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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Écophyto : arrêterez-vous, un jour, l'hystérie ant-pesticides au ministère de l'Agriculture

21 Juillet 2024 Publié dans #Ecophyto, #Pesticides, #Politique

Écophyto : arrêterez-vous, un jour, l'hystérie ant-pesticides au ministère de l'Agriculture

 

Glané sur la toile 998

 

 

(Source)

 

 

Objectif : réduire des risques insignifiants de manière sans doute insignifiante en termes de réduction (réelle), mais dans certains cas très signifiante en termes de précarisation de la production et souveraineté alimentaires. En bref, il faut des postures pour être perçu comme agissant.

 

Quatre réunions... et voilà plein de « solutions alternatives » ! Des millions d'euros (que nous n'avons pas) sont affectés à Écophyto 2030 ? Vite, engageons-les pour des projets à définir par ceux qui veulent profiter de la manne...

 

Et si les agriculteurs faisaient « tilt » ?

 

 

On se réunit et, hop ! on trouve des solutions !

 

Le gouvernement vivait ses derniers jours ce samedi, 13 juillet 2024. Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture (et de la si malmenée Souveraineté Alimentaire), a cru bon de poster sur X (ex-Twitter) :

 

« J’ai réuni l’ensemble des acteurs pour la 4ème réunion du cycle "Solutions et alternatives aux produits phytosanitaires interdits".

 

3 mois de travail qui débouchent sur des solutions concrètes, filière par filière, pour faire face à la suppression de phytosanitaires. »

 

On peut trouver cela étonnant. Encore plus étonnant, M. Gil Rivière-Wekstein, le grand artisan de Agriculture et Environnement, a posté ceci sur X :

 

« Sur 262 usages sur 55 cultures, le ministère a identifié "778 solutions supplémentaires d’intérêt fort ou moyen" disponibles dans d’autres Etats-Membres de l’UE, dont 400 représenteraient un intérêt à être utilisées en France. Comment se fait-il que ces 400 solutions ne sont pas déjà mises en oeuvre en France ? »

 

Il suffirait donc de quatre réunions pour identifier quelque trois « solutions » par usage ou encore 14 par culture.

 

Ce post de Mme Agnès Pannier-Runacher, qui ne se réfère à aucune communication officielle, n'aura pas beaucoup d'écho, et c'est tant mieux.

 

Il implique que nos agriculteurs seraient trop bêtes, n'ayant pas trouvé les solutions tout seuls, contrairement à leurs voisins.

 

Mais on peut aussi penser, au contraire, que l'intérêt « fort ou moyen » des solutions « supplémentaires » n'est pas si fort, ni même si moyen.

 

En tout cas, ce genre de communication ne donne pas une bonne image de nos agriculteurs. On rappellera à cet égard que la « consommation » française de pesticides est dans la moyenne de l'Union Européenne, malgré la présence sur notre territoire de cultures très dépendantes de la protection phytosanitaire comme la vigne.

 

Et, ironiquement, malgré ces « solutions », les agriculteurs de nos pays voisins utilisent plus de pesticides par hectare Ue les nôtres...

 

 

(Source)

 

 

Vite, engageons 90 millions d'euros (que nous n'avons pas), voire plus

 

Je ne suis pas au jour le jour les exploits de notre ministre de l'Agriculture (et de la si malmenée Souveraineté Alimentaire (bis)) démissionnaire et maintenant censé gérer les affaires courantes.

 

Le 17 juillet 2024, à 9h16 – donc avant l'acceptation de la démission du gouvernement –, il s'est fendu d'un long post sur :

 

« Poursuite de la stratégie Ecophyto 2030 | Nous lançons avec @Ecologie_Gouv, @Economie_Gouv et @SGPI_avenir un appel à manifestation d’intérêt intitulé "Prise de risque Amont Aval et Massification de pratiques visant à réduire l’usage des produits phytopharmaceutiques sur les exploitations agricoles".

 

Il vise à soutenir les futurs porteurs de projets identifiés et d’adapter le cahier des charges pour répondre au mieux aux besoins des agriculteurs.

 

En cas de succès, un appel à projets doté de 90 millions d’euros issus du plan #France2030 sera déployé au premier semestre 2025.

