Association entre l'exposition au glyphosate et les fonctions cognitives, la dépression et les maladies neurologiques : encore une étude bidonnante
(Source)
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Voici donc « Association between glyphosate exposure and cognitive function, depression, and neurological diseases in a representative sample of US adults: NHANES 2013–2014 analysis » (association entre l'exposition au glyphosate et les fonctions cognitives, la dépression et les maladies neurologiques dans un échantillon représentatif d'adultes américains : analyse NHANES 2013-2014) d'une équipe taïwanaise, Ching Chung Hsiao, An-Ming Yang, ChiKang Wang et Chien-Yu Lin.
Le résumé est découpé pour faciliter la lecture.
« Le glyphosate, l'herbicide le plus utilisé au monde, a été associé à des troubles neurologiques dans certaines études en milieu professionnel. Cependant, les effets neurotoxiques potentiels de l'exposition au glyphosate dans la population générale ne sont pas encore totalement compris.
Nous avons analysé les données existantes recueillies auprès de 1.532 adultes dans le cadre de l'enquête nationale sur la santé et la nutrition (NHANES – National Health and Nutrition Examination Survey) de 2013-2014 afin d'explorer la relation possible entre l'exposition au glyphosate et les fonctions cognitives, les symptômes dépressifs, l'invalidité et les troubles médicaux neurologiques.
Nos résultats ont montré une association négative significative entre les niveaux de glyphosate urinaire et les scores de rappel et de rappel différé de l'essai 3 du Consortium to Establish a Registry for Alzheimer's Disease Word List Memory Test (CERAD-WLT) dans les deux modèles, avec des coefficients ß de -0,288 (S.E. = 0,111, P = 0,021) et -0,426 (S.E. = 0,148, P = 0,011), respectivement.
En outre, le rapport de cotes [odds ratio] n'a pas montré d'augmentation significative de la gravité des symptômes dépressifs avec une augmentation d'une unité des niveaux de ln-glyphosate. Toutefois, le rapport de cotes pour les symptômes dépressifs graves était significativement plus élevé que pour l'absence de symptômes (rapport de cotes = 4,148 (IC à 95 % = 1,009-17,133), P = 0,049). Notamment, le rapport de cotes a montré une augmentation significative pour les personnes souffrant de graves difficultés auditives (rapport de cotes = 1,354 (IC à 95 % = 1,018-1,800), P = 0,039) avec une augmentation d'une unité des niveaux de ln-glyphosate, mais pas pour d'autres conditions médicales neurologiques.
En conclusion, nos résultats fournissent la première preuve que l'exposition au glyphosate peut être associée à des problèmes de santé neurologiques dans la population adulte américaine. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les mécanismes potentiels et la signification clinique de ces corrélations. »
Ce résumé graphique suggère que le glyphosate augmente les troubles sévères de l'audition !
Je ne dispose pas de l'étude complète, mais le résumé et les quelques extraits du texte sont suffisants.
On a donc établi des corrélations à partir d'une population de 1.532 personnes d'un âge moyen de 48,15 ans dont on a obtenu – vraisemblablement – une seule analyse d'urine avec un dosage du glyphosate et des réponses à des questionnaires sur l'état neurologique. Mais peut-être leur a-t-on fait passer des tests de mémorisation...
Quoi qu'il en soit sur ce point, il est évident qu'une étude portant sur une population aussi limitée n'a aucune valeur clinique (statistique, peut-être, et encore... avec des résultats à trois décimales...).
Manifestement, on a pris des points de référence pour le glyphosate au cours de deux années (2013-2014)... pour les corréler avec des conditions neurologiques qui sont certainement longues à s'établir.
Et on a établi des corrélations en l'absence d'indications – ou du moins d'indications claires – sur les mécanismes qui pourraient être en jeu.
Et que dire du lien avec les difficultés d'audition !
Bref, c'est bidonnant.
C'est publié dans « Environmental Research ».
Et – by the way – le « handling editor » est M. José L. Domingo. Cela ne vous rappelle sans doute rien, mais c'est le personnage qui a joué un rôle de premier plan dans la publication d'une infameuse étude sur les rats par Food and Chemical Toxicology en septembre 2012, étude rétractée en février 2014. L'auteur principal de l'étude avait argué à l'époque qu'il était d'usage pour un auteur de soumettre son manuscrit à un éditeur associé de son continent...