Mettre en jachère les bonnes terres arables – un problème de prospérité ?
Olaf Zinke, AGRARHEUTE*
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« C'est un problème de prospérité que nous ne soyons pas prêts à aider là où l'aide est nécessaire, c'est-à-dire pour les denrées alimentaires », déclare l'agriculteur Aurel Hagen à la NDR.
L'année dernière, la mise en jachère avait été suspendue. En raison de la crise alimentaire mondiale. Désormais, la crise est terminée. De l'avis des politiques. La règle des 4 % de gel des terres doit à nouveau s'appliquer.
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Mi-août, le commissaire européen à l'Agriculture, Janusz Wojciechowski, avait indiqué que la suspension de la mise en jachère n'avait eu que peu d'impact sur l'année de récolte de cette année.
Les paiements directs des agriculteurs sont liés à certaines conditions. Parmi celles-ci figure la mise en jachère de quatre pour cent des terres arables. L'année dernière, cette mesure européenne avait été suspendue en raison de la guerre en Ukraine. La suspension était motivée par la crainte de difficultés d'approvisionnement en céréales. La condition : les agriculteurs pouvaient cultiver des céréales, du tournesol et des légumineuses sur ces surfaces, mais pas de maïs.
Le ministre fédéral de l'Agriculture, Cem Özdemir (Verts), avait soutenu cette démarche. Mais le ministre de l'Agriculture veut désormais revenir sur cette autorisation. « Entre-temps, les marchés céréaliers se sont à nouveau stabilisés. Les réglementations européennes nécessaires à la protection du climat, de la biodiversité et de l'environnement ne peuvent pas être à nouveau suspendues, car il faudrait pour cela modifier la législation européenne de base », a déclaré le ministre à la BR.
Le ministère fédéral de l'Agriculture écrit au BR : « Celui qui veut encore maintenant réduire la protection du climat et des espèces avec des arguments fallacieux est certainement tout sauf un ami de l'agriculture. »
Le ministre de l'Agriculture Till Backhaus (SPD) du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale avance des arguments similaires à ceux de M. Özdemir. Il déclare à la chaîne de télévision NDR : « Guerre contre nourriture ? »: il ne veut « pas tomber dans cette discussion maintenant ». L'Europe s'est fixé pour objectif d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 au plus tard. L'agriculture en fait également partie, selon M. Backhaus.
Les agriculteurs voient les choses un peu différemment : « C'est un problème de prospérité, que nous ne soyons pas prêts à aider là où l'aide est nécessaire – à savoir pour les denrées alimentaires », déclare l'agriculteur Aurel Hagen à la NDR.
Cet agriculteur a le sentiment que « l'utilité écologique apparente » passe « avant l'alimentation des gens ». Selon lui, les surfaces destinées à être mises en jachère n'auraient besoin d'être utilisées pour la production de blé ou de colza que pendant une période limitée – « mais c'est la politique qui en décide ».
Fin juin, le groupe CDU/CSU avait échoué dans une initiative visant à suspendre durablement l'obligation de mise en jachère de 4 % des terres arables à partir de 2024. Le Bundestag a en effet rejeté la proposition du groupe CDU/CSU. Celle-ci visait à demander au gouvernement fédéral de s'engager à ce que l'obligation de mise en jachère dans le cadre de la conditionnalité ne s'applique pas à l'avenir, comme c'est déjà le cas cette année.
Mi-août, le commissaire européen à l'Agriculture, Janusz Wojciechowski, avait fait savoir que la suspension de la mise en jachère n'avait guère eu d'impact sur l'année de récolte de cette année.
Les agriculteurs de l'UE n'auraient pas augmenté leur surface de culture de céréales par suite de cette suspension. Néanmoins, la production de céréales aurait augmenté de cinq pour cent cette année. Il ne faut donc pas s'attendre à ce que l'UE prolonge la dérogation.
M. Günther Felßner, président de l'Association des Agriculteurs Bavarois, estime que la décision de mettre à nouveau des surfaces en jachère est « anachronique ». Il a déclaré à la BR : « Mettre en jachère ici et importer les produits de quelque part dans le monde avec les empreintes qu'ils auront alors, ce serait très malhonnête et ce ne serait pas non plus durable. »
Avec du matériel de BR, NDR
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* Olaf Zinke travaille pour AGRARHEUTE en tant que rédacteur cross-média pour les opérations et les marchés. Il analyse les marchés agricoles et des produits de base nationaux et internationaux depuis trois décennies et a travaillé à ce titre pour diverses institutions.
Source : Gute Ackerflächen stilllegen – Ein Wohlstandsproblem? | agrarheute.com