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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La renaturation, selon les projets européens, pour les non-agriculteurs

12 Juillet 2024 Publié dans #Union Européenne, #Green Deal

La renaturation, selon les projets européens, pour les non-agriculteurs

 

Fritz l'agriculteur chez Willi l'agriculteur*

 

 

 

 

Comme la « loi sur la restauration de la nature » (loi sur la renaturation) n'est pas facilement comprise par tous nos concitoyens, l'agriculteur Fritz l'a expliquée par un exemple non agricole.

 

 

Vous gérez un établissement d'hébergement rural de 50 lits qui fonctionne bien et qui est ouvert toute l'année. A l'avenir, vous ne pourrez plus utiliser 20 % de ces lits (= 10 lits) que selon le nouveau « mode de renaturation ». Pourrez, cela signifie a) que vous n'y serez pas contraints et b) que les chambres ne seront pas expropriées (remarque sur b : nous apprenons que l'expropriation était initialement prévue. Mais elle a été généreusement abandonnée après négociation, protestations, grandes manifestations de rue dans toute l'Europe).

 

L'exploitation des 10 lits de renaturation exige que les fenêtres et les portes de ces chambres soient ouvertes toute l'année, afin que toute la nature puisse réellement y pénétrer. Vous ne pourrez changer les draps que tous les trois mois, tandis qu'il vous sera strictement interdit de passer l'aspirateur et d'épousseter, car cela perturberait, voire détruirait, l'habitat des nouveaux habitants issus de la renaturation.

 

Vous objecterez que vous craignez que ces 10 lits ne soient occupés au mieux qu'une fois par an, pendant un jour au maximum, par un client amoureux de la nature et prêt à payer les 35 euros par nuit que vous percevez pour les autres lits (non renaturés). En d'autres termes, vous objecterez que vous n'aurez aucune entrée d'argent pour 10 lits pendant 364  ours, ce qui, selon vos calculs, représente tout de même un montant de 127.400 euros (10 lits x 364 jours x 35 euros). Vous objecterez en outre que ce montant vous manquera parce que vous devrez continuer à payer toutes sortes de frais fixes, comme les impôts et les taxes, la sécurité sociale et d'autres assurances, ainsi que des remboursements d'emprunts bancaires (étant donné que vous avez réaménagé toutes les chambres de manière attrayante il y a quelques années seulement). De plus, les coûts variables pour ces chambres ne diminueront que partiellement.

 

Quel esprit étroit vous avez, vous répondra l'autorité de renaturation. Vous recevrez pourtant un tas d'argent pour les lits de renaturation. On vous conseillera de lire le compendium de 830 pages, où sont détaillés tous les montants pour toutes les conditions de renaturation possibles, dans le plus beau langage administratif.

 

C'est ce que vous aurez fait avec difficulté et avec ou sans désespoir. Mais vous continuez à penser que le prétendu tas d'argent représente pour vous, dans le meilleur des cas, la compensation des coûts variables et, dans certains cas, une petite partie des recettes qui vous manquent. Vous êtes également convaincu qu'on ne vous a pas officiellement exproprié de vos lits et qu'on vous a convaincu que vous pouviez de toute façon renaturer de votre plein gré. Mais le compendium de la renaturation vous montre d'une certaine manière qu'il s'agit plutôt d'un volontariat forcé, voire d'une expropriation par la petite porte.

 

En effet, les paiements et les aides dont vous pouviez bénéficier jusqu'à présent sont soit subitement liés à la participation au programme de renaturation, soit subitement beaucoup moins importants si vous n'êtes pas prêts à participer ou seulement en partie au programme. Vous constaterez également que ces paiements et ces aides réduits s'appliquent désormais à l'ensemble de vos 50 lits.

 

Vous constatez en outre que vos assurances exigeront une majoration si vous ne participez pas à la renaturation « volontaire ». Votre conseiller en assurances vous dit clairement qu'il doit en être ainsi, car si vous ne participez pas, vous êtes un très mauvais destructeur de l'environnement, parce que vous attisez le changement climatique et entravez la biodiversité et que vous êtes en quelque sorte complètement inconscient. Du point de vue de l'assurance, les primes de risque sont donc absolument nécessaires. On vous dira aussi qu'elles augmenteront chaque année de votre non-participation obstinée.

 

Génial, vous direz-vous, et vous résumez pour vous-même. La nouvelle loi vous fait perdre environ 20 % de chiffre d'affaires pour des coûts inchangés à court terme (qui augmenteront à moyen terme en raison de l'inflation). Les montants prétendument énormes des indemnisations promises se révèlent être au mieux des compensations partielles pour des coûts variables, mais en tout cas sans compensation de l'inflation. La suppression ou la faiblesse des paiements, si vous ne pouvez ou ne voulez pas renaturer jusqu'au plafond de 25 % de lits, ainsi que l'augmentation des primes d'assurance, font chuter rapidement et à long terme le bénéfice de votre entreprise d'hébergement, qui se portait bien jusqu'à présent, vers zéro.

 

Vous rejetez l'idée d'augmenter les prix des chambres non renaturées de manière à pouvoir en vivre comme avant et à obtenir un salaire raisonnable pour vous et les membres de votre famille qui travaillent avec vous et, les bonnes années, à réaliser un bénéfice, car vos représentants vous font comprendre que, dans la situation actuelle du marché mondial, il ne sera tout simplement pas possible d'augmenter les prix pour votre groupe cible. Les fournisseurs d'hébergement internationaux n'auraient pas ces nouvelles obligations et ces nouveaux coûts et pourraient donc continuer à proposer leurs chambres au même prix qu'auparavant, voire à un prix inférieur.

 

Vous vous adressez avec effroi à l'autorité supérieure de renaturation et lui faites part de votre crainte que cette loi ne tue presque certainement votre entreprise. Là-bas, on vous dira, avec le ton de l'idéologie, que tout le monde doit faire un sacrifice pour la nature. Et il vaut mieux que votre entreprise « brûle » plutôt que le monde entier.

 

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* Source : Renaturierung für Nichtbauern - Bauer Willi

 

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