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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Glyphosate et spermatozoïdes : une étude vraiment trompeuse

17 Juin 2024 Publié dans #Article scientifique, #Glyphosate (Roundup), #Santé publique

Glyphosate et spermatozoïdes : une étude vraiment trompeuse

 

Kevin Folta, Genetic Literacy Project*

 

 

 

 

Comment des médias [anglophones] ont-ils présenté une étude ? « Des niveaux élevés de glyphosate ont été trouvés dans les spermatozoïdes .»Que montrent les données en réalité ? Presque aucune trace de substance chimique et aucun effet sur les spermatozoïdes.

 

Ma note : J'ai ajouté quelques précisions et commentaires.

 

 

Les gros titres explosent d'horreur et les foules anti-glyphosate entrent en action en beuglant : les mâles risquent de ne plus pouvoir se reproduire et c'est la faute des agriculteurs à qui Big Ag, de mèche avec le gouvernement fédéral, vend des pesticides dangereux et inutiles.

 

Les mises en garde contre les dangers pour la santé et l'environnement des produits chimiques agricoles couramment utilisés sont un refrain familier sur Internet. La source de ce dernier incendie mettant toutes les sirènes en alarme sur les réseaux sociaux est une étude réalisée par une équipe de scientifiques français et publiée au début du mois de mai. Intitulée « Glyphosate presence in human sperm: First report and positive correlation with oxidative stress in an infertile French population (présence de glyphosate dans le sperme humain : premier rapport et corrélation positive avec le stress oxydatif dans une population française infertile), le titre et le contenu de l'étude semblaient conçus pour déclencher une tempête de feu. Et cela a marché.

 

Presque simultanément à la publication de l'étude, le quotidien britannique The Guardian a publié un article à la une avertissant que l'herbicide glyphosate, qui est dans la ligne de mire des « groupes de plaidoyer » et des avocats spécialisés dans la responsabilité civile depuis une décennie, avait encore un autre effet pervers sur la santé : il est susceptible d'entraîner une augmentation de l'incidence de la stérilité masculine.

 

 

 

 

Le titre de l'article affirme que l'étude a trouvé des « niveaux élevés de désherbant », ce qui est certainement de mauvais augure. À quel point ces niveaux sont-ils élevés ? La question qui s'ensuit est évidente : s'agit-il d'une preuve concluante – comme le pensent les défenseurs de l'environnement qui rejettent la place dans l'agriculture des produits chimiques de synthèse qu'ils ciblent – que le glyphosate tue non seulement les mauvaises herbes, mais aussi les spermatozoïdes, et peut-être même les hommes ?

 

Examinons l'étude. Voici ce qu'elle aborde en réalité :

 

  • Il y a un déclin de la fertilité humaine et de la qualité des spermatozoïdes [ma note : ce n'est pas nouveau].

  • Les substances chimiques environnementales telles que les pesticides sont « soupçonnées » de jouer un rôle.

  • Le glyphosate est un produit chimique fréquemment utilisé.

  • Par conséquent, le glyphosate est à l'origine d'une baisse de la fertilité.

Cette affirmation – que le glyphosate est à l'origine d'une baisse de la fertilité – est une hypothèse qu'il est raisonnable de tester. Le nombre de spermatozoïdes chez les hommes des pays développés a diminué de moitié au cours des 45 dernières années. Nous savons, grâce à une série d'études, qu'au moins une partie de l'explication réside dans la multitude de produits chimiques que nous consommons chaque jour à l'état de microtraces. Comme le titrait The Guardian en 2022, « Un cocktail de polluants chimiques est lié à la baisse de la qualité du sperme, selon une étude ».

 

 

Un ragoût de produits chimiques

 

Quels produits chimiques ? Certaines études ont suggéré que des produits chimiques connus pour perturber le système endocrinien humain sont à l'origine de l'augmentation de l'infertilité masculine. Il ne s'agit pas d'un ou de trois produits chimiques, mais de dizaines, voire de centaines. Il s'agit d'un mélange de produits chimiques. C'est la conclusion d'une étude de 2022, souvent citée, que Beyond Pesticides, un groupe d'activistes dont la mission est d'éliminer presque tous les produits chimiques de synthèse de nos vies, a mis en avant sur son site web il y a quelques mois à peine. Le glyphosate n'est mentionné ni par Beyond Pesticides ni dans l'étude.

