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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La panique inutile dans tout le pays à propos des PFAS (aux États-Unis d'Amérique)

7 Juillet 2024 Publié dans #PFAS (per- et polyfluoroalkylées - "polluants éternels")

La panique inutile dans tout le pays à propos des PFAS (aux États-Unis d'Amérique)

 

Susan Goldhaber, ACSH*

 

 

Image : Bob de Pixabay

 

 

Une célèbre publicité posait la question suivante : «  Where's the beef » [« Y'est où le bœuf ? » en québécois, une phrase couramment utilisée aux États-Unis et au Canada pour s'interroger sur le contenu réel de quelque chose dont on parle beaucoup sans le détailler]. Cette question peut s'appliquer à la vague d'articles parus dans les médias locaux sur la contamination de l'eau potable par des PFAS toxiques. Dans ce cas, il n'y a pas de bœuf.

 

Ma note : La panique, c'est en France et dans l'Union Européenne aussi.

 

 

Des articles parus dans un journal local du New Jersey et de Caroline du Nord font état d'une « pandémie » nationale – des articles décrivant la contamination généralisée de l'eau potable par les PFAS dans leurs États respectifs. Selon ces articles, les PFAS sont liés au cancer et à une multitude d'autres problèmes de santé, ce qui représente un grand danger pour la santé publique.

 

Je me concentrerai sur les PFAS présents dans l'eau potable, en prenant l'exemple du New Jersey, et sur une action en justice intentée en juin, en me concentrant sur l'approche utilisée par l'EPA pour élaborer la réglementation relative aux PFAS dans l'eau potable.

 

 

La dose fait le poison

 

Il y a près de 500 ans, le médecin et chimiste suisse Paracelse a exprimé le principe de base de la toxicologie : « Toutes les choses sont poisons, et rien n’est sans poison ; seule la dose fait qu'une chose n’est pas poison. » Cela signifie qu'une substance ne peut être nocive que si elle se trouve à une concentration suffisamment élevée, et que toute substance chimique, y compris l'eau et l'oxygène, peut être toxique si elle est absorbée en trop grande quantité par l'organisme.

 

Il est essentiel de faire la distinction entre les faibles concentrations de PFAS dans l'eau potable et les fortes concentrations dans les rejets industriels et la contamination des sites militaires. Dans les cas de fortes concentrations, l'assainissement est approprié et nécessaire.

 

Cependant, l'EPA semble avoir oublié le principe de Paracelse dans sa réglementation sur les PFAS. Elle a fixé le niveau maximal de contamination (MCL – maximal contaminant level) pour les PFAS, la norme légalement applicable à l'eau potable, à un niveau si bas que toute quantité trouvée dans l'environnement est considérée comme nocive. Dans l'article sur l'eau du New Jersey, les niveaux de PFAS trouvés dans l'eau potable ont été comparés au MCL et jugés dangereux.

 

 

Comment en sommes-nous arrivés là ?

 

  • En 2016, l'EPA a fixé des avis sanitaires (niveaux de sécurité) pour le PFOA et le PFOS (les deux PFAS les plus étudiés) à 0,070 partie par milliard (ppb).

     

  • En 2022, l'EPA a abaissé les valeurs de ces avis sanitaires en s'appuyant sur des évaluations de risques erronées, qui ont dénaturé les données scientifiques.

     

  • En 2023, l'EPA, utilisant un objectif de niveau maximal de contaminant (MCLG) de zéro pour les deux composés parce qu'elle les considère comme des « cancérogènes probables », a proposé un MCL de 0,004 ppb pour le PFOA et le PFOS. Il n'y a pas de preuve évidente qu'ils causent le cancer.

     

  • En avril 2024, l'EPA a finalisé le MCL de 0,004 ppb, même s'il est inférieur au niveau que de nombreux laboratoires peuvent détecter. L'élimination des PFAS à ce niveau coûtera des milliards de dollars à l'industrie de l'eau.

 

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« L'EWG [Environmental Working Group] est incapable de distinguer un produit chimique toxique d'un volant de badminton. »

Josh Bloom

 

Les deux articles fournissent des liens vers une carte de l'Environmental Working Group (EWG) comme source de leurs données sur les PFAS. Toutefois, il est toujours préférable d'examiner la source originale. Les données, non interprétées par l'EWG, se trouvent sur le site web de l'EPA : Fifth Unregulated Contaminant Monitoring Rule Data Finder | US EPA, qui contient les résultats analytiques de la cinquième règle de surveillance des contaminants non réglementés de l'EPA. Cette règle exige que tous les grands et certains petits systèmes d'approvisionnement en eau prélèvent des échantillons de leurs systèmes d'approvisionnement en eau pour 29 substances chimiques PFAS individuelles entre 2023 et 2025. Le site web contient les données reçues au 11 avril 2024, ce qui représente environ 35 % des résultats attendus.

 

Une recherche dans les données du New Jersey pour le PFOA et le PFOS a révélé ce qui suit :

 

  • 44 % des systèmes de distribution d'eau testés avaient une concentration moyenne de PFOA de 0,009 ppb (supérieure à la MCL de 0,004 ppb).

     

  • 24 % des systèmes d'approvisionnement en eau testés présentaient une concentration moyenne de PFOS de 0,007 ppb (supérieure à la limite maximale de 0,004 ppb).

 

Il est difficile de se rendre compte à quel point ces niveaux sont faibles. Voici deux façons d'y penser : une ppb équivaut à une goutte d'impureté dans 500 barils d'eau, ou une ppb représente 1 cent sur 10 millions de dollars. Une concentration de 0,007 ppb (la concentration moyenne de PFOS) correspond à sept millièmes d'une ppb.

 

Ces niveaux sont si faibles qu'ils ne présentent aucun risque pour la santé publique. Même les niveaux les plus élevés détectés (0,03 ppb de PFOA et 0,023 ppb de PFOS) sont inférieurs aux niveaux de sécurité.

 

 

Quels sont les niveaux de sécurité pour les PFAS ?

 

Les limites maximales de contaminants (MCL) sont considérées comme des niveaux sûrs pour la plupart des subsances chimiques. Toutefois, ce n'est pas le cas pour les PFAS, car l'EPA a truqué le processus en 1) les désignant comme cancérigènes et 2) fixant les MCLG (objectifs de santé) à zéro. Cela a permis à l'EPA de fixer les MCL à 0,004 ppb, sur la base des mesures détectables les plus basses « techniquement réalisables ». [1]

 

Un groupe indépendant, The Alliance for Risk Assessment, a jeté un regard neuf sur les niveaux de sécurité des PFAS. En 2022, il a recruté 24 scientifiques de huit pays pour examiner les informations pertinentes et définir de manière indépendante des fourchettes pour les niveaux de sécurité du PFOA et du PFOS. Ils ont achevé leur évaluation des risques pour le PFOS en 2023 ; une évaluation du PFOA sera achevée prochainement, estimant que des doses de PFOA de 0,01 à 0,07 microgramme par kilogramme de poids corporel et par jour protègent la santé humaine. Converti en eau potable [2], cela correspond à environ 0,07 ppb – 0,40 ppb.

 

En utilisant 0,07 ppb comme niveau de sécurité, le niveau maximum de PFOA détecté, 0,03 ppb, et la moyenne, 0,009 ppb, dans les réserves d'eau du New Jersey sont tous deux inférieurs au niveau de sécurité, ce qui indique qu'il n'y a pas de menace pour la santé publique.

 

Une action récente de l'American Water Works Association (AWWA) et de l'Association of Metropolitan Water Agencies (AMWA) pourrait offrir une chance de refaire la réglementation sur les PFAS. Le 7 juin, elles ont demandé à la Cour d'appel des États-Unis pour le circuit du district de Columbia de réexaminer le règlement final sur les PFAS, arguant que l'EPA ne s'est pas appuyée sur les meilleures données scientifiques disponibles et qu'elle a sous-estimé les coûts à l'échelle nationale.

 

L'EWG, parmi d'autres groupes, suscite une grande méfiance sur la base d'évaluations des risques scientifiquement erronées. D'un point de vue pratique, si le litige n'aboutit pas à des modifications de la réglementation sur les PFAS, outre des craintes inutiles, les consommateurs américains verront leurs factures d'eau augmenter sans aucun bénéfice pour leur santé.

 

______________

 

[1] Pour les substances chimiques sans MCL, les niveaux les plus élevés des Health Advisories sont considérés comme des niveaux sûrs, mais ce n'est pas le cas pour les PFAS, car l'EPA a fixé les Health Advisories sur la base d'une évaluation des risques erronée.

 

[2] La conversion repose sur l'hypothèse d'un adulte de 70 kg buvant 2 litres d'eau par jour et d'une contribution de 20 % provenant de l'eau potable.

 

* Susan Goldhaber, M.P.H., est une écotoxicologue qui a plus de 40 ans d'expérience dans des agences fédérales et d'État ainsi que dans le secteur privé. Elle s'intéresse particulièrement aux substances chimiques présentes dans l'eau potable, l'air et les déchets dangereux. Elle se concentre actuellement sur la traduction des données scientifiques en informations utilisables par le public.

 

Source : Unnecessary PFA Panic Across the Nation | American Council on Science and Health (acsh.org)

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J
"buvant 2 litres d'eau par jour et d'une contribution de 20 % provenant de l'eau potable."<br /> <br /> Soit 400ml... A peine plus qu'une canette... C'est abuser ... Sauf a considérer que le café fait avec de l'eau ou la bière/autres alcool ne compte pas comme eau potable
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Z
Cela ne signifie pas qu'il faut boire moins de 400mL d'eau par jour.<br /> <br /> Cela signifie que sur un apport de 100% qui doit rester inférieur à la DJA, 20% viennent de l'eau et 80% des autres sources (aliments, air, ...) et donc que l'apport par 2L d'eau doit être inférieur à 20% de la DJA.
U
Santé Canada :<br /> Because cyanide is toxic to humans, a maximum acceptable concentration of 0.2 mg/L (200 µg/L) for free cyanide in drinking water has been set.
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