Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Greenpeace tue les enfants, Misereor aussi

28 Juillet 2024 Publié dans #Greenpeace, #Activisme, #Riz Doré, #Philippines

Greenpeace tue les enfants, Misereor aussi

 

Ludger Weß chez Willi l'Agriculteur*

 

 

 

 

Le titre peut sembler dur. Bien sûr, ces organisations ne parcourent pas le pays pour tuer des enfants. Ce serait des meurtres. Elles tuent par omission. Tout comme l'entreprise Nestlé, contre laquelle les organisations de protection de l'environnement ont agi pendant des années sous le slogan « Nestlé tue les bébés », elles tuent en privant les enfants d'une nourriture saine. Nestlé avait mené une campagne de publicité en Afrique, incitant les mères à préparer des aliments prêts à l'emploi pour leurs enfants au lieu de leur donner du lait maternel – une pratique qui a souvent entraîné des diarrhées et la mort par déshydratation. Greenpeace et Misereor, pour leur part, organisent des campagnes en Asie qui ont pour conséquence de priver les enfants de vitamine A. La carence en vitamine A entraîne la cécité et finalement la mort.

 

 

De quoi s'agit-il ?

 

La carence en vitamine A endommage la rétine et la cornée des yeux. Les enfants sont particulièrement vulnérables. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 250.000 à 500.000 enfants perdent la vue chaque année à cause d'une carence en vitamine A (pendant les cinq minutes que vous passez à lire cet article, cela représente environ trois enfants) et la moitié d'entre eux meurent dans les 12 mois qui suivent la perte de la vue. Le problème est connu depuis des décennies et l'OMS a essayé à peu près toutes les mesures possibles et imaginables : distribution de pilules, injections administrées parallèlement aux vaccins, campagnes de sensibilisation encourageant la culture et la consommation de certains légumes. Mais aucune ne s'est avérée efficace à long terme. Ces mesures sont coûteuses, inefficaces et extrêmement vulnérables aux crises.

 

Ce qui fonctionne toutefois déjà bien en Afrique et en Amérique du Sud, c'est la sélection, la culture et la consommation de variétés de maïs, de manioc et de patates douces améliorées de manière ciblée qui, comme les carottes, contiennent de la provitamine A (également appelée bêta-carotène). C'est à partir de ce précurseur de la vitamine A que le corps produit la vitamine A, indispensable à la vie. Le maïs, le manioc et les patates douces sont des aliments de base en Afrique ou en Amérique du Sud ; ils constituent souvent le seul aliment des couches les plus pauvres de la population, et ces nouvelles variétés peuvent donc contribuer à l'approvisionnement de ces personnes en vitamine A.

 

Rien qu'en Afrique, 95 variétés de patates douces adaptées aux conditions locales sont cultivées depuis 2009. S'y ajoutent 19 variétés de manioc contenant de la provitamine A et 63 variétés de maïs contenant de la provitamine A. Un aperçu est disponible ici. Aucune organisation ne s'oppose à ces variétés, dont le développement a été soutenu par des fondations internationales et de nombreux gouvernements.

 

En revanche, en Asie, où le riz est l'aliment de base, Greenpeace et Misereor, la plus grande organisation catholique romaine d'aide au développement au monde d'Allemagne, se sont associés à d'autres militants pour s'opposer à l'introduction d'un type de riz contenant de la provitamine A. Ils mettent en garde contre de prétendus problèmes de santé potentiels, contre la contamination d'autres cultures par des gènes et contre la menace d'une dépendance ou d'une ruine certaine des agriculteurs qui cultivent ces variétés. Au lieu de cela, ils recommandent à l'OMS de distribuer des pilules, d'administrer des piqûres ou d'inciter les populations des quartiers pauvres à cultiver et à consommer des mangues et des carottes.

 

 

Du maïs avec de la provitamine A, oui, du riz avec de la provitamine A, non ! Pourquoi ?

 

La différence décisive pour Greenpeace, Misereor & Cie est la méthode de production des variétés. Dans le cas du manioc, du maïs et de la patate douce, il existe des plantes sauvages apparentées qui forment le précurseur de la vitamine A. Les gènes responsables de cette production peuvent être introduits dans les variétés cultivées par des méthodes de sélection conventionnelles. C'est compliqué, car cela entraîne la transmission de quelques milliers à dix mille gènes indésirables, qui entraînent toutes sortes de caractéristiques négatives – modifications du goût, de la texture, de la digestibilité, du rendement, de la taille, de la teneur en eau, etc. – qu'il faut éliminer au cours de rétrocroisements qui durent des années.