 

 

 

 

Selon l'Agence de Protection de l'Environnement, après des années d'évaluation d'affirmations contradictoires dans une myriade d'études, elle a passé les données au crible de son rigoureux programme de dépistage des perturbateurs endocriniens, concluant que « rien n'indique que le glyphosate est un perturbateur endocrinien ».

 

Si le glyphosate réduisait la fertilité masculine, nous le verrions chez les dizaines de millions d'animaux d'élevage et de laboratoire qui, au fil des ans, ont consommé du soja et du maïs contenant des traces de cet herbicide. Aucun problème de fertilité n'a été signalé dans ce cas. Quelle nouvelle information unique les auteurs de l'étude française ont-ils trouvée pour contredire les preuves scientifiques et l'expérience des agriculteurs selon lesquelles le glyphosate n'a pas d'impact sérieux sur la fertilité des mâles ?

 

Les scientifiques ont procédé à une analyse extrêmement sensible du sang et du plasma séminal, afin de détecter la présence de glyphosate. Ils ont également mesuré la qualité et la quantité des spermatozoïdes, ainsi que les marqueurs du stress oxydatif. Les auteurs concluent que les résultats sugèrent un « impact négatif sur la santé reproductive humaine » et conseillent d'appliquer le principe de précaution pour déterminer si le glyphosate doit être utilisé dans l'agriculture. Le principe de précaution est une notion adoptée par l'Europe pour guider ses réglementations, connue simplement sous le nom de « mieux vaut prévenir que guérir ». Son principe fondamental est que si la science ne peut pas « prouver » avec certitude qu'une substance ne peut pas être dangereusement toxique, il est préférable d'opter pour la précaution et de l'interdire.

 

Il est à noter que ces scientifiques n'ont testé aucune des milliers de substances chimiques présentes dans les spermatozoïdes, à l'exception d'une seule. Ils ont recommandé de suivre le principe de précaution dans la réglementation du glyphosate, recommandant en fait, sans utiliser le mot exact, de l'interdire. Sur la base de cette logique, toutes les substances chimiques trouvées dans le sperme – les milliers qu'ils n'ont pas testées – devraient également être interdites. Il va sans dire qu'ils n'ont pas tenu compte de cette conclusion logique dans leur commentaire.

 

 

Le glyphosate est-il « toxique » ?

 

Examinons de plus près leurs conclusions sur la seule substance chimique qu'ils ont étudiée. Les conclusions sur la présence dangereuse du glyphosate dans le liquide séminal sont-elles étayées par leurs propres données ?

 

Divulgâcheur : Les données qu'ils présentent montrent qu'ils n'ont détecté pratiquement pas de glyphosate. Ils n'ont également constaté aucun effet du glyphosate sur les spermatozoïdes. Comment cela est-il possible ? Le titre même de l'étude affirme « Présence de glyphosate dans le sperme humain ».

 

La « preuve » étayant le titre provocateur des auteurs est leur affirmation selon laquelle le glyphosate qu'ils ont trouvé est dû à une probable « altération de la barrière hémato-testiculaire », également connue sous le nom de « barrière sang-testicule ». Si la barrière hémato-testiculaire était franchie, les spermatozoïdes passeraient dans le sang et le système auto-immunitaire de l'organisme se déclencherait contre les antigènes des spermatozoïdes, ce qui finirait par tuer les spermatozoïdes.

 

Les auteurs ont présenté leur étude de manière grossièrement inexacte : ils n'ont pas testé les spermatozoïdes, mais les fluides séminaux qui n'ont aucun rapport avec la barrière hémato-testiculaire. Les fluides d'escorte sont produits principalement dans des glandes complètement différentes situées à d'autres endroits, à savoir la prostate, les glandes de Cowper et les vésicules séminales. Ces tissus produisent la grande majorité des liquides séminaux dont les spermatozoïdes ont besoin pour leur long voyage vers la fécondation d'un ovule.

 

Mais le titre indique « présence de glyphosate dans le sperme humain » alors que les spermatozoïdes n'ont jamais été analysés. L'intégrité fonctionnelle du spermatozoïde lui-même, ou sa précieuse charge d'ADN, sont souvent considérées comme des cibles de toxines environnementales, ce qui laisse penser que l'intention des auteurs était de faire les gros titres plutôt que de communiquer des résultats scientifiques.

 

« Des traces mineures d'une substance chimique dans les exsudats de Cowper » ne constituent cependant pas un titre accrocheur. Les médias et les groupes d'intérêt anti-glyphosate se délectent d'un titre qui outrepasse les données, surtout s'ils peuvent ensuite outrepasser l'outrepassement avec des titres encore plus sensationnels !

