surface due à l'urbanisation et au morcellement par les routes – tout cela a augmenté de manière exorbitante et ne cesse de croître. Là, c'est l'agriculture qui, au cours des trente dernières années, a pris un véritable virage et est devenue nettement plus respectueuse de l'environnement. Et tout le monde montre du doigt les agriculteurs comme destructeurs de la biodiversité. Ce n'est tout simplement pas vrai.
« La grande zone problématique est le Plateau [la Suisse centrale], ou plus précisément encore les agglomérations et leurs environs. »
Regardons un peu plus loin en arrière. Comment les espèces des milieux agricoles ont-elles évolué ?
Il y a exactement 40 ans, à l'âge de dix ans, j'ai commencé à observer intensivement la nature. Dans les années 1980, on ne savait pas si, le lendemain, la haie et les arbres fruitiers familiers seraient toujours là ou si le ruisseau le plus proche serait mis sous terre. De nombreux ruisseaux étaient pollués et recouverts d'écume. C'est fini ; les arbres fruitiers et les haies sont protégés, la qualité de l'eau est nettement meilleure, etc. Les données le montrent clairement : la « diversité des espèces courantes » a augmenté de manière mesurable, les espèces fréquentes sont en hausse depuis environ 20 ans. Un terme plus approprié que « espèces des milieux agricoles » serait « espèces des milieux ouverts ». Il y a 150 ans, la Suisse ne comptait presque pas de forêts telles que nous les connaissons aujourd'hui. Dans l'espace alpin, des versants entiers étaient coupés à blanc, un nombreux bétail paissait dans la forêt, on ramassait de la litière au sol et même des pommes de pin. Aujourd'hui, la forêt est beaucoup plus proche de la nature. Les espèces de la forêt mature ont fortement augmenté. Par forêt mature, j'entends la forêt classique, fermée, haute et ombragée. Or, les espèces de milieux ouverts ne trouvent pas d'habitat dans les forêts plus sombres. La surface forestière était également beaucoup plus petite vers 1850. Depuis cette époque, l'aire forestière a assez exactement doublé. La modification de l'utilisation des terres offre un habitat à d'autres espèces. Les unes augmentent, les autres diminuent. Ce qui serait inquiétant, c'est qu'il n'y ait que des diminutions. Or, ce n'est clairement pas le cas. La même chose s'est produite sur les terres agricoles. Pendant des siècles, chaque brin d'herbe a été exploité. En de nombreux endroits, les sols ont été lessivés et leur fertilité gravement réduite. Il règne ainsi une image romantique de Heidi [ma note : ou de Martine à la ferme], qui oublie les réalités de l'histoire. Des « Pierre, le chevrier », il y en avait, c'était normal, ce n'était rien d'autre que du travail d'enfant. Les gens étaient maigres, le bétail était maigre, et les sols étaient maigres et appauvris. Cette pauvreté a profité à de nombreuses espèces qui vivent habituellement dans des régions arides comme le bassin méditerranéen ou les steppes d'Europe de l'Est. Sans connaître l'utilisation et l'histoire du paysage, on ne peut pas situer le changement des espèces.
Et aujourd'hui ?
Au 20e siècle, on a d'abord restauré la fertilité des sols au moyen d'engrais minéraux. Vers les années 1980 surtout, on a dépassé les bornes, les sols ont été surfertilisés. Mais on a appris, et aujourd'hui, les bilans de fertilisation et les bandes tampons le long des cours d'eau et des bosquets sont de routine. De nombreuses espèces qui ont une grande importance dans la protection de la nature sont des artistes de la faim. Au cours des dernières décennies, on a assisté à une polarisation de l'utilisation des terres : les surfaces maigres en pente ont été abandonnées et l'utilisation des bons sols a été intensifiée. Les artistes de la faim ont donc doublement perdu. Ici, ils ont été envahis par la végétation, là, ils ont été victimes de la fertilité retrouvée du sol. Ce qui est surprenant, c'est que seules quelques espèces ont disparu de Suisse au cours des 100 dernières années – dans la plupart des groupes d'organismes, il s'agit de 1 à 3 pour cent des espèces. Et dans tous les groupes, un nombre à peu près équivalent d'espèces sont apparues. En ce qui concerne l'évolution des populations, le tableau est le suivant : par rapport aux années 2000, plus d'espèces ont augmenté que diminué. Les évolutions les plus positives concernent les espèces généralistes, c'est-à-dire les espèces qui n'ont pas d'exigences particulières en matière d'habitat. En bref, ce sont des espèces universelles. Nous avons un problème avec les espèces d'habitats spécialisés, qui dépendent par exemple de sites particulièrement humides, maigres ou secs, ou de tout autre type de site inhabituel.
