L'agriculteur qui a ramené le maïs Jimmy Red Corn du bord du gouffre
Elizabeth Maslyn, AGDAILY*
Image : Hoss
Quand j'étais enfant, mon père cultivait un énorme jardin chaque été. Il était si grand qu'on aurait pu le considérer comme un deuxième emploi.
Il rentrait de la ferme et se rendait directement au jardin. Non seulement le jardin nourrissait notre foyer de sept personnes, mais les autres membres de la famille venaient souvent cueillir des légumes pour eux aussi.
Nous avons mis en conserve des tomates et de la salsa, congelé des haricots verts, stocké des pommes de terre et des navets, mais l'un de mes produits préférés du jardin était le mini pop-corn.
Les petits épis colorés produisent de minuscules grains qui, une fois éclatés, donnent du mini pop-corn. Le mini pop-corn a le même goût que le pop-corn de taille normale, mais il est beaucoup plus mignon.
Ces variétés de maïs colorées, souvent appelées Indian Corn (maïs indien), sont amusantes à cultiver.
M. Richard Lawson cultive cette variété de maïs, dont l'histoire est bien plus riche que celle du mini pop-corn que j'apprécie.
Son père, Dick Lawson Jr, explique qu'au début des années 1960, un voisin amérindien qui abandonnait l'agriculture avait donné à sa famille des graines de maïs corné. La mère de Dick Lawson en a utilisé une partie pour la décoration, et le reste a servi à nourrir leur troupeau de vaches laitières.
« Au fil des ans », raconte M. Dick Lawson, « nous l'avons croisé avec d'autres maïs indiens et avons sélectionné les épis les plus gros et les plus colorés pour les semences ». Sa mère distribuait quelques-uns de ces beaux épis aux voisins et aux amis en guise de décoration – et il n'a pas fallu longtemps pour qu'ils soient remarqués par d'autres membres de la communauté.
Entre le milieu et la fin des années 60, un stand agricole local a acheté quelques épis pour les vendre et, en 1987, sa mère séchait et vendait plus de 600 bottes par an.
M. Dick Lawson et son épouse, Laura, continuent aujourd'hui à cultiver le maïs pour le vendre localement, l'utiliser pour la décoration ou l'alimentation animale, le moudre en farine de maïs pour la pâtisserie et même le faire éclater en pop-corn.
Ce magnifique maïs ancestral a été transmis à trois générations depuis qu'il a été donné à la famille Lawson, et il continuera certainement à prospérer avec elle.
D'autres variétés sont également riches d'histoire – de nombreuses personnes aiment cultiver des variétés anciennes pour leur goût prononcé, leurs saveurs uniques et, parfois, simplement pour leur beauté.
M. Ted Chewning, du comté de Colleton, en Caroline du Sud, s'est fait un nom en cultivant des variétés anciennes.
Il s'est fait connaître dans les milieux de la culture traditionnelle en réussissant à faire revivre le maïs Jimmy Red Corn, une variété traditionnelle si proche de l'extinction qu'il avait entre les mains ce que l'on appelait alors les deux derniers épis de Jimmy Red Corn.
Pendant son enfance, M. Chewning a passé la plupart de son temps dans l'exploitation laitière de sa famille. La culture de plantes ancestrales n'a pas toujours été sa passion ; adolescent, M. Chewning a travaillé pour le Service forestier des États-Unis, où il cultivait des pins pour le gouvernement.
Finalement, il s'est mis à jardiner, principalement pour produire des tomates, des poivrons et d'autres légumes en abondance. Il s'agissait d'un jardin typique, associé à des poulets et des cochons qu'il vendait comme viande à des restaurants locaux.
À cette époque, l'amour de M. Chewning pour le jardinage s'est développé, et son amour pour les variétés anciennes a naturellement suivi.
M. Chewning explique que l'histoire de Jimmy Red Corn remonte à environ 25 ans, lorsqu'un ami qui « tenait un magasin d'aliments pour animaux et de semences, un petit endroit appelé Red Top », est venu avec les deux derniers épis de Jimmy Red Corn. Le propriétaire du magasin gardait les épis pour M. Chewning, sachant qu'il pouvait obtenir une bonne récolte.
(Source)
À ce stade, vous vous demandez peut-être d'où viennent exactement ces deux derniers épis.
M. Chewning raconte qu'un homme cultivait le Jimmy Red Corn dans la région, mais qu'il est décédé avant la récolte de cette année-là. L'ami de M. Chewning qui travaillait dans le magasin d'aliments pour animaux et de semences lui a apporté les épis en espérant qu'il maintiendrait cette variété de maïs en vie.
Selon M. Chewning, l'homme qui a laissé derrière lui les derniers épis de Jimmy Red Corn était le petit-fils d'un Géorgien venu en Caroline du Sud pour utiliser cette variété dans la fabrication de l'alcool de contrebande. La forte teneur en huile du maïs améliore la production et la saveur du moonshine [l'alcool de contrebande]... c'est du moins ce que l'on nous dit.
M. Chewning prit les derniers épis et choisit les meilleures graines pour les semer dans un endroit isolé de sa ferme, en veillant à ce qu'il n'y ait pas de pollinisation croisée. Saison après saison, il a réservé les meilleurs grains pour les faire pousser. Après l'avoir cultivé ainsi pendant 20 ans, M. Chewning raconte que M. Glenn Roberts, fondateur de la société de meunerie Anson Mills, passait devant chez lui avec sa fille lorsqu'il a vu le Jimmy Red Corn pour la première fois. Il y a vu une opportunité.
Jimmy Red Corn est alors devenu célèbre pour son excellent alcool et ses gruaux de couleur rose et au goût de noisette. La société High Wire Distilling de Charleston, en Caroline du Sud, a saisi l'occasion de fabriquer du bourbon à partir de ce maïs, ce qui a contribué à faire exploser sa popularité.
La culture de plantes ancestrales telles que le Jimmy Red Corn est un passe-temps à la fois amusant et stimulant. M. Chewning cultive d'autres plantes ancestrales telles que le maïs Sea Island White Flint, le niébé et une petite pastèque sucrée qui était autrefois cultivée en association dans les champs de maïs pour lutter contre les mauvaises herbes, tout en produisant un fruit délicieux.
Selon M. Chewning, la partie la plus gratifiante de la culture de ces produits magnifiques et historiques est de les voir grandir.
« Il s'écoule beaucoup de temps entre le moment où l'on met la graine en terre et celui où l'on récolte », explique-t-il. « Vous n'avez vraiment rien d'autre à faire que de les regarder pousser ! »
M. Chewning préfère cultiver de manière traditionnelle et biologique, ce qui, selon lui, rend l'observation de la croissance des cultures encore plus gratifiante.
(Source)
Il souhaite que les autres conservateurs de semences se souviennent que les variétés traditionnelles ne produiront pas de grosses récoltes comme les variétés hybrides modernes, mais que ce qu'elles manquent en quantité, elles le compensent en qualité et en saveur.
Aujourd'hui, M. Chewning continue de cultiver de 12 à 15 acres [3 à 4 hectares] de plantes, ainsi que d'autres plantes, telles que des érables du Japon. Nous ne révélerons pas son âge, mais M. Chewning a déclaré : « Je vieillis, il est temps de se détendre et de cultiver quelque chose de facile ! »
La conservation des semences est largement considérée comme un excellent passe-temps pour maintenir en vie les cultures traditionnelles. Le Farmer's Almanac propose un guide complet avec des conseils et des astuces sur la conservation des semences et la culture de variétés anciennes.
Étant donné que de nombreuses cultures hybrides et génétiquement modifiées gagnent en popularité dans les milieux commerciaux, il devient important pour les jardiniers et les producteurs de niche de cultiver des variétés anciennes.
Le maïs Jimmy Red Corn, par exemple, résiste au vent parce qu'il s'enracine différemment du maïs de grande culture ou du maïs doux.
Les cultures qui poussent depuis des centaines d'années ont surmonté les phénomènes météorologiques, les parasites et les champignons, ce qui rend leurs gènes importants pour la production moderne. L'Université de Clemson, en Caroline du Sud, dispose d'une association pour l'amélioration des cultures qui travaille avec le Département Américain de l'Agriculture pour conserver les semences, mener des recherches et éduquer le public – et qui vend également des semences.
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* Elizabeth Maslyn est née et a grandi dans une ferme laitière du nord de l'État de New York. Sa passion pour l'agriculture l'a poussée à partager les histoires des agriculteurs avec tous les consommateurs et à promouvoir l'agriculture dans tout ce qu'elle fait. Elle s'efforce d'améliorer les connaissances en matière d'alimentation au sein de sa communauté et souhaite partager les histoires de ses agriculteurs locaux.
Source : The farmer who brought Jimmy Red Corn back from the brink | AGDAILY