 

 

 

 

Que montrent les preuves ?

 

Un média a indiqué, sans retenue, que 100 % des hommes testés positifs au glyphosate avaient des problèmes de fertilité. Cela peut sembler effrayant, mais c'est en fait dénué de sens et trompeur : les mesures ont été effectuées dans une clinique de fertilité sur des hommes [de couples] souffrant d'infertilité [1].

 

Un groupe relativement restreint de 128 hommes a été testé, dont 47 ont donné des réponses complètes à l'enquête liée à l'étude. Les résultats ont montré que le glyphosate pouvait être détecté dans le plasma séminal de 73 des 128 hommes. Le mot clé est « détecté » – les questions importantes sont : comment ont-ils détecté le glyphosate et quel niveau est biologiquement significatif ?

 

Il semble que les chercheurs soient experts dans la détection de quantités extraordinairement faibles de glyphosate, des niveaux si bas qu'ils sont déconcertants. Ils ont trouvé des niveaux de glyphosate dans le sang de 0,19 ng/ml, soit 190 picogrammes par gramme ou, en d'autres termes, 190 parties par billion (mille milliards).

 

Quelle est l'ampleur de cette présence ? Devrions-nous nous inquiéter ? Les toxicologues devraient-ils s'inquiéter ? Une partie par billion correspond à une seconde sur environ 31.700 années. Il s'agit de quantités étonnamment faibles. (C'est tout à l'honneur de la capacité de détection des chercheurs !) Ils font également état de 0,73 ng/ml dans le plasma séminal. Il s'agit d'une quantité extraordinairement faible, mais qui n'est en aucun cas dangereuse. Elle est bien inférieure à 1 % de la dose journalière admissible (environ 0,15 % de la DJA européenne de 0,5 mg/kg p.c.).

 

Ne sachant pas comment interpréter des données aussi obscures, les médias se sont invariablement trompés, exagérant grossièrement l'importance de ce qui n'est presque rien sur le plan biologique. Les quelques personnes qui auraient pu comprendre la chimie ont volontairement déformé la signification de ces chiffres minuscules. La plupart des journalistes, tels des lemmings, ont affirmé que l'étude avait révélé des « niveaux élevés » de glyphosate.

 

Les scientifiques affirmeraient que les données suggèrent le contraire : les niveaux trouvés sont extrêmement faibles, presque au point de disparaître. Il faudrait concentrer 14 millions de litres de liquide séminal (ce qui remplirait une piscine de 150 pieds sur 60 pieds (45 x 18 mètres), d'une profondeur de trois pieds (90 cm) pour obtenir la quantité de glyphosate nécessaire au traitement d'un acre de culture (0,4 hectare). (Messieurs, n'essayez pas de reproduire cette étude chez vous !)

 

Les auteurs ont finalement quantifié le nombre de spermatozoïdes, leur mobilité et leur morphologie anormale. Ils ont reconnu n'avoir observé aucune différence significative.

 

Quelles données ont donc justifié l'affirmation des chercheurs selon laquelle leurs résultats sont « inquiétants », suggérant un lien avec l'infertilité même si les spermatozoïdes ne sont pas affectés ? Ils se sont tournés vers une mesure totalement différente, celle des marqueurs du stress oxydatif. Le stress oxydatif est un sous-produit du métabolisme normal, les cellules générant en permanence des radicaux libres hautement réactifs qui peuvent tout endommager, de l'ADN aux membranes cellulaires. Les cibles spécifiques des dommages causés par les radicaux libres sont considérées comme un indicateur du stress oxydatif. Ces molécules caractéristiques augmentent en cas de stress physiologique ou d'agression, qu'il s'agisse d'une poussée de fièvre ou d'une course d'un kilomètre. Les niveaux de ces indicateurs de dommages cellulaires dus au stress oxydatif peuvent être facilement mesurés dans le plasma sanguin.

 

Le test des marqueurs du stress oxydatif est relativement simple et implique que quelque chose est à l'origine de la production de radicaux libres. Les tests sont effectués à l'aide de kits largement disponibles. La cohorte de Français [de couples] infertiles a montré que ceux qui avaient plus de glyphosate dans leur sang et leurs fluides séminaux présentaient des niveaux légèrement plus élevés de ces marqueurs de stress oxydatif. Les différences étaient mineures, la majorité des individus ayant de faibles niveaux de glyphosate détectés et de faibles niveaux de marqueurs de stress.