Les activités de loisirs dans les milieux agricoles ont un effet perturbateur sur la biodiversité, affirme Marcel Züger. (jin)
« Dans l'ensemble, le tableau est plus positif que je ne l'avais imaginé. »
Pouvez-vous en dire plus sur les gagnants ?
Les gagnants sont clairement les oiseaux et les mammifères de grande et moyenne taille, en particulier les prédateurs. En font partie, outre le renard, le blaireau et les fouines, les corvidés comme les corbeaux et les pies, les hiboux et les rapaces. Les espèces de canards, les cigognes, les hérons ont fortement augmenté. Dans les paysages maigres, aucun animal de grande taille n'était toléré par le passé. Ils étaient utilisés comme nourriture, ils pouvaient en outre être dangereux pour les animaux domestiques, et ils étaient des concurrents pour la chasse ou des nuisibles. Si on imagine qu'à certaines époques, les paysans fauchaient des bandes d'herbe larges comme le bras dans des parois rocheuses, attachés à une corde, on comprend que personne n'acceptait que des cerfs viennent se nourrir dans le pré. La prospérité est venue avec l'augmentation des rendements. Grâce à la prospérité, nous pouvons à nouveau nous offrir des cerfs, des blaireaux et des aigles.
Et les perdants ?
Les petits et les faibles. Les espèces proies, les espèces des milieux chauds et ensoleillés, pauvres en nutriments, les espèces peu compétitives en général. Les pionniers et les espèces des premiers stades de succession. Si nous regardons 100 ans en arrière, nous avions certainement plus de petits oiseaux comme l'alouette des champs ou le tarier des prés. Mais les animaux plus grands étaient nettement plus rares. Non seulement le bouquetin et le cerf rouge avaient disparu, mais les martres et les renards étaient également peu nombreux. Or, cela se répercute sur les proies. Vous voyez, nous protégeons l'un, nous avons des succès, et cela a des conséquences logiques. Ce n'est pas bon ou mauvais en soi, c'est simplement comme ça. Le passé peut aider à comprendre quelque chose. Mais il est mauvais conseiller. Ce retour en arrière dans la protection de la nature est un vrai problème.
Dans votre étude, vous écrivez que les espèces non menacées augmentent, mais que les espèces menacées restent menacées. Quelles en sont les raisons ?
Tout d'abord, les résultats n'étaient pas simplement là, disponibles. J'ai notamment comparé l'évolution des espèces de la Liste Rouge. La méthodologie des listes a toujours été quelque peu modifiée. Pour pouvoir établir une comparaison, j'ai occulté ces changements méthodologiques. Ce n'est qu'alors que l'on obtient une image réaliste. Elle est clairement plus positive que ce qu'on essaie de nous faire croire. Dans l'ensemble, on peut dire que les espèces non menacées augmentent et que les espèces menacées stagnent. Il s'agit bien sûr d'une tendance générale, mais les choses peuvent être différentes dans certains cas. La raison en est toutefois évidente. Tant les surfaces de promotion de la biodiversité que les réserves naturelles sont conçues pour des espèces généralistes. C'est-à-dire pour des espèces que l'on rencontre fréquemment. Mais les espèces d'habitats spécialisés déjà évoquées auraient besoin de plus de sites spéciaux, d'interventions brutales qui peuvent parfois avoir un effet quelque peu perturbant pour l'amateur de nature. Une haie fortement taillée, de la terre nue sur un pâturage, parfois une fauche plus précoce plutôt que toujours tardive dans les pâturages extensifs, de larges bordures de bosquets broyées tous les deux ans. Les espèces rares sont réglementées de manière à subir un arrêt de mort. Les mesures seraient connues, mais le courage manque ou la résistance est grande. Voici ce que j'ai aussi entendu de Pro Natura lorsqu'il s'agissait d'une mesure non conventionnelle : « Tu as raison, mais nous ne pouvons pas vendre cela à nos membres. » La conséquence est tout simplement que de nombreuses espèces rares ne peuvent pas se rétablir. Mais dans ce cas, il faut aussi se garder de toute critique.
« Sur le Plateau, on reconnaît toujours les réserves naturelles de loin. On dirait que ça sort d'un catalogue de cahiers de protection de la nature ».
