Grataloup c. Woessner : où est ta déontologie, « Conseil de Déontologie Journalistique et de Médiation » ?
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Une communication indigente sur X (ex-Twitter) aura permis à des « amis » de Mme Géraldine Woessner, du Point, et « amis » du glyphosate de témoigner de leur « admiration » pour son travail d'enquête.
J'y suis parvenu grâce à un post sur X (ex-Twitter) d'un personnage qui tient à son anonymat sur la toile comme à la prunelle de ses yeux (expression consacrée), le dénommé Factsory (Facts... sorry...). Pour une fois, cependant, nous ne serons pas totalement en désaccord sur le constat de légèreté du Conseil de Déontologie Journalistique et de Médiation (CDJM), mais pas sur la base des récriminations qui sont les siennes.
Le 11 octobre 2020 (et pas le 12, comme l'écrit le CDJM si pointilleux sur la véracité des faits et si critique du travail des journalistes... enfin de certains d'entre eux), Mme Géraldine Woessner publiait dans le Point « Glyphosate : la longue histoire d’une manipulation ». Titre du reste très contestable dans la mesure où elle a décrit non pas une, mais une série de manipulations.
Cet article a – évidemment – déplu. On ne conteste pas, dans un grand média, le narratif du monde des contempteurs du glyphosate et de Bayer-Monsanto – et des « pesticides » en général (de synthèse) – sans encourir les foudres de la quasi-censure.
Une plainte a été déposée auprès du CDJM, un truc qui a l'air d'une instance officielle et utilise un jargon judiciaire. C'est peut-être par commodité, mais cela est susceptible d'induire en erreur ou, pire, de servir de base à des exercices de désinformation.
C'est une association loi 1901 se disant « instance de médiation entre les journalistes, les médias, les agences de presse et les publics sur toutes les questions relatives à la déontologie journalistique ».
Cela aussi pose problème. Quand les écoles Waldorf-Steiner, par exemple, on titré en mai 2023 : « Obligations d’exactitude, d’équité, de vérification et de rectification des erreurs… – Le Conseil de déontologie épingle l’Oeil du 20h de France 2… », les lecteurs sont-ils conscients du fait – bien sûr non évoqué – que ce conseil est une sorte de boutique privée ?
L'association est très loin de faire consensus au sein de la profession. Nombre de médias importants ne la reconnaissent pas.
Dans le cas qui nous intéresse, Mme Géraldine Woessner a ainsi répondu à la sollicitation adressée au Point, mais sans engager aucunement l'hebdomadaire. Le Point n'a pas daigné répondre.
Bref, c'est une sorte de Kangaroo Court.
Nous avons déjà eu l'occasion de l'évoquer dans « Géraldine Woessner et la déontologie perdue d'un "conseil de déontologie" ».
C'était alors déjà Mme Géraldine Woessner – et elle seule alors que l'article avait été écrit à six mains... Non, ce n'est pas bizarre : elle fait honneur à son métier de journaliste en vraie disciple d'Albert Londres, « Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ». Je sais, d'autres s'en prévalent... mais indûment.
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Et le CDJM est instrumentalisé par des artistes de la contestation de ses écrits et des faits qu'elle décrit, voire révèle. Pour ce faire, ils se fondent sur des lectures jésuitiques de la déontologie journalistique.
Dans le cas qui nous intéresse ici, la plainte – la « saisine » – a été déposée le 17 octobre 2020, soit six jours après la publication de son article. Elle a été signée par Mme Sabine Grataloup, une personnalité bien connue du monde anti-glyphosate et anti-Monsanto (elle attribue au glyphosate la cause des malformations congénitales de son fils).
Non, ce n'est pas en lien avec la saisine du CDJM. (Source)
L'avis du CDJM est bien moins contestable que le précédent que nous avons analysé – mais pas blindé contre la critique. Il mérite donc une analyse. Et comme il a été défendu bec et ongles contre les critiques par un membre du CDJM, cela vaut l'effort d'en faire une analyse détaillée.
Cela fera l'objet de deux autres articles.
Le CDJM a publié son avis le 7 mai 2024. Selon son post sur X (ex-Twitter),
« Saisi à propos d’un article sur le glyphosate publié par @LePoint, il considère que certaines règles déontologiques concernées n’ont pas été respectées et déclare la saisine partiellement fondée. »
Le problème est le suivant : sur les 16 griefs invoqués par le camp plaignant,
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6 n'ont pas fait l'objet d'un « avis » ;
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7 ont été déclarés infondés ;
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3 ont été déclarés fondés (comme on le verra, sur des points mineurs).
La communication du CDJM a donc permis à la nébuleuse activiste ou/et haineuse, ou tout simplement adepte de la Schadenfreude, de claironner : « On a gagné ! », ou : « Elle s'est encore fait gauler. », etc.
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Mais l'art de la communication ne fait peut-être pas partie des compétences requises par une entité qui se penche avec une loupe sur la... communication.
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Inversement, on peut aussi considérer que c'est tout un art de communiquer sur une partie du tout pour susciter ce genre de réaction :
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Mais restons-en à Michel Rocard : « Toujours préférer l'hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare. »
À suivre...
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