 

Dans quelle mesure ces différences mineures sont-elles statistiquement significatives ? Sont-elles biologiquement significatives, surtout si l'on considère qu'il n'y a pas d'effet documenté sur les spermatozoïdes eux-mêmes ? Les chercheurs ne posent pas cette question fondamentale et n'y répondent pas. Ils ne fournissent aucune preuve et ne notent même pas quels niveaux sont considérés comme anormaux ou associés à des risques pour la santé ; ils se contentent d'écrire qu'ils sont plus élevés chez les hommes dont les niveaux de glyphosate sont détectables, ce qui implique, sans preuve, que ces niveaux à peine mesurables sont significativement nocifs.

 

La salade du « glyphosate qui peut vous nuire » est touillée et prête à être racontée.

 

 

Faire le point

 

Voici ce que les données démontrent en réalité : des auteurs déterminés ayant une hypothèse préconçue peuvent utiliser des méthodes extraordinairement sensibles pour détecter une substance chimique (le glyphosate) chez des hommes membres de couples infertiles, substance qui n'est pratiquement pas détectable. Les données montrent en outre que les paramètres de qualité du sperme sont les mêmes chez les hommes chez lesquels des niveaux infimes ont été détectés et chez ceux chez lesquels ils ne l'ont pas été. Elles montrent ensuite que les marqueurs du stress oxydatif sont légèrement plus élevés chez les individus chez qui le glyphosate a été détecté.

 

Voici ce que concluraient 99 % des scientifiques à qui l'on présenterait exactement les mêmes données : il n'y a pratiquement pas de glyphosate et les spermatozoïdes ne sont pas affectés. Les marqueurs du stress oxydatif sont des données intéressantes, mais tant que des tests plus rigoureux des modifications de l'ADN (comme les schémas de méthylation) ne sont pas détectés et que les chiffres ne sont pas présentés dans leur contexte, aucune conclusion ferme ne peut être tirée. Mais lorsqu'il s'agit du glyphosate, il n'y a plus d'analyse pondérée : « Dans l'ensemble, nos résultats suggèrent un impact négatif du GLY sur la santé reproductive de l'homme et éventuellement sur sa descendance. » [2]

 

Si les chercheurs avaient honnêtement et précisément présenté leurs résultats réels, personne n'aurait fait état de leurs résultats de recherche « sans intérêt ».

 

Les auteurs vont bien au-delà de leur étude sommaire et concluent que «nos résultats suggèrent un impact négatif du GLY sur la santé reproductive de l'homme et éventuellement sur sa descendance ». Ils ont tout simplement inventé cela ; ils ne présentent absolument aucune preuve d'un effet sur la santé reproductive ou la descendance. Ils qualifient également leurs résultats de « préoccupants », ce qui est un jugement étrange pour un article scientifique basé sur des données douteuses, en particulier à la lumière des niveaux non préoccupants trouvés et de l'absence d'effet sur les spermatozoïdes. Ainsi, en l'absence de données confirmatives, ils ont écrit un titre incendiaire, et les médias l'ont gobé.

 

 

Pourquoi se concentrer uniquement sur le glyphosate ?

 

Un autre aspect de cette histoire laisse à penser que cet article pourrait être mieux compris comme un autre cas de « science militante ». Les chercheurs ont choisi leurs sujets d'étude dans une région proche de Tours, connue pour être une région française importante pour la production de céréales et de vin. Comme ils l'ont noté, « cette région reflète l'exposition courante aux herbicides en France. En effet, elle est considérée comme la troisième région française pour l'achat de pesticides ». [3]

 

Pourquoi est-ce important ? Parce qu'ils n'ont testé qu'un seul produit chimique agricole – celui qui leur vaudrait certainement des gros titres s'ils trouvaient quoi que ce soit, même si c'était minime (et c'est ce qu'ils ont trouvé : presque rien). Ils auraient pu, mais ne l'ont pas fait, analyser la multitude de composés phytosanitaires biologiques ou conventionnels auxquels les communautés rurales peuvent être exposées et qui pourraient contribuer à l'infertilité masculine. Il est presque certain que beaucoup de ces produits chimiques qu'ils n'ont pas étudiés sont beaucoup plus susceptibles de contribuer à l'infertilité masculine que le glyphosate, dont les données montrent qu'il n'a pratiquement pas d'effet.

 

Par exemple, que se serait-il passé s'ils avaient choisi d'examiner les niveaux de cuivre dans les fluides séminaux ? Le sulfate de cuivre est largement utilisé comme fongicide biologiquement acceptable dans les régions viticoles comme celle de Tours.