Il faudrait donc des mesures spéciales pour les spécialistes ?
Il faudrait une palette plus large de mesures. La bouillie informe de la protection de la biodiversité mène à son appauvrissement. Nous devrions faire le contraire de ce qui est habituel sur une partie des surfaces. Le pire, ce sont les dogmes. L'un d'eux est de ne pas fertiliser du tout, de faucher le plus tard possible. La fauche précoce sur les surfaces extensives est une chose formidable – comme complément, mais surtout pas comme nouveau dogme universel. Si tout n'est pas fertilisé, des surfaces légèrement fumées sont une bonne extension de l'éventail. Des haies rabattues de manière radicale offriraient également un habitat temporaire aux reptiles, avant que les arbustes ne repoussent. D'une manière générale, il faudrait déboiser beaucoup plus, y compris en lisière de forêt ou le long des routes forestières. Les lisières les plus riches en structures se trouvent le long des autoroutes et des lignes à haute tension ; on y intervient beaucoup pour des raisons de sécurité et on y trouve souvent des espèces spéciales. Ce qui manque partout, ce sont des surfaces d'eau ouvertes ; elles peuvent être petites, mais ne devraient pas être envahies par la végétation.
Et qu'en est-il des réserves naturelles ?
Tout cela ne vaut pas seulement pour l'agriculture, mais aussi pour les réserves naturelles. Sur le Plateau, on les reconnaît toujours de loin. On dirait qu'elles sortent d'un catalogue de cahiers de protection de la nature : un étang, un tas de pierres, quelques grands arbres, des ronces et quelques broussailles. Le tout entretenu quasiment au sécateur, de manière à ce qu'aucun insecte n'y perde ses antennes. On essaie ainsi de contenter tout le monde. Mais satisfaire toutes les espèces est un art que personne ne peut pratiquer. Les espèces les plus compétitives sont encouragées, tandis que les espèces d'habitats spécialisés sont perdues.
« Les règlements mènent toujours à la médiocrité. On empêche les abus, tout autant que les grands succès. »
Züger affirme que le système actuel, avec ses règles rigides, conduit à la médiocrité. (jin)
Vous arrivez à la conclusion qu'il y a suffisamment de surfaces de promotion de la biodiversité dans les milieux agricoles sur le plan quantitatif, mais qu'il y a un besoin de rattrapage au niveau de la qualité. Pourquoi en est-il ainsi ?
D'une part, il s'agit certainement des endroits où les surfaces sont aménagées. C'est compréhensible, mais les exploitants le font là où cela les dérange le moins du point de vue de l'exploitation. Il y aurait là un potentiel d'optimisation, notamment par une collaboration entre voisins, y compris avec des surfaces qui ne font pas partie des terres agricoles. Le deuxième point est l'entretien des surfaces, et là je critique aussi les biologistes. La protection de la nature est en fin de compte un métier. Or, les biologistes sont les planificateurs, quasiment les architectes. Beaucoup ne savent pas comment promouvoir efficacement la biodiversité. Et ceux qui le savent sont freinés par les directives et les règlements. Les règlements mènent toujours à la médiocrité. On empêche les abus, tout autant que les grands succès.
Il faut donc se concentrer sur les objectifs plutôt que sur les mesures ?
Oui et non, il faut une voie intermédiaire. Si on se concentrait uniquement sur les objectifs, on passerait d'un extrême à l'autre. Nous avons en Suisse 56.000 espèces, dont 1.500 sont des espèces concernées par des objectifs environnementaux pour l'agriculture. Il faudrait un énorme appareil pour un monitoring permanent. Il faudrait pratiquement observer toutes les espèces. Un seul exemple : j'avais un jour aménagé des mares pour le sonneur à ventre jaune, une espèce rare de crapaud. Dès la première année, j'étais très satisfait, car des tritons crêtés s'étaient installés, ils sont encore plus rares. Mais en fait, l'objectif n'était pas atteint, car l'aménagement était pour le sonneur à ventre jaune. Transposé à l'agriculture : on fait quelque chose pour les lièvres, ils ne viennent pas, contrairement à trois autres espèces. Cela aurait peut-être plu aux lièvres, mais il y avait toujours des promeneurs avec des chiens. Une orientation purement ciblée ne fonctionne donc pas non plus.
Où voyez-vous la solution ?
