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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La classification du CIRC déclenche une alarme inutile sur l'aspartame

15 Septembre 2023 Publié dans #Aspartame, #CIRC

La classification du CIRC déclenche une alarme inutile sur l'aspartame

 

Food Science Babe, AGDAILY*

 

 

Image par BrandonKleinPhoto, Shutterstock

 

 

Un édulcorant artificiel, l'aspartame, a récemment fait parler de lui pour avoir été classé comme cancérogène du groupe 2B par le Centre International de Recherche sur le Cancer, l'agence de recherche sur le cancer de l'Organisation Mondiale de la Santé.

 

Mais qu'est-ce que cela signifie vraiment ? Devez-vous renoncer à votre soda light ?

 

Le CIRC évalue les substances et les classe dans quatre catégories différentes en fonction de la solidité des preuves qu'une substance donnée provoque le cancer chez l'homme. Une chose importante à comprendre à propos de ces classifications est qu'elles sont basées sur le danger plutôt que sur le risque. Le risque tient compte de la dose et de l'exposition, ce qui n'est pas le cas du danger. Le CIRC n'évalue pas le niveau de danger qu'un agent particulier présente en matière de cancer. Il se contente de classer la qualité des preuves de sa cancérogénicité.

 

  • Le groupe 1 signifie qu'il y a suffisamment de preuves chez l'homme qu'un agent provoque le cancer. Parmi les exemples d'agents du groupe 1 figurent le tabagisme, le rayonnement solaire et l'éthanol contenu dans les boissons alcoolisées.

     

  • Les agents du groupe 2A sont définis comme « probablement cancérogènes pour l'homme ». Les preuves de la nature cancérogène des substances de ce groupe chez l'homme sont encore assez limitées, mais il y a des preuves suffisantes chez les animaux de laboratoire. Exemples d'agents du groupe 2A : la viande rouge, l'exposition professionnelle en tant que coiffeur et le travail de nuit.

     

  • Les agents du groupe 2B sont définies comme « peut-être cancérogènes pour l'homme » ; les preuves chez l'homme sont limitées ou insuffisantes, et les preuves chez l'animal limitées ou insuffisantes. Outre l'aspartame, les substances du groupe 2B sont, par exemple, l'extrait de feuille entière d'Aloe vera, les légumes marinés (traditionnellement asiatiques) et les gaz d'échappement des moteurs à essence.

     

  • Les agents du groupe 3 sont définis comme « non classifiables quant à leur cancérogénicité pour l'homme » et comprennent des agents telles que le café et l'éclairage fluorescent.

     

  • Les monographies du CIRC ont été révisées en 2019 et le groupe 4 (« probablement non cancérogène pour l'homme ») a été supprimé**. Cela signifie que le CIRC ne conclura jamais qu'un agent ne présente pas de risque cancérogène – dans le meilleur des cas, quelle que soit la quantité de données contraires à la cancérogénicité.

 

Il convient également de noter que le classement du CIRC ne fait qu'indiquer la solidité des preuves qu'une substance est cancérigène. Les substances d'une même catégorie peuvent varier considérablement en ce qui concerne l'augmentation du risque de cancer.

 

 

 

 

Ce que cela signifie pour l'aspartame

 

Ainsi, bien que le CIRC ait conclu que l'aspartame est « peut-être cancérogène pour l'homme », les preuves sont limitées chez l'homme et ne tiennent pas compte de la dose qu'une personne peut consommer en toute sécurité.

 

L'aspartame est l'un des additifs alimentaires les plus étudiés, ce n'est donc pas que les preuves manquent. Plusieurs grandes études épidémiologiques portant sur des centaines de milliers de personnes n'ont pas établi de lien entre l'aspartame et différents types de cancer. Cette étude de 2012, qui a évalué l'alimentation dans le cadre de l'étude sur la santé des infirmières et de l'étude de suivi des professionnels de la santé, a porté sur plus de 100.000 personnes et n'a trouvé aucune association entre le lymphome non hodgkinien, le myélome ou la leucémie et les boissons gazeuses diététiques. Cette étude de 2014 a également porté sur plus de 100.000 personnes et n'a révélé aucune augmentation du risque d'une série de cancers liée à la consommation quotidienne de boissons gazeuses édulcorées artificiellement ou au sucre.

