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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Ne pas avoir peur de l'édition du génome

31 Août 2023 Publié dans #NGT

Ne pas avoir peur de l'édition du génome

 

Simon Michel-Berger, rédacteur en chef d'AGRARHEUTE*

 

 

© imago images/Countrypixel

Céréales d'hiver fraîchement levées : la sélection de variétés de plantes adaptées au climat est coûteuse et complexe. Les nouvelles méthodes d'édition du génome promettent de grands progrès. Mais pour qu'elles soient utilisées avec succès, il faut aborder ouvertement les craintes suscitées par les nouvelles variétés.

 

 

La Commission Européenne propose une nouvelle législation sur le génie génétique. Les obtentions à l'aide de l'édition du génome seraient traitées comme celles d'origine conventionnelle [ma note : pas tout à fait]. Le gouvernement allemand s'abstiendra probablement dans le débat – et rejettera ainsi de facto une technologie d'avenir. Un commentaire.

 

 

Vous souvenez-vous de mars 2020 ? À l'époque, l'Organisation Mondiale de la Santé avait déclaré l'état d'urgence sanitaire. La Covid-19 a poussé les gens à rentrer chez eux et presque tout le monde s'est demandé quand la vie redeviendrait « normale ». Trois ans et environ 20 millions de morts plus tard, l'état d'urgence était terminé. Il aurait facilement pu y avoir deux fois plus de morts. La raison pour laquelle la situation n'a pas empiré : des vaccins très efficaces contre la maladie ont été développés en un temps record. Pourquoi cela a-t-il été si rapide ? L'édition du génome.

 

 

Qu'est-ce que l'édition du génome ?

 

Le nouveau génie génétique permet d'effectuer des modifications ciblées du génome. Cela ne modifie pas le patrimoine génétique de l'être humain, mais, dans le cas du vaccin, donne des instructions au système immunitaire pour qu'il produise des anticorps. Il s'agit d'une percée en médecine comparable, par sa portée, à la découverte des antibiotiques.

 

 

Qui a peur des ciseaux génétiques ?

 

© Sven Stolzenwald

Un commentaire de Simon Michel-Berger, rédacteur en chef d'AGRARHEUTE.

 

 

Pourtant, nombreux sont ceux qui ont peur des ciseaux génétiques. Moins en médecine humaine – en Allemagne, près de 200 millions de doses de vaccin ont été inoculées depuis le début de la pandémie – que dans les champs. Après que la Commission Européenne a présenté sa proposition de modernisation de la législation sur le génie génétique, la ministre fédérale de l'Environnement, Steffi Lemke (Verts), a mis en garde contre le fait que « de grandes quantités de plantes génétiquement modifiées seront introduites dans les champs sans examen préalable des risques [...] ». La collègue de parti de Mme Lemke, Theresia Bauer, ministre des Sciences du Bade-Wurtemberg jusqu'en septembre 2022, avait en revanche déclaré il y a quelques années : « Pour des raisons écologiques, nous avons besoin d'urgence et surtout rapidement d'alternatives aux insecticides, mais la sélection conventionnelle est très lente. Nous avons besoin de plus de recherche avec de nouvelles méthodes prometteuses. »

 

 

Les Verts continuent de se disputer sur l'édition du génome

 

La querelle sur le génie génétique au sein des Verts n'est pas encore réglée. Si le ministre fédéral de l'Agriculture, Cem Özdemir, ne répond ni oui ni non à la question de savoir s'il est pour ou contre l'édition du génome dans l'agriculture, l'explication réside dans cette querelle interne au parti. Cette querelle – qui a été balayée sous le tapis politique lors du congrès fédéral des Verts en 2020 avec un salomonien « tout le monde a un peu raison » – est la raison pour laquelle l'Allemagne ne prendra pas de position active sur les nouvelles techniques génétiques au niveau de l'UE – au détriment de l'agriculture.

 

 

Où se situent les problèmes pratiques de l'édition du génome ?

 

L'édition du génome pose des questions non résolues, au-delà de l'idéologie, qui devraient être clarifiées :

 

  • Qu'en est-il des brevets qui, d'une part, sont nécessaires pour que les entreprises investissent dans le développement de nouvelles propriétés végétales et qui, d'autre part, font peur aux agriculteurs ? Quelle forme exacte pourrait prendre un étiquetage pour les consommateurs ?

     

  • La coexistence de plantes conventionnelles et de plantes obtenues par édition du génome est-elle possible si l'on ne peut plus les différencier sur le plan fonctionnel ?

     

  • Comment éviter que les agriculteurs biologiques ne supportent les coûts d'éventuelles contaminations ? Peut-on éviter que les agriculteurs qui n'utilisent pas l'édition du génome soient les laissés pour compte du progrès ?

 

La sélection végétale est une question particulièrement urgente, surtout pour l'agriculture biologique. Si les exploitations biologiques ne peuvent pas cultiver de plantes obtenues par édition du génome, comme le propose la Commission Européenne, mais que la rentabilité réside précisément dans ces variétés, les progrès de la sélection peuvent être perdus dans le secteur biologique.

 

 

Comment la sélection « biologique » peut être perdue

 

La sélection de nouvelles variétés de protéagineux comme le lupin est de toute façon modeste en Allemagne. La demande du marché est trop faible. Si la sélection conventionnelle implique à l'avenir l'utilisation de l'édition du génome, la sélection « biologique » tombera encore plus bas. Dépenser des millions d'euros en recherche pour chaque niche n'a pas de sens. L'État ne peut pas compenser cela par des subventions, la sélection conventionnelle est trop longue et trop coûteuse.

 

 

Il faut davantage de compromis

 

Ce problème et les autres évoqués ne peuvent être résolus que si l'on adopte l'édition du génome et que l'on cherche des compromis dans le secteur. Diaboliser les nouvelles techniques de sélection signifie seulement qu'elles partent à l'étranger et que l'Allemagne est déconnectée du progrès. C'est pourquoi il faut aujourd'hui dire « oui » à l'édition du génome. Non pas parce que l'on veut aider les multinationales à gagner de l'argent, mais parce que nous pouvons tous en profiter.

 

 

Là où le gouvernement fédéral dort

 

Le gouvernement fédéral n'osera pas se lancer dans la recherche active de compromis. La situation concernant l'édition du génome est encore trop difficile pour les Verts. En outre, des cultures plus écologiques et plus rentables ne permettent guère de gagner des voix. Mais en repoussant les peurs ressenties, oui. Il n'est pas certain que la proposition de la Commission obtienne une majorité. Si elle échoue vraiment, nous devrions nous rappeler dans quelques années, lorsque les traitements ARNm contre le cancer seront disponibles, que des progrès comparables auraient été possibles dans l'agriculture.

 

_______________

 

* Source : Keine Angst vor Genome Editing | agrarheute.com

 

Ma note : Cette analyse est intéressante et opportune... sauf pour les questions de brevets, etc. qui relèvent des épouvantails agités par les opposants aux technologies génétiques.

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