Chez un conseiller en biodiversité qui a la possibilité d'appliquer la flexibilité. Il doit donner le feu vert ou l'impulsion lorsque quelque chose est fait autrement que selon le règlement. Et si un exploitant ne veut pas de conseiller, il fait selon le règlement et reste dans la moyenne. Il n'est pas non plus nécessaire d'aménager chaque surface de promotion de la biodiversité pour le papillon le plus rare. Je suis en outre un grand partisan du volontariat. Il faut convaincre avec des arguments et des connaissances spécialisées, il faut des approches pragmatiques. L'agriculteur doit avoir la possibilité de choisir lui-même son conseiller en biodiversité.
« Les espèces rares sont réglementées de manière à subir un arrêt de mort. Les mesures seraient connues, mais le courage manque ou la résistance est grande. »
Vous évoquez souvent les règlements. Y a-t-il un grand écart entre les règlements et l'agriculteur ou l'agricultrice ?
C'est même un double écart. Il y a un écart mental. Le biologiste veut protéger les animaux et les espèces végétales, c'est un travail intellectuel, de planification. Les agriculteurs sont des praticiens, il s'agit de la mise en œuvre technique. L'objectif est de produire des aliments. Ce sont deux approches différentes. C'est vrai, c'est comme l'architecte et le maçon. Sauf que l'agriculteur est le maître des lieux, il s'agit de sa terre, de son quotidien et de son avenir. On dit certes toujours que l'on se rencontre d'égal à égal. Mais j'entends rarement des exemples où l'agriculteur se sent pris au sérieux. Il y a 15 ans, cela allait encore à peu près, mais cela s'est érodé depuis. Avec le pouvoir, l'influence et l'argent est venue l'auto-justification. Les protecteurs de la nature se considèrent beaucoup trop comme des émetteurs et non comme des récepteurs. De nombreux protecteurs de la nature gagneraient à faire un effort pour mieux comprendre.
Et le deuxième écart ?
Il est de nature temporelle. L'agriculture fonctionne par boucles de rétroaction courtes. Un agriculteur ou une agricultrice réagit à l'année précédente et ne fait jamais tout exactement de la même manière. Les règlements sont beaucoup plus lents. Après la mise en œuvre, il y a à un moment donné un contrôle des résultats et il faut attendre 10 à 15 ans avant de se rendre compte que quelque chose ne fonctionne pas. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il y a un changement, et souvent, on surréagit. Cette combinaison de distance temporelle et mentale conduit au dilemme dans lequel nous nous trouvons. Il n'y a pas de mauvaise intention derrière tout cela, mais finalement, ni l'agriculture ni la protection de la nature ne sont satisfaites. Il y a là une erreur systémique à laquelle nous devons nous attaquer.
On demande souvent plus de biodiversité dans les zones urbaines. Y a-t-il un potentiel inexploité ?
Il y aurait de nombreuses surfaces sur lesquelles il n'y a pas de pression d'utilisation et qui sont même souvent entretenues à grands frais. Les parcs, les surfaces autour des bâtiments publics, dans les zones industrielles, mais aussi de nombreuses « surfaces résiduelles » comme les bords de route et près des infrastructures. Mais les espèces que l'on peut favoriser sont limitées. Le trafic et les nombreux chats errants, ainsi que la pollution lumineuse, sont des facteurs limitants. Les espèces pas ou peu mobiles comme les reptiles ou les amphibiens ont la vie dure. Mais pour les plantes, les insectes mobiles et certains oiseaux, on pourrait introduire des mesures de soutien très ciblées. Nous pourrions compenser une partie de ce que l'espace urbain a mangé, il y a là un grand potentiel. Il y a aussi des choses qui se font, et même de très bonnes choses. Mais là aussi, il manque souvent le ciblage et les connaissances pratiques. À la fin de la journée, ce sont à nouveau les généralistes, certes attrayants mais fréquents, qui sont encouragés. Avec les bonnes mesures, on pourrait aider des espèces vraiment rares.
Un lièvre brun à côté d'un champ de maïs (jin)
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* Le biologiste Marcel Züger est propriétaire et directeur de Pro Valladas GmbH à Salouf GR. Il a rédigé l'étude « Biodiversität im Kulturland. Positive Entwicklungen und Problemfelder » (Biodiversité dans les milieux agricoles. Développements positifs et domaines problématiques » à la demande de l'Union Suisse des Paysans.
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Source : «Pflege-Einheitsbrei bringt Arten-Einfalt» (lid.ch)