 

Pour relever le défi d’une souveraineté alimentaire tout en réduisant l'usage des produits phytosanitaires, nous continuons de multiplier des moyens, pour :

 

Développer des alternatives par le PARSADA ;

 

Accompagner l’évolution des pratiques par les dispositifs de la planification écologique, dont l'ouverture d'un guichet doté de 47 M€ d’aide à l’achat de matériels concourant à la réduction de l’utilisation de produits phytopharmaceutiques et à la transition agroécologique, ouvert à tous les territoires ;

 

Travailler à l'amélioration de la prise de risque et la massification de pratiques.

 

PARSADA, c'est « plan d’action stratégique pour l’anticipation du retrait des substances actives et le développement de techniques alternatives de protection des cultures ».

 

Était joint à ce post le texte d'un communiqué de presse, daté de la veille, donc du 16 juillet 2024, « France 2030 : lancement d’un appel à manifestation d’intérêt visant à réduire l’usage des produits phytopharmaceutiques dans les exploitations agricoles ».

 

En voici les deux paragraphes essentiels :

 

« L’appel à manifestation d’intérêt est un préalable au lancement d’un appel à projets doté de 90 millions d’euros de France 2030 prévu au 1er semestre 2025. L’objectif est d’accompagner les futurs porteurs de projets identifiés dans cet AMI et d’adapter le cahier des charges de cet appel à projets de façon à répondre au mieux aux besoins des acteurs. Le recours aux technologies d’intelligence artificielle (IA) pour l’acquisition, la collecte et le partage de références sur les pratiques vertueuses sera notamment encouragé dans ce futur appel à projets.

 

Cet appel à projet est l’un des nombreux dispositifs prévus dans le cadre de la stratégie Écophyto 2030, publiée le 6 mai dernier, afin de donner à tous les agriculteurs les moyens de la transition vers des modes de production réduisant les risques et les usages des produits phytopharmaceutiques, par le développement de méthodes alternatives et le renforcement de leur accompagnement dans le changement de pratiques. »

 

Pour en savoir plus, il faut aller au descriptif de l'appel à manifestation (au singulier) d'intérêt. Voici ce qu'on peut en retenir :

 

« PRAAM [Prise de Risque Amont Aval et Massification de pratiques visant à réduire l’usage des produits phytopharmaceutiques sur les exploitations agricoles] souhaite mettre l’accent sur l’articulation de cinq volets agronomiques et socio-économiques interdépendant garant du succès de la mesure. Les projets attendus doivent s’efforcer de s’inscrire dans l’ensemble de ces cinq volets et les combiner. Les cinq volets sont les suivants :

 

  • Volet 1 : Des innovations contractuelles et assurantielle pour accompagner la prise de risque

  • Volet 2 : L’accompagnement sur le temps de la transition

  • Volet 3 : Un déploiement progressif mais ambitieux

  • Volet 4 : L’accompagnement et la formation des agriculteurs et des acteurs de la filière

  • Volet 5 : L’acquisition de références partagées sur les combinatoires testées

  • Volet 6 : Le soutien des entreprises proposant des solutions alternatives en lien avec les utilisateurs de ces solutions

 

Les projets devront proposer des objectifs de résultat en matière de performance environnementale, dont un engagement explicite et chiffré à la réduction d’usage des produits phytopharmaceutiques (détails dans le cahier des charges à télécharger) [il n'y a pas de lien vers un cahier des charges].

 

Les bénéficiaires potentiels de la manne gouvernementale (enfin... de nos impôts ou des prêts imputés pour le remboursement à nos enfants et petits-enfants) sauront sans nul doute ce qui est attendu d'eux.

 

Moi... Je suis ébahi par les « objectifs de résultats », alors que ce sont les agriculteurs qui décident des mesures à mettre en œuvre pour lutter contre les mauvaises herbes, les parasites et les maladies pour produire notre alimentation et d'autres produits de première nécessité, et qui font face aux aléas météorologiques et écologiques.

 

 

Et si les agriculteurs faisaient « tilt » ?

 

 

(Source)

 

 

Une réaction d'agriculteur :

 

« Et les agriculteurs ? Vous nous oubliez ? Que faut il faire pour ne plus être oublié ? »

 

Peut-être, pour utiliser une expression passée de mode avec l'engin auquel elle se rapporte, secouer suffisamment fort le flipper pour faire « tilt », puis « game over ».

 

Et surtout, faire un très gros effort de pédagogie pour expliquer les vrais enjeux de la protection des cultures à un personnel politique et administratif, aux médias et au grand public.

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U
PARSADA, PRAAM ...<br /> Saluons l'action du gouvernement pour la biodiversité des sigles !
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