 

 

Le sulfate de cuivre recouvre les feuilles de vigne pour les protéger contre des cryptogames.

 

 

Quels auraient été les résultats d'une étude si ces chercheurs s'étaient concentrés sur des traces de cuivre, que l'on retrouve certainement en grande quantité dans le liquide séminal des sujets de cette région ? Leur titre aurait tout aussi bien pu être :

 

« Présence de cuivre dans le sperme humain d'une population française infertile »

 

Ces scientifiques ont ignoré l'exploration des multiples substances chimiques susceptibles de contribuer à l'infertilité, se concentrant plutôt sur une seule : le glyphosate – l'herbicide controversé que de nombreux activistes (y compris les auteurs, d'après le résumé) espèrent faire interdire. Si les chercheurs étaient réellement intéressés par l'identification des substances chimiques susceptibles de contribuer à l'infertilité (plutôt que de concocter une étude ciblant le glyphosate et aucune autre substance chimique), ils auraient pu mesurer la nicotine ou d'autres sous-produits du tabagisme, d'autres substances chimiques agricoles ou les métabolites de l'alcool (les viticulteurs appréciant les produits de leur métier). N'importe lequel de ces produits chimiques aurait montré des marqueurs de dommages oxydatifs et mis en évidence la même corrélation fragile que ces scientifiques prétendent avoir trouvée avec le glyphosate.

 

Mais s'ils essayaient vraiment de trouver les substances qui contribuent le plus à l'infertilité masculine, quelles sont les chances que leur dur labeur aboutisse à l'éruption médiatique et sociale que cette étude trompeuse sur le glyphosate a provoquée ?

 

Les humains sont inondés d'agents susceptibles d'affecter la fertilité beaucoup plus plausibles qu'un seul produit chimique relativement inoffensif. Comparez la très faible toxicité aiguë du glyphosate à celle du sulfate de cuivre.

 

 

 

 

Cette étude est un exemple inquiétant de la politisation de la science. À une époque où l'alimentation et l'agriculture sont plus sûres que jamais, des études telles que cette recherche française sur le sperme et les extrapolations hystériques des médias qui s'ensuivent détruisent la confiance du public dans l'alimentation et l'agriculture. C'est un autre exemple de ce qui se passe lorsqu'un noyau de données est (délibérément) surinterprété par des scientifiques (activistes ?) pour suggérer un risque alors qu'il n'y en a pas.

 

Nous ne pouvons que spéculer sur l'intention et la motivation, mais il semble étrange que des chercheurs compétents consacrent autant d'efforts à identifier des quantités d'un produit chimique de l'ordre de quelques parties par billion, pour ensuite prétendre que la population pourrait être en danger, alors que les données montrent qu'il n'y a aucune preuve de risque.

 

____________

 

[1] Selon le résumé, « Les objectifs de notre étude étaient tout d'abord d'analyser la concentration de GLY et de son principal métabolite, l'acide amino-méthyl-phosphonique (AMPA) par LC/MS-MS dans le plasma séminal et sanguin d'une population d'hommes français infertiles (n=128). » (C'est moi qui graisse.)

 

Dans le corps du texte : « Cette étude a porté sur 128 hommes partenaires de couples infertiles, sans anomalie physique ni maladie chronique, âgés de 26 à 57 ans, recrutés au cours des consultations entre février 2018 et mars 2022 pour infertilité (absence de conception après une ou plusieurs années de rapports non protégés)... »

 

[2] À supposer que des hommes supposés infertiles aient une descendance...

 

[3] En fait, les auteurs ont trouvé leurs sujets dans la clinique.

 

Soulignons surtout qu'il n'y a pas de population témoin, d'hommes de couples fertiles.

 

Le fait d'être la troisième région française pour l'achat de pesticides (sans précision sur la nature de ces pesticides fait qu'elle ne saurait être considérée comme reflétant l'exposition courante aux herbicides (à nouveau sans précision) en France.

 

Kevin M. Folta est professeur, conférencier et animateur de podcasts. Suivez le professeur Folta sur X @kevinfolta

 

Source : How the media portrayed a study: “High Levels of Glyphosate Found in Sperm” – What data actually show: Almost no chemical traces and no effect on sperm - Genetic Literacy Project

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U
Il y a quand même 500 morts par intoxication à l'eau en France chaque année.
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F
Halte à la prolifération du monoxyde de di-hydrogène!