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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Véganisme : Stanford Medicine publie une étude avec un biais de confirmation ; les médias mordent à l'hameçon

14 Janvier 2024 Publié dans #Article scientifique, #Alimentation

Véganisme : Stanford Medicine publie une étude avec un biais de confirmation ; les médias mordent à l'hameçon

 

David Lightsey, ACSH*

 

 

Image : 1035352 de Pixabay

 

 

Le mois dernier [novembre 2023], Stanford Medicine a publié le communiqué de presse suivant : « Un essai mené par Stanford Medicine sur de vrais jumeaux comparant les régimes végétalien et omnivore a révélé qu'un régime végétalien améliore la santé cardiovasculaire globale. »

 

 

En 2020, j'ai publié l'ouvrage « The Myths About Nutrition Science » (les mythes sur la science de la nutrition), qui décrit les sept principales raisons pour lesquelles les informations sur la santé ne sont pas fiables. L'une des principales raisons est que la plupart des journalistes s'appuient sur les communiqués de presse des institutions, qui exagèrent souvent les résultats de l'étude, au lieu d'examiner l'étude publiée elle-même. Une étude de 2015 publiée dans PLOS/One a recensé 312 articles de presse mondiaux liés au même communiqué de presse d'une institution scientifique. Sur ces 312 articles, « 85,6 % provenaient entièrement ou en grande partie d'une source secondaire ». En d'autres termes, 85,6 % des journalistes n'ont pas évalué les données originales, ce qui les a empêchés d'identifier les lacunes de l'« étude ». Huit ans plus tard, ce problème persiste.

 

Le dernier exemple en date est une étude vantée par la machine médiatique de Stanford.

 

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« une manière révolutionnaire d'affirmer qu'un régime végétalien est plus sain qu'un régime omnivore conventionnel ».

Stanford Medicine News Center – Centre d'information médicale de Stanford

 

Il s'en est suivi une large couverture médiatique, non critique. Il suffit d'entrer sur Google « Stanford identical twin vegan study » pour constater que presque tous les services d'information publient des titres optimistes et crédules.

 

Selon M. Christopher Gardner, professeur au Centre de Recherche en Prévention de Stanford, leur « étude suggère que toute personne qui choisit un régime végétalien peut améliorer sa santé à long terme en deux mois, les changements les plus importants étant observés au cours du premier mois ».

 

 

S'agit-il d'une réalité ou d'une fiction ?

 

Il convient d'examiner quelques points pertinents de l'étude publiée, qui jettent un froid sur cette actualité brûlante et sur l'affirmation de Stanford.

 

Les participants, âgés de 26 à 52 ans, ont tous été jugés exempts de maladie cardiovasculaire et ont été répartis en deux groupes, l'un végétalien et l'autre omnivore. Aucun des participants n'aurait suivi un régime végétalien avant l'étude, mais ils ont consommé des aliments conventionnels. En raison de la durée de l'étude (8 semaines), il n'y a pas eu d'amélioration réelle de la santé, mais seulement une « amélioration » des biomarqueurs.

 

« Les auteurs ont constaté la plus grande amélioration au cours des quatre premières semaines du changement de régime. Les participants au régime végétalien présentaient des taux de cholestérol à lipoprotéines de basse densité (C-LDL), d'insuline et de poids corporel – tous associés à une meilleure santé cardiovasculaire – nettement inférieurs à ceux des participants omnivores. » [C'est nous qui graissons.]

 

Bien sûr, nous savons tous qu'association n'est pas causalité.