 

Dans le cas du riz, de tels parents naturels n'existent pas. C'est pourquoi le gène de formation du précurseur de la vitamine A est introduit à l'aide du génie génétique. C'est encore plus élégant, car aucun gène indésirable et donc aucune propriété négative ne sont transmis et les rétro-croisements coûteux ne sont plus nécessaires. Mais selon Greenpeace et Misereor, cela ne doit pas être permis – cela pourrait conduire la population à perdre sa peur du génie génétique et à accepter cette technologie. Le riz a été autorisé pour la première fois en 2001, des dizaines d'études confirment qu'il est sûr, qu'il est bien toléré par l'homme et qu'il est utile ; plus de 150 lauréats du prix Nobel se sont engagés en sa faveur – mais cela ne sert à rien. Depuis près de 25 ans, ces deux organisations se battent contre cette culture – par des actions de protestation, des campagnes de peur, de fausses informations, du lobbying dans les parlements, le saccage des champs, la destruction des serres et toutes sortes d'astuces juridiques.

 

 

Devenir aveugle et mourir pour l'idéologie de bien-portants

 

Greenpeace, Misereor & Cie n'ont pas de véritables arguments. Tout ce qu'ils avancent contre le riz doré, ils pourraient aussi le faire contre les variétés de maïs, de manioc et de patate douce correspondantes. Mais ils ne le font pas. Il s'agit donc tout simplement de rejeter la technologie du génie génétique en tant que telle.

 

Leurs campagnes de peur, qui évoquent des dommages pour la santé et la destruction de la nature, ont malheureusement eu beaucoup de succès. Ils ont réussi à empêcher l'autorisation et la culture du riz doré en Asie pendant deux décennies. Lors de la saison des pluies 2022, les riziculteurs des Philippines ont pu commencer à semer le riz doré pour la première fois et quelques mois plus tard, les premiers consommateurs ont pu tester le riz – avec des résultats positifs.

 

Mais tout cela est déjà terminé, car début avril 2024, l'organisation philippine MASIPAG a réussi, en faisant appel à tous les pseudo-experts possibles, à faire interdire la culture du riz doré et toutes les activités qui y sont liées par la Cour d'appel des Philippines. MASIPAG est soutenue depuis longtemps par Greenpeace et l'œuvre d'entraide Misereor, que MASIPAG désigne comme son organisation partenaire.

 

Le fait que la lutte n'ait pas été abandonnée malgré un long processus d'autorisation et des dizaines d'études démontrant l'innocuité n'a qu'une seule raison : l'industrie de l'indignation, que personne n'a mandatée et qui vit de la collecte de dons par la peur et les scénarios catastrophes, ne peut pas se permettre de perdre son lucratif secteur économique Frankenstein que sont les quelques millions d'enfants auxquels le riz doré aurait peut-être sauvé la vue et la vie au cours des 20 dernières années.

 

Le pape François, premier serviteur de Misereor, a eu des mots très clairs sur une économie aussi peu scrupuleuse dans son exhortation pontificale « Evangelii Gaudium » en 2013 : « Une telle économie tue. »

 

Les articles invités représentent l'opinion de leur auteur.

 

______________

 

 

 

 

Ludger Weß écrit sur la science depuis les années 1980, principalement le génie génétique et la biotechnologie. Avant cela, il a fait des recherches en tant que biologiste moléculaire à l'Université de Brême. En 2006, il a été un des fondateurs d'akampion, qui conseille les entreprises innovantes dans leur communication. En 2017, il a publié ses polars scientifiques « Oligo » et « Vironymous » chez Piper Fahrenheit et, en 2020, un ouvrage sérieux « Winzig, zäh und zahlreich - ein Bakterienatlas » (petits, robustes et nombreux – un atlas des bactéries) chez Matthes & Seitz. Cet article a été écrit par Ludger Weß à titre privé.

 

Source : Greenpeace tötet Kinder - und Misereor tötet mit - Bauer Willi

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
" Misereor, la plus grande organisation catholique romaine d'aide au développement au monde"<br /> <br /> Pette coquille de traduction sans doute? Misereor est une grosse organisation catholique allemande avant tout. A l'échelle mondiale; le réseau Caritas est beaucoup plus grand.
Répondre
Corrigé !