 

Une étude cas-témoins de 2023 a évalué le lien entre l'utilisation d'aspartame et d'autres édulcorants artificiels et le cancer et n'a trouvé aucune association entre la consommation d'aspartame ou d'autres édulcorants artificiels et le cancer. Une revue systématique récente de plusieurs études toxicologiques et épidémiologiques a résumé les preuves, ne trouvant aucune preuve cohérente de cancérogénicité dans les études épidémiologiques sur l'utilisation d'édulcorants non sucrés.

 

Un seul article a établi une corrélation plutôt faible entre la consommation d'aspartame et le cancer, sans compter que la causalité inverse est également une explication potentielle.

 

 

 

 

Si le CIRC ne tient pas compte de la dose, à qui devrions-nous nous adresser pour connaître la quantité que nous pouvons consommer en toute sécurité ?

 

Il s'agit du Comité Mixte d'Experts des Additifs Alimentaires (JECFA) de l'Organisation Mondiale de la Santé et de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, qui a conclu qu'il n'y avait pas de raison suffisante pour modifier la dose journalière d'aspartame précédemment fixée à 0-40 mg/kg de poids corporel. Par exemple, un adulte pesant 70 kg devrait consommer plus de 9 à 14 canettes par jour d'une boisson gazeuse diététique contenant 200 ou 300 mg d'aspartame par canette pour dépasser la dose journalière admissible, en supposant qu'il n'y ait pas d'autre apport provenant d'autres sources alimentaires.

 

Le CIRC et le JECFA ont tous deux procédé à des examens indépendants pour évaluer les dangers et les risques éventuels pour la santé liés à la consommation d'aspartame. C'est la première fois que le CIRC évalue l'aspartame et la troisième fois pour le JECFA.

 

« Le Comité mixte a également examiné les éléments de preuve concernant le risque de cancer, dans le cadre d’études menées chez l’animal et chez l’homme, et a conclu que les données faisant état d’une association entre la consommation d’aspartame et le cancer chez l’homme ne sont pas convaincantes », a déclaré le Dr Moez Sanaa, chef de l'Unité Normes et Avis Scientifiques sur l'Alimentation et la Nutrition de l'OMS.

 

Il est vraiment regrettable que la classification du CIRC ait déclenché une alarme inutile au sujet de l'aspartame et que ses conclusions aient été publiées avant que le JECFA n'ait pu intervenir et réaffirmer son innocuité.

 

En conclusion, ne prêtez pas attention aux titres trompeurs, et si vous appréciez les boissons sucrées à l'aspartame, la récente classification du CIRC ne devrait pas vous inquiéter.

 

______________

 

Food Science Babe est le pseudonyme d'une agvocate et d'une auteure qui s'intéresse spécifiquement à la science qui se cache derrière notre alimentation. Elle est diplômée en génie chimique et travaille dans l'industrie alimentaire depuis plus de dix ans, tant dans le secteur conventionnel que dans le secteur naturel/biologique.

 

** Cette affirmation est peut-être inexacte. En 52 ans, le CIRC n'a classé qu'une seule substance, le caprolactame, dans le groupe 4. La substance a été déplacée dans le groupe 3 en 2019. Le groupe 4 est donc... vide. Et, si jamais il existe encore, il le sera longtemps : le CIRC ne s'intéresse qu'à des agents susceptibles d'être cancérogènes et applique une clé de décision qui rend un classement en groupe 4 quasiment impossible.

 

Source : IARC classification sparks unnecessary alarm over aspartame | AGDAILY

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