 

  • Le taux de cholestérol LDL du groupe végétalien est passé d'une moyenne initiale de 110,7 mg/dl à 95,5 mg/dl à la fin de l'étude. Pour le groupe omnivore, le LDL-C est passé de 118,5 mg/dl au départ à 116,1 mg/dl à la fin de l'étude. Il ne s'agit pas d'une révélation en faveur du végétalisme, mais simplement de bon sens. Le LDL est une molécule naturelle et essentielle qui participe à la distribution du cholestérol. Les régimes végétaliens ne contiennent pas de cholestérol, et il est donc bien connu qu'un régime végétalien peut réduire considérablement les LDL. Cependant, tous les taux de LDL, tant au début qu'à la fin de l'étude, se situent dans la fourchette quasi-optimale de 100 à 129 mg/dl. Lorsqu'il y a plus de cholestérol, il y a plus de C-LDL. Dans ce cas, un taux plus bas n'est pas nécessairement meilleur ; il s'agit simplement d'un taux plus bas qui ne présente aucun avantage discernable pour la santé.

 

  • « Les participants végétaliens ont également montré une baisse d'environ 20 % de leur taux d'insuline à jeun – un taux d'insuline plus élevé est un facteur de risque pour le développement du diabète. » Il s'agit d'une manipulation de données. Le groupe végétalien avait un taux d'insuline de 11,4 UIU/mL contre 14,7 UIU/mL pour le groupe omnivore. Ces deux valeurs se situent dans la fourchette normale et n'indiquent en rien un pré-diabète. Les 20 % semblent bénéfiques, mais en réalité, il s'agit d'une comparaison dénuée de sens entre deux valeurs parfaitement normales.

 

  • La disponibilité de la B12 dans l'alimentation du groupe végétalien a chuté de 63 % au cours des quatre premières semaines et de 65 % au cours des quatre dernières semaines. La disponibilité moyenne de la B12 n'était que de 1,24 mcg au cours des quatre premières semaines et de 1,19 mcg au cours des quatre dernières semaines. Ces chiffres sont nettement inférieurs aux recommandations du NIH pour tous les groupes d'âge à partir de 9 ans. Un véritable régime végétalien peut entraîner d'autres carences nutritionnelles s'il n'est pas complété par de la vitamine D, de l'iode, du sélénium, du calcium et du fer. C'est pourquoi certains nutritionnistes préconisent un régime « plant-forward » [à base de plantes transformées de manière minimale] plutôt qu'un régime purement à base de plantes.

 

  • Les deux régimes « étaient sains, avec des légumes, légumineuses, fruits et céréales complètes en abondance [replete], et dépourvus de sucres et d'amidons raffinés. Le régime végétalien, entièrement basé sur les plantes, ne comprenait ni viande ni produits d'origine animale tels que les œufs ou le lait. Le régime omnivore comprenait du poulet, du poisson, des œufs, du fromage, des produits laitiers et d'autres aliments d'origine animale ». Il n'y a absolument rien dans la littérature qui suggère que les personnes qui consomment régulièrement des régimes « replete » en aliments d'origine végétale ainsi que des produits d'origine animale, c'est-à-dire un régime omnivore sain, vont raccourcir leur durée de vie ou être plus susceptibles de contracter une maladie, bien au contraire. J'ai illustré ici, à l'aide d'une étude longitudinale de 24 ans, et non des huit semaines de l'étude de Stanford, que les groupes de population qui adhèrent à un régime omnivore sain et à de bonnes habitudes de vie vivaient en moyenne quelques années de plus.

 

Le Dr Christopher Gardner a déclaré que « notre étude a utilisé un régime généralisable accessible à tous, car 21 des 22 végétaliens ont suivi le régime ». Cette affirmation mérite qu'on s'y arrête. Au cours des quatre premières semaines de l'étude, tous les participants ont reçu des repas préparés à l'avance. Ils ont reçu une éducation nutritionnelle à trois reprises pour renforcer l'adhésion au programme et des instructions sur la préparation de repas sains pour eux-mêmes au cours des quatre semaines suivantes. Dans quelle mesure ce programme est-il réaliste pour le consommateur moyen non éduqué ?

 

 

Commentaire final

 

L'étude de Stanford ne confirme pas ce qu'elle affirme dans la section « Points clés », sous « Signification ».

 

« Les résultats de cet essai suggèrent qu'une alimentation saine à base de plantes offre un avantage cardiométabolique protecteur significatif par rapport à une alimentation saine omnivore.

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Le fait qu'il y ait eu une carence importante en vitamine B12 illustre à quel point un régime végétalien est problématique, ce qui contredit l'affirmation de l'auteur selon laquelle un régime végétalien est supérieur à un régime omnivore sain. De plus, outre les carences nutritionnelles courantes déjà mentionnées, il serait naïf de supposer que l'enfant, l'adolescent ou même l'adulte moyen est suffisamment conscient pour mélanger quotidiennement les aliments d'origine végétale nécessaires afin d'obtenir les combinaisons d'acides aminés essentiels pour s'assurer que ses besoins en protéines sont entièrement satisfaits.

 

 

Source : Cardiometabolic Effects of Omnivorous vs Vegan Diets in Identical Twins A Randomized Clinical Trial (effets cardiométaboliques d'un régime omnivore par rapport à un régime végétalien chez de vrais jumeaux Un essai clinique randomisé) JAMA Network Open DOI : 10.1001/jamanetworkopen.2023.44457

 

_______________

 

David Lightsey M.S., conseiller scientifique en alimentation et nutrition auprès de Quackwatch.org, est l'auteur de « The Myths About Nutrition Science » (les mythes de la science de la nutrition).

 

Source : Stanford Medicine Releases Confirmation Bias Study; Media Takes the Bait | American Council on Science and Health (acsh.org)

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H
Vu cet article repris absurdement par les journalistes décérébrés qui est bien résumé ici. <br /> <br /> La variabilité génétique humaine étant forte, les adaptations alimentaires millénaires sont fortes aussi, voir la question de la vitamine B12 chez des populations indiennes végétariennes depuis quelques millénaires.<br /> <br /> Historiquement et archéologiquement parlant pour ce qui est de la France, on sait que les périodes de tension démographique qui imposent une sévère restriction aux régimes carnés sont également celles où les restes osseux des cimetières présentent le plus de traces de carences, les gens, contraints à une alimentation essentiellement végétarienne, sont majoritairement morts jeunes et la taille des os montrent des personnes de petites tailles et en mauvaise santé et avec même parfois des métastases osseuses de cancer (une maladie qui ne commence pas à l'ère industrielle comme certains veulent nous le faire croire).<br /> Après des périodes de catastrophes, comme la peste noire et ses répliques entrainant une diminution drastique des bouches à nourrir, l'état sanitaire des survivants s'améliore, ils grandissent et vivent plus longtemps. Et cela correspond à des périodes de relance de l'élevage et de la consommation carnée. L'historien Fernand Braudel avait écrit sur le XVème siècle qu'il appelait le "siècle carnivore".<br /> <br /> Pour avoir étudié, il y a longtemps maintenant, les effets de la guerre de Trente ans (1620-1650) sur l'Alsace-Lorraine ravagée, entre 50 et 90% de la population disparait en 30 ans selon les zones, et bien la fin de XVIIème siècle et le XVIIIème siècle y sont rayonnants, démographiquement parlant, mortalité, même infantile incroyablement faible, allongement de la durée de la vie. En parallèle cette population dispose en abondance de produits laitiers et carnés, on a des relevés épars qui montrent une explosion des cheptels et on fait même venir des marcaires (fromagers) de Suisse pour transformer tout ce lait ! <br /> Ces années dorées s'achèvent vers la mi ou fin XVIIIème siècle (selon les endroits) lorsque le rattrapage démographique est achevé. Il faut alors attendre la révolution agricole et industrielle pour que reviennent des belles années démographiques.<br /> On a le même phénomène au XVIIème siècle chez les colons du Canada français. Une toute petite population qui vivait avec un régime très fortement carné s'est multipliée d'une manière qui sidère encore aujourd'hui les démographes historiques. <br /> Certes, en cas de faible concentration de population, le risque épidémique est réduit, mais cela n'explique ni la taille plus élevée des individus, ni leur meilleure santé attestée par les restes osseux des